D’après un document déposé à la bourse du New York (US Securities and Exchange Commission), la famille Saverys a acquis des actions supplémentaires dans le capital de l’armateur de pétroliers Euronav, appelé à fusionner avec un autre grand opérateur du transport maritime de pétrole, le norvégien Frontline, une opération que le premier actionnaire d’Euronav réprouve totalement.
Le projet de fusion, approuvé lors de l’assemblée générale annuelle d’Euronav du 19 mai et scellé par un accord définitif en juillet, doit donner naissance à un titan dans le transport maritime de pétrole, avec une flotte de 146 navires-citernes alors que le bataillon mondial est estimé à un peu plus de 2 500 unités.
23,99 % versus 18,8 %
Depuis l’annonce, les deux principaux actionnaires d’Euronav – l’homme d’affaires John Fredriksen et la Compagnie maritime belge (CMB), détenue par la famille anversoise d’armateurs Saverys – se livre à une course à l’échelle pour asseoir leur influence, l’un pour faire capoter le projet, l’autre pour le consolider.
Entré au capital d’Euronav en octobre 2021 à hauteur de 9,8 %, le magnat du transport maritime était détenteur de 18,8 % des titres à l’issue de ses dernières opérations. Avant cette nouvelle manœuvre, le dernier mouvement de la CMB remonte à octobre quand elle porté sa participation à 21,6 % du capital. Cette fois, elle s’établit à 23,99 %. À ce niveau, le premier actionnaire d’Euronav constitue un risque pour la concrétisation de la fusion, qui a été décalée à 2023, pour des raisons de procédures et de délais.
Deux options
Initialement, il était prévu que la transaction prenne la forme d’un échange d’actions sur le plan capitalistique. Le capital de la nouvelle société, issue de la fusion, serait alors aux mains des actionnaires d'Euronav à hauteur de 55 % tandis que ceux de Fontline en contrôleront 45 %. Une fois l’opération achevée, Frontline proposerait aux actionnaires d'Euronav, au premier trimestre, de convertir leurs avoirs en actions Frontline, selon un rapport d'échange de 1 pour 1,45. La nouvelle entité portera le nom de Frontline et sera basée à Chypre.
Pour éviter l’impasse, les conseils d'administration des deux parties prenantes étudieraient deux options – une fusion complète ou une filialisation d’Euronav – en fonction des rapports de force qui s’exprimeront au sein du conseil d’administration d’Euronav. Pour que la fusion soit complète, il faudrait que l’opération obtienne l’adhésion à plus de 75 % des actionnaires du transporteur belge.
Il faut sans doute s’attendre à une réaction du magnat John Fredriksen qui, jusqu’à présent, a rendu coup pour coup.
Adeline Descamps