Alors que le conteneur est de retour dans les ports de la rangée nord-européenne, à Anvers (en hausse de 8,1 %) et de façon encore plus prononcée au Havre (+ 18,7 %), le premier port allemand n’aura pas vraiment pas raccroché les wagons à l’issue de l’année. Le segment, qui représente plus des deux tiers de ses tonnages, est resté stable tout au long de l’année. Sa meilleure performance annuelle aura finalement été enregistrée au premier trimestre (+ 1,1 %), ce qui augurait d’une reprise après un second semestre 2023 stabilisé (le premier avait été particulièrement rude, en retrait de 11,7 %). À fin septembre 2024, il avait manutentionné 5,8 MEVP, en perte de vitesse de 0,4 % sur une base annuelle après un premier semestre en légère hausse de 0,5 %. Finalement, avec 7,8 MEVP, les volumes restent dans un territoire positif mais sans observer une croissance notable (+ 0,9 % par rapport à 2023). Hambourg ne fait pas partie des ports ayant bénéficié de l’effet « hub de transbordement » dans le cadre du détournement de la flotte mondiale vers le cap de Bonne-Espérance.
« La tendance positive du trafic de conteneurs avec les États-Unis s'est poursuivie en 2024, tandis que le volume de conteneurs avec la Chine s'est redressé », indique cependant Axel Mattern, membre du conseil d'administration de Port of Hamburg Marketing (HHM). Maigre consolation, les conteneurs chargés, qui ont représenté 87 % des volumes, ont augmenté de 1,2 %. « La part importante des conteneurs chargés indique que les chargeurs considèrent le port comme un partenaire fiable et un maillon fort de la chaîne logistique mondiale », interprète le porte-voix de l’autorité portuaire.
Le port de l’estuaire de l’Elbe, dont le premier client est la Chine, paie chèrement les difficultés de la seconde puissance économie mondiale, qui fonctionne à bas régime depuis la réouverture post-Covid. « Le commerce avec la Chine a augmenté de 0,7 % pour atteindre 2,2 MEVP l'année dernière ». Le géant asiatique continue toutefois de devancer les États-Unis bien que les échanges avec l’outre-Atlantique sont bien mieux orientés (+ 5 %) totalisant 685 000 EVP. L'Inde, qui figure parmi les économies les plus dynamiques au niveau mondial, émerge aussi à Hambourg, avec 195 000 EVP (+ 2,1 %). À noter le bond de plus de 12 % (140 000 EVP) avec le Sri-Lanka, plateforme de transbordement du sous-continent indien.
Moins de mégamax mais plus de volumes
Le nombre croissant d’escales de porte-conteneurs de grande taille à Hambourg – 272 mégamax de plus de 18 000 EVP en 2023, soit 15 % de plus qu’en 2022 – a marqué le pas l’an dernier (+ 0,3 % par rapport à l'année précédente). Reflet des effets de la situation sécuritaire en mer Rouge. « L'allongement des temps de transit entraîne des changements d'itinéraires et des détournements de navires. En conséquence, moins de navires de grande taille, qui sont principalement utilisés pour le transport sur cette route, ont fait escale à Hambourg ». En revanche, les volumes traités par escale ont augmenté de plus de 20 %.
Loger dans ses murs un grand armateur n’est pas une garantie. Mais Hambourg est bien logé par la nouvelle alliance Gemini. Ses deux membres, Maersk et le fleuron national Hapag-Lloyd, y ont fléché deux de leurs futures rotations alors que port allemand est actuellement concerné par une seule grande ligne de l’ancienne 2M (Maersk et MSC) et trois de l’ex-THE Alliance, qui devenue Premier, maintiendra son réseau. À noter que MSC conserve ses deux grandes boucles. Son voisin, Bremerhaven, ne perd qu'une rotation (soit quatre au total) mais il était jusqu'à présent l'un des plus considérés par le partenariat entre Maersk et MSC avec cinq lignes. MSC en maintient deux. Il bénéficiera de la même couverture (en nombre de services) par les porte-conteneurs de Maersk et d'Hapag-Lloyd. En février, les compagnies maritimes CMA CGM et ONE ont par ailleurs lancé un service vers l'Amérique du Nord et du Sud.
111,8 Mt manutentionnés
Sur un volume global de 111,8 Mt (- 2,1 % de moins que l'année précédente), 78,7 Mt sont constitués de marchandises diverses, dont la majorité (77,5 Mt) était en conteneurs. À relever, la hausse de 8,7 % du conventionnel mais pour atteindre un trafic très marginal de 1,3 Mt.
« Il n’y a pas de segment plus révélateur de la transition énergétique en cours que le vrac », poursuit Axel Mattern. Le segment totalise 33,1 Mt, en chute de 8,6 % par rapport à l'année précédente. Les imports de charbon (3,8 Mt de charbon) ont été de 2,1 % inférieurs à ceux de 2023. Avec 5,7 Mt, les flux des produits pétroliers ont dévissé de 21,7 % (avec toutefois un effet de base par rapport à une année 2023 particulièrement forte). « La baisse de la demande est due à une performance économique plus faible et à des températures douces », ajoute le dirigeant. Outre-Rhin, la production industrielle a enregistré un repli de 4,5 % en 2024.
Champion européen du report modal par le rail
Avec un trafic hinterland totalisant 5,2 MEVP, le port de l’Elbe fait figure de champion européen. L’année 2024 a consolidé sa carte maîtresse : la place du rail dans ses transports terrestres de conteneurs. En 2024, les pré- et post-acheminements de conteneurs maritimes par le fer ont atteint 2,6 MEVP (46,2 Mt), encore en hausse de 2,5 %, soit une part modale de 50,2 %.
« La situation mondiale devrait rester très instable dans un avenir proche en raison du grand nombre de crises internationales. Dans le même temps, le gouvernement allemand a prévu une croissance de seulement 0,3 % pour l'économie allemande. Cela continuera d'influencer nos trafics portuaires », conclue Axel Mattern. En guise d'avertissement.
Adeline Descamps
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