Euronav : échec de la famille Saverys pour empêcher la fusion avec Frontline

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La famille Saverys, qui contrôle la Compagnie maritime belge (CMB), a échoué lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav le 19 mai à imposer ses trois candidats au sein du conseil de surveillance. En se rangeant derrière les profils présentés par la direction générale, les actionnaires ont manifesté leur soutien au projet de fusion entre les deux géants du transport de pétrole, Euronav et Frontline, dont le magnat John Fredriksen est actionnaire.

Fin d’une saison à rebondissement qui dure depuis début avril, date de l'annonce du projet de fusion entre deux des plus grandes sociétés de transport maritime de brut, la norvégienne Frontline et la belge Euronav. Depuis, cette dernière est le théâtre d’une lutte d’influence au sein de son capital entre deux des principaux actionnaires, l’homme d’affaires norvégien John Fredriksen et la famille Saverys, qui se sont livrés l’un et l’autre à une surenchère d’achats d’actions. Ainsi, John Fredriksen, entré pour la première fois en octobre dernier à hauteur de 9,8 % du capital d’Euronav via Famatown Finance, le véhicule financier qui administre ses participations, est parvenu à détenir 12,01 %, au dernier mouvement enregistré. 

Alexander Saverys, qui avait réduit sa participation en dessous des 5 % à la suite d’une série de transactions réalisées entre janvier 2016 et mars 2020, est remonté ces dernières semaines jusqu’à 18,5 % grâce à ses 37,28 millions d’actions avec droit de vote.

Dans la perspective de la tenue de l’AG le 19 mai, le PDG de la CMB avait proposé trois autres candidats. Parmi eux, Bjarte Boe, ancien directeur de sociétés telles que Seadrill, Hermitage Offshore et Agera Venture, Ludovic Saverys, directeur financier de CMB et directeur général de Saverco et Patrick De Brabandere, directeur chez CMB et membre du conseil d'administration de CMB Tech. 

La direction d’Euronav avait alors fait savoir qu’elle s’opposait à cette proposition qui n’avait pour seule visée, selon elle, de mettre en échec le projet de fusion, rappelant que trois candidats étaient déjà fléchés pour le renouvellement de leur mandat, y compris le président. 

Les candidats de la CMB écartés

Les candidats présentés par la CMB ont été écartés à une large majorité (30 % des voix) au profit des personnalités soutenues par la direction générale d’Euronav : Grace Skaugen et Anne-Hélène Monsellato ont été renouvelées en tant qu'administratrices indépendantes pour une durée de deux ans tandis que Steven Smith (membre du conseil d'administration de 2018 à 2019) fait son entrée. Grace Skaugen a en outre été élue à la présidence du conseil de surveillance succédant à Carl E. Steen qui, après avoir accompli deux mandats, ne souhaitait pas se représenter. 

« Les résultats de l'élection du conseil de surveillance ainsi que sa composition constituent un signal clair d'une majorité d'actionnaires favorables à la stratégie d'Euronav, y compris la fusion proposée avec Frontline », indique le communiqué de l’entreprise. Alexander Saverys, PDG de la CMB, n’a pour l’heure pas réagi.

Conflit de projets stratégiques

Alexander Saverys propose en effet un plan alternatif à la fusion des deux titans, qui consisterait à rapprocher Euronav de CMB Tech, une des filiales de la CMB, pour positionner l’ensemble dans le transport d’énergies vertes.

L’opération de fusion, telle qu’elle a été esquissée entre Euronav et Frontline, consiste en un échange d’actions de sorte que les actionnaires d'Euronav et de Frontline détiendront respectivement 59 et 41 % de l’ensemble consolidé. L’ensemble gardera le nom de Frontline tandis que Hugo de Stoop, actuel directeur général d’Euronav, en sera le patron.  

Les deux armateurs de pétroliers, cotés en bourse, représentent ensemble une capitalisation boursière de plus de 4,2 Md$. La transaction donnerait naissance à un titan sur le marché des pétroliers en termes de capacités, avec une flotte de 146 navires-citernes. Les deux opérateurs pourraient ainsi contrôler 10 % de la capacité de la flotte mondiale des VLCC et des suezmax, selon les analystes. 

Adeline Descamps

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