International Seaways : stratégie de la pilule empoisonnée pour contrer John Fredriksen

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Déjà embarqué dans une course à la prise au capital de l’armateur belge Euronav, John Fredriksen ne s’en contente manifestement pas, étant devenu récemment l'un des principaux actionnaires d'International Seaways avec une participation de 16,6 %. Mais le magnat du transport maritime se heurte là aussi au conseil d'administration du deuxième armateur américain de pétroliers qui veut le contrer dans sa prise de contrôle.

Est-ce la flambée des prix du brut qui motive ainsi le magnat du transport maritime ? Depuis plusieurs semaines, John Fredriksen, dont on connaissait surtout les intérêts financiers dans l’un des grands armateurs mondiaux de pétroliers Frontline, s’affairent pour placer ses pions ailleurs dans le secteur. Après être entré dans le capital de l’armateur belge d’Euronav et s’être imposé en tant que second actionnaire, il redouble d’intérêts depuis que la famille Saverys est revenu dans le jeu, alertée par les manœuvres du magnat norvégien. S’ensuit une bataille d’actionnariat qui, après s’être emballée, s’est quelque peu calmée début mai. Le capital s’est stabilisé temporairement laissant 17,48 % des parts à la famille Saverys, qui contrôle la Compagnie maritime belge, et 12,01 % à John Fredriksen.

À la manœuvre​ chez International Seaways

Est-ce parce ce dernier a fort à faire sur un autre front ? Devenu récemment l'un des principaux actionnaires d'International Seaways en emportant sur le marché libre, via le véhicule financier qui administre ses participations, 16,6 % des actions ordinaires de la société cotée à New York, il suscite aussi des craintes au sein de l’Américaine.

Le conseil d'administration de la société, qui a fusionné l’an dernier avec Diamond S Shipping pour créer la deuxième plus grande compagnie pétrolière cotée aux États-Unis (par la flotte), a réagi en faisant en sorte qu'aucun actionnaire individuel ou groupe d'actionnaires ne puisse prendre le contrôle de la société par accumulation sur le marché libre. 

Cette procédure de stratégie dissuasive (technique dite de « pilule empoisonnée ») « est particulièrement appropriée lorsque, comme dans le cas présent, les affiliés de l'un des concurrents de la société ont rapidement et secrètement amassé une participation importante dans la société », a justifié International Seaways dans un communiqué.

Technique dissuasive

Pour contrer une OPA hostile, les deux stratégies les plus couramment employées visent soit à proposer des actions à bas prix aux actionnaires actuels, à l'exception de l'acquéreur potentiel, soit de proposer des actions à bas prix de l'acquéreur potentiel, en cas de rachat. Schématiquement, le plan d’International Seaways consiste à faire en sorte que les actionnaires principaux, dont la participation atteint 17,5 % ou plus sans l'approbation du conseil, soient « dilués ».

Le document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) indique également qu’une prise de contrôle externe ne pourra pas s’effectuer sans verser à tous les actionnaires « une prime de contrôle appropriée » ou sans donner au conseil d'administration suffisamment de temps « pour prendre des décisions éclairées dans le meilleur intérêt de tous les actionnaires. »

Pour quelle stratégie ?

En réaction, dans un courrier adressé au conseil d'administration d'International Seaways, John Fredriksen, accuse la direction de ne pas créer suffisamment de valeur pour les actionnaires de la compagnie et a demandé deux sièges au conseil d'administration pour augmenter sa valeur.

« Notre acquisition de Diamond S Shipping en 2021 a doublé la valeur d'actif net, triplé la taille de notre flotte et amélioré notre capacité à générer du bénéfice (...). L'action d'International Seaways est en hausse de plus de 52 % depuis le début de l'année, sur la base du cours de clôture du 27 avril 2022 » a rétorqué la société.

Compte tenu des mouvements simultanés de John Fredriksen pour prendre le contrôle et d’Euronav et d’International Seaways, les spéculations vont bon train. On prête à l’homme d’affaires l’intention de préparer une fusion potentielle entre Frontline et International Seaways, au cas où celle annoncée entre Frontline et Euronav échouerait. D’autres ont la conviction qu’il songerait à réaliser une intégration à trois. John Fredriksen qualifie, lui, sa dernière opération « d’investissement financier ».

Adeline Descamps

 

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