John Fredriksen, actionnaire d’Euronav et de Frontline, maître d’œuvre de la fusion à grande échelle entre deux des plus grands acteurs du transport maritime de pétrole, brouille les cartes en ayant vendu ces derniers jours des actions d’Euronav.
D’après un document déposé auprès de la bourse du New York (US Securities and Exchange Commission), les sociétés gérant les participations du magnat du transport maritime ont cédé un peu plus de 2 millions d'actions d'Euronav au cours des derniers jours.
Ces derniers mouvements ont pris de court les analystes qui s’attendaient pourtant à une réaction depuis que le principal actionnaire de l’armateur belge de tankers Euronav, la Compagnie maritime belge (CMB), a acquis des actions supplémentaires si bien que sa part au capital s’établit désormais à 23,99 %. À ce niveau, la société détenue par la famille anversoise d’armateurs Saverys constitue un risque pour la concrétisation de la fusion, qui a été décalée à 2023.
Fragilisation de l’opération
Si la cession de John Fredriksen ne représente que 1 % d'Euronav, elle n’est pas sans impacts sur les rapports de force qui s’exercent au sein des conseils d’administration. Ses sociétés contrôlent désormais un peu moins de 17,8 % d’Euronav (quelque 25,9 millions d'actions). Pour que la fusion soit complète, il faudrait que l’opération obtienne l’adhésion à plus de 75 % des actionnaires de l’exploitant belge de tankers. Sinon, une filialisation sera envisagée.
Initialement, il était prévu que la transaction prenne la forme d’un échange d’actions sur le plan capitalistique. Une fois l’opération achevée, Frontline proposerait aux actionnaires d'Euronav, au premier trimestre, de convertir leurs avoirs en actions Frontline, selon un rapport d'échange de 1 pour 1,45.
Elle intervient au moment même où la compagnie norvégienne fixe la date (20 décembre) du vote des actionnaires sur la domiciliation de la société issue de la fusion (à Chypre), prérequis au lancement de l'offre publique d'achat.
Les actions d'Euronav se négocient actuellement à environ 18 $ contre 9 $ quand John Fredriksen a réalisé ses successives montées au capital.
Adeline Descamps