Euronav/Frontline : place à l'affrontement juridique

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Euronav, éconduit par Frontline dans une opération qui aurait dû les amener à fusionner, conteste la décision unilatérale de rupture de l’armateur norvégien et n’exclue pas le recours juridique. La Compagnie maritime belge (CMB), principal actionnaire d’Euronav, formellement opposé au projet, sollicite pour sa part la tenue d’un conseil d’administration portant sur « la stratégie future de l'entreprise ».

Les acteurs du marché croyaient en avoir fini avec l’interminable saga autour de l’opération de fusion entre Euronav et Frontline. L’année 2022 avait été rythmée par une bataille rangée entre actionnaires pour gagner de l’influence et, selon les parties prenantes, favoriser ou contrer la transaction. L’année 2023 pourrait laisser place à la judiciarisation de l’affaire et virer à l’affrontement par avocats interposés.

Ces derniers jours, Frontline, l’armateur de tankers norvégien, contrôlé majoritairement par John Fredriksen, qui est aussi actionnaire d’Euronav depuis octobre 2021 et d’International Seaways, a annoncé son renoncement à ne faire qu’un avec son homologue belge Euronav pour donner naissance à un acteur dominant dans le transport maritime de pétrole, et au plus grand groupe pétrolier coté en bourse au monde avec une valorisation de 4,2 Md$.

L’armateur belge éconduit, qui avait pris acte le 10 janvier de la décision unilatérale de rupture de l’autre partie et se « réservait tous les droits et actions à cet égard », a répliqué le 11 janvier en évoquant un possible recours juridique.

« Après un examen approfondi avec [nos] conseillers juridiques et financiers, [nous] considérons que l'action unilatérale de Frontline visant à résilier l'accord de fusion ne s’appuie sur aucun fondement correspondant aux termes de l’accord tel que signé par les sociétés le 10 juillet 2022. Frontline n'a pas fourni de raison satisfaisante pour sa décision de poursuivre la résiliation. Nous avons respecté ses obligations en vertu de l'accord de rapprochement et avons fait tout ce qui était en [notre] pouvoir pour que cette transaction soit un succès », indique le communiqué dans lequel il est néanmoins précisé que le dialogue n’est pas rompu.

« Le conseil de surveillance et le directoire sont en train d'analyser les options de la société et prendront les mesures appropriées pour protéger et préserver les droits et intérêts d'Euronav et de ses parties prenantes, y compris, mais sans s'y limiter, un litige et/ou un arbitrage potentiel ».

Lutte d’influence

Frontline avait, pour sa part, laissé entendre que la querelle entre actionnaires avait fini par nuire en projet en effrayant les investisseurs. Alexandre Saverys, le président de la Compagnie maritime belge (CMB), à l’origine de la création d’Euronav, aura en effet usé de toute son influence tactique pour faire capoter le projet auquel il n’a jamais adhéré. Il avait tenté une première fois de le bloquer lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav du 19 mai sans y parvenir. 

Mi-décembre, quelques jours à peine après avoir acquis en deux temps suffisamment de titres pour mettre la main sur 25 % du capital d’Euronav et des droits de vote, Alexandre Saverys demandait l'abandon pur et simple de la transaction. Le poids acquis au sein du capital lui permettait de bloquer le processus.

Depuis que l’homme d’affaires John Fredriksen s’est imposé au conseil d’administration d’Euronavles deux principaux actionnaires s’affrontent à coups de droits de vote. Peut-être faut-il analyser à la lumière des derniers événements la vente en décembre par l’homme d’affaires d’un peu plus de 2 millions d'actions, ce qui a fait redescendre sa participation à 17,8 % et a pris de court les marchés, surpris.

Réaction attendue de la CMB

Dans un communiqué publié par la Compagnie Maritime Belge (CMB), la fusion abandonnée justifie une discussion avec le conseil d'administration d'Euronav sur « la stratégie future de l'entreprise et un changement dans la composition du conseil de surveillance », indique le communiqué de l’entreprise qui entend engager un « dialogue constructif ».

Le sort de Hugo de Stoop, le patron d’Euronav qui était appelé à prendre la tête du futur ensemble, pose en effet question aux termes de ce dénouement qui met en échec le projet dont il était un des premiers garants.

Le président de la CMB, issu d’une famille d’armateurs, partage une autre vision pour Euronav qu’il souhaite inscrire dans des projets verts en phase avec sa filiale CMB Tech qui développe des navires basés sur une nouvelle génération de carburants non fossiles. Dans ce cas, Frontline pourrait acquérir les pétroliers d'Euronav… Tout est envisageable à ce stade au vu de la tournure des derniers événements.

Adeline Descamps


 

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