Morgan Stanley fait un aller-retour éclair dans le capital de Frontline

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Dans une période troublée pour le transport maritime de pétrole et alors que la compagnie norvégienne Frontline est appelée à fusionner avec son homologue belge, la banque américaine d’investissement Morgan Stanley revend ses titres quelques jours à peine après les avoir acquis. Goldman Sachs est également entré en septembre au capital de la société du magnat John Fredriksen.
Période sous tension pour le pétrole 

Ces mouvements interviennent alors que les sanctions européennes frappant les importations maritimes de pétrole sont entrées en vigueur le 5 décembre et tandis que les 27 pays de l'Union européenne, le G7 et l'Australie viennent de fixer un plafond au prix du brut russe transporté par voie maritime. Avec ce mécanisme, les transporteurs maritimes et les compagnies d'assurance et de réassurance ne pourront prendre en charge les cargaisons que si son prix n'excède pas 60 $ par baril. Ce qui n’est pas sans risque de déstabilisation du marché. 

Pour le troisième trimestre, la compagnie norvégienne, qui vient de publier ses résultats, a sans doute enregistré son meilleur exercice après des années de faibles performances. L’entreprise a dégagé un bénéfice net de 154,4 M$ pour la période entre juillet et septembre contre une perte de plus de 33,2 M$ l'année précédente. Les revenus du trimestre ont fortement augmenté, dépassant les 382 M$.

Plus rentable que ses concurrents

Dans la continuité du second trimestre, les TCE sur le marché spot (Time charter equivalent, revenus quotidiens des navires une fois toutes les dépenses d'exploitation, les remboursements des prêts, les intérêts sur les prêts, la location et les frais généraux couvertes) se sont consolidés pour toutes les catégories de navires. Les taux moyens pour les VLCC, les suezmax et les LR2/aframax se sont établis à 25 000 $, 41 100 $ et 40 200 $ par jour, respectivement. Pour le quatrième trimestre, 75 % de la flotte de VLCC a été affrétée à 77 200 $, 76 % des suezmax à 65 400 $ et 70 % des LR2/aframax contractés à 58 000 $.

« Nous avons fait mieux que nos concurrents en termes de bénéfices et de coûts d’exploitation. Avec presque tous nos navires exposés au spot, Frontline continuera à générer de la valeur », indique dans le communiqué Lars H. Barstad, le PDG de Frontline, dont la flotte est majoritairement exposée au spot.

Extrait du rapport financier du troisième trimestre de Frontline

La direction estime en outre avoir l'une des structures de coûts les plus faibles du secteur. Pour le dirigeant, indépendamment de la volatilité à court terme de la demande, l'offre restera limitée avec une flotte mondiale vieillissante et un carnet de commandes historiquement bas (depuis 25 ans). « Ce sont les bases pour un cycle haussier prolongé », affirme-t-il.

Pour la plupart des opérateurs du secteur, la demande de transport de brut sera confortée par l’embargo européen car il « déplacera environ un million de barils par jour de brut maritime de la Russie vers l’Asie. L'Union européenne compensera avec des barils en provenance du Moyen-Orient et de l'Atlantique. Ces mouvements devraient se traduire par un allongement des distances », avait indiqué Hugo de Stoop, le PDG d’Euronav, avec laquelle Frontline est appelée à fusionner.

Incitation à l’offre d’échanges

La compagnie norvégienne a annoncé qu'elle reporterait son dividende à 2023, précisant qu'elle avait l'intention de déclarer et de payer le dividende en espèces relatif au troisième trimestre de 2022 uniquement « après la réalisation de l'offre d'échange volontaire envisagée par Frontline pour les actions Euronav ». Il devrait représenter 80 % du revenu net ajusté du troisième trimestre, soit 82,8 M$. Les actionnaires, à l’issue de l'offre d'échange, devraient donc recevoir plus de 66 M$.

L’opération de fusion entre Euronav et Frontline prévoit sur le plan capitalistique un échange d’actions si bien que le capital de la nouvelle société sera aux mains des actionnaires d'Euronav à hauteur de 55 % tandis que ceux de Fontline en contrôleront 45 %.

La fusion a été décalée à 2023, pour des raisons de procédure, avait invoqué le PDG d’Euronav. « C’est une opération complexe qui requiert un certain nombre d'approbations réglementaires de la part de diverses autorités. Frontline doit transférer son siège des Bermudes à Chypre, un État membre de l'Union européenne, avant le lancement de l'offre publique d'achat. Ce transfert de domicile nécessite l'approbation des actionnaires de Frontline et des dépôts réglementaires aux Bermudes et à Chypre », expliquait Hugo De Stoop, à l’occasion de la publication de ses résultats au troisième trimestre, également de meilleure tenue mais sans égaler la performance de son ex-rival.

L’armateur belge de tankers a déclaré un résultat d’exploitation de 23,44 M$ contre une perte de 105,61 M$ il y a un an à la même période et un résultat net de 16,4 M$ contre un déficit de 105,9 M$. Le chiffre d’affaires s’est établi à 223,53 M$ versus 94,21 M$ au troisième trimestre 2021.  

Naissance d’un géant

Le projet de fusion, approuvé lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav du 19 mai et scellé par un accord définitif en juilletdoit donner naissance à un titan dans le transport maritime de pétrole, avec une flotte de 146 navires-citernes pour un bataillon mondial estimé à un peu plus de 2 500.

Depuis l’annonce, les deux principaux actionnaires d’Euronav, l’homme d’affaires John Fredriksen et la Compagnie maritime belge (CMB), détenue par la famille anversoise d’armateurs Saverys, se livrent à une époustouflante course à l’actionnariat. Entré au capital d’Euronav en octobre 2021 à hauteur de 9,8 %, le magnat du transport maritime était détenteur de 18,8 % des titres à l’issue de ses dernières opérations. La CMB a acquis en octobre de nouvelles actions qui lui confèrent 21,6 % du capital.

Une flotte rajeunie

La nouvelle entité issue de la fusion portera le nom de Frontline et sera basée à Chypre. Elle devrait aussi être à la tête d’une flotte renouvelée dans un secteur touché par l’âge. 

Euronav et Frontline font en effet partie des compagnies les plus actives dans le renouvellement de leur flotte. Le transporteur belge s’affaire à vendre ses vieilles unités tandis qu’il a conclu un accord avec Daehan Shipbuilding pour deux nouveaux suezmax Eco avec scrubbers, sisterships des Cedar et Cypress, construits dans le même chantier et dont la livraison est attendue pour le troisième trimestre de 2024. Euronav a actuellement huit navires (trois VLCC et cinq suezmax) en construction pour un investissement global de 474 M$.

Frontline a récemment pris livraison de deux nouveaux VLCC de 300 000 tpl construits par Hyundai Heavy Industries, les Front Tana et Front Gaula, alors qu’elle avait réceptionné deux navires similaires en début d’année. Deux autres grands transporteurs de brut doivent être livrés dans le cadre de cette même commande d’ii au début de 2023.

Adeline Descamps

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