C’est une véritable course contre la montre qui se joue entre deux des principaux actionnaires de l’armateur belge de pétroliers Euronav à l’approche de l’assemblée générale annuelle le 19 mai. Depuis l’annonce du projet de fusion entre deux des plus grandes sociétés de transport maritime de brut, la norvégienne Frontline et la belge Euronav, deux actionnaires de cette dernière, qui ne partagent pas le même projet d’entreprise, achètent des actions en masse pour gagner en influence.
Dans ce duel pour la prise de contrôle, le magnat norvégien et chypriote John Fredriksen et le belge Alexander Saverys, à la tête de CMB (Compagnie maritime belge à l’origine de la création d’Euronav) s’affrontent.
Bataille d'actionnaires chez Euronav
17,48 % versus 12,01 %
Ainsi, la famille Saverys, qui avait réduit sa participation a minima au sein d’Euronav après une série de transactions réalisées entre janvier 2016 et mars 2020, est revenue en force depuis l’entrée dans le capital d’Euronav de John Fredriksen à hauteur de 9,8 % du capital d’Euronav via Famatown Finance, le véhicule financier qui administre les participations pour le compte de l’homme d’affaires norvégien.
Elle a racheté entre avril et aujourd’hui des centaines de milliers d’actions si bien qu’elle vient de porter sa part à 17,48 % alors qu’elle contrôlait encore il y a quelques jours 16,47 % du capital.
Un document boursier déposé à la SEC le 28 avril indiquait que Famatown Finance avait porté sa participation à 10,92 %. Le bras armé de John Fredriksen, qui est par ailleurs en train de s’emparer d’International Seaways, deuxième armateur de pétroliers aux États-Unis, vient de l’actualiser à 12,01 %.
En fusionnant, Euronav et Frontline créent un titan dans le transport de pétrol
Choc de deux visions de l’avenir d’Euronav
Si la fusion est approuvée par le conseil d’administration, l'entité s'appellera Frontline, sera dirigée par le PDG d'Euronav, Hugo De Stoop, et sera basée à Anvers. Les actionnaires d'Euronav et de Frontline détiendront respectivement 59 et 41 %.
Une fois le cap des étapes réglementaires passé, la fusion entre les deux acteurs donnera naissance à un mastodonte sur le marché des pétroliers en termes de capacités, avec une flotte totale de 69 très gros transporteurs de brut, 57 suezmax et 20 LR2/aframax. Soit un total de 146 navires-citernes. Les deux opérateurs pourraient contrôler 10 % de la capacité mondiale des VLCC et des suezmax et 4,4 % des LR2.
Le PDG de la CMB porte pour le devenir d’Euronav un tout autre projet orienté vers le transport d’énergies vertes, qui est en franche rupture avec ce qui va être proposé aux actionnaires le 19 mai prochain.
Adeline Descamps