La Compagnie maritime belge est en mesure de bloquer la fusion entre Frontline et Euronav

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Le principal actionnaire de l’exploitant belge de pétroliers Euronav, appelé à fusionner avec son concurrent norvégien Frontline, a acquis un nombre suffisant de titres pour bloquer l’opération. La CMB, détenue par une famille d’armateurs d’Anvers, s’emploie depuis des mois à contrecarrer l’influence de John Fredriksen, présent au capital de plusieurs transporteurs maritimes, de pétrole notamment. 

Ultime mouvement dans le capital d’Euronav ? D’après un nouveau document déposé à la US Securities and Exchange Commission, la famille Saverys détient désormais 25 % du capital d'Euronav grâce aux 2,04 millions d’actions acquises via la Compagnie Maritime Belge (CMB). Cette nouvelle action intervient quelques jours à peine après une énième opération qui lui a octroyé 23,99 %.

Par ces achats de titres quasi compulsifs, la famille anversoise, à l’origine de la création de l’exploitant belge de navires pétroliers, vise à faire capoter le projet de fusion avec l’ex-concurrent norvégien, Frontline, dont l’actionnaire principal est John Fredriksen.

Depuis que l’homme d’affaires (également au capital d’International Seaways) s’est imposé au conseil d’administration d’Euronav en 2021 à hauteur de près de 10 %, la CMB, qui avait vendu progressivement les actions de l’armateur belge, est redevenue un actionnaire de premier plan en à peine quelques mois. Depuis, les deux principaux actionnaires procèdent à des raids à tour de rôle.

Le seuil fatidique atteint

Cette fois, avec 25 % des titres, Alexandre Saverys, qui préside la CMB, est en mesure d’entraver le projet, qu’il n’était pas parvenu à empêcher lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav du 19 mai et qui avait été scellé par un accord définitif en juillet. Le PDG de la CMB porte une vision tout autre pour l’avenir de la société, avec un projet autour des carburants de demain, forcément verts, en s’appuyant notamment sur CMB Tech, une des filiales du groupe, qui développe des navires à l'hydrogène et à l'ammoniac.

Souvent qualifié de « magnat du transport maritime », John Fredriksen était encore détenteur de 18,8 % des titres à l’issue de ses dernières opérations, jusqu’à ces derniers jours quand les sociétés gérant ses participations ont cédé un peu plus de 2 millions d'actions. Ne représentant que 1 %, cette cession, qui a provoqué la surprise, a fragilisé l’opération. Ses sociétés contrôlent désormais un peu moins de 17,8 %.

Or, pour que la fusion soit complète, il faudrait que l’opération obtienne l’adhésion à plus de 75 % des actionnaires de l’exploitant belge de tankers. Sinon, une filialisation sera envisagée. C’est du moins le plan B sur lequel a travaillé Frontline par anticipation.

Date du vote des actionnaires le 20 décembre

Selon les analystes, la CMB aurait déboursé 620 M$ dans cette opération, dont 360 millions pris sur le fonds de roulement du groupe et 260 millions en facilités de crédit.

Initialement, il était prévu que la transaction prenne la forme d’un échange d’actions sur le plan capitalistiqueUne fois l’opération achevée, Frontline proposerait aux actionnaires d'Euronav, au premier trimestre, de convertir leurs avoirs en actions Frontline, nom de la nouvelle entité, selon un rapport d'échange de 1 pour 1,45. Les premiers se retrouveraient ainsi avec 59 % de la société fusionnée et les seconds les 41 % restants.

La date du vote des actionnaires sur la domiciliation de la société issue de la fusion (à Chypre), prérequis au lancement de l'offre publique d'achat, a été fixée au 20 décembre.

L’opération, qui doit donner naissance à un titan dans le transport maritime de pétrole, avec une flotte de 69 très gros transporteurs de brut (VLCC), de 57 suezmax et 20 LR2/aframax, a été décalée à 2023, sans lien avec les derniers agissements, mais pour des raisons de procédures et de délais, a expliqué Hugo De Stoop, actuellement patron d’Euronav et pressenti pour prendre la tête du futur ensemble si la transaction ne tourne pas court. 

Adeline Descamps

 

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