L’échec de la famille Saverys, principal actionnaire de l’exploitant belge de pétroliers Euronav, à faire capoter lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav le 19 mai le projet de fusion avec Frontline n’a pas calmé Alexandre Saverys, qui préside la Compagnie maritime belge (CMB), et John Fredriksen, actionnaire entre autres de Frontline et d’Euronav, dans leur volonté d’être maîtres à bord. Et ainsi d’imposer la vision (diamétralement opposée) qu’ils portent chacun pour l’avenir d’Euronav.
Alors que les deux géants du transport maritime pétrolier Frontline et Euronav, dont le projet a été validé par leur conseil d’administration, ont scellé définitivement leur rapprochement il y a quelques jours, par lequel la nouvelle entité née de la fusion sera nommée Frontline et sera basée à Chypre.
L’opération de fusion, telle qu’elle a initialement été esquissée, prévoit un échange d’actions pour tous les titres en circulation d'Euronav à un ratio d'échange de 1,45 action Frontline pour 1 action Euronav. En supposant que toutes les titres de l'armateur belge soient apportés à l’OPA, le capital de la nouvelle société sera aux mains des actionnaires d'Euronav à hauteur de 55 % tandis que ceux de Fontline en contrôleront 45 %.
18,8 % versus 20,28 %
Pour autant, les deux principaux actionnaires continuent de se livrer au rachat massif de titres d’Euronav. En juin, en quinze jours, l’homme d’affaires, qui tente de forcer la fusion par sa stratégie d'acquisition, a opéré en deux temps une main basse sur de nouvelles actions en circulation via Frontline. À l’issue de sa dernière opération, le magnat du transport maritime détenait 18,8 % du capital de l’armateur belge.
Entre le 6 et le 13 juillet, les Saverys ont acheté, via la CMB, 1,37 million d'actions supplémentaires, augmentant leur participation à 20,28 %.
Dans un communiqué, la CMB justifie sa position contre la fusion, mentionnant notamment le manque d’informations sur une estimation de la valeur qui serait créée par la fusion de deux des plus grands armateurs mondiaux de pétroliers (elle ne peut donc pas se prononcer sur le rapport d'échange de 1,45) et persiste à dire que l’avenir d’Euronav est ailleurs, dans des projets en lien avec la décarbonation.
A.D.