Euronav/Frontline : le principal actionnaire demande la révocation du conseil d'administration

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La fusion entre deux des principaux transporteurs maritimes de brut a avorté mais les principaux protagonistes n’ont toujours pas sifflé la fin de partie. Les deux principaux actionnaires n’en ont fini avec leurs manœuvres. La Compagnie maritime belge demande la tenue d’une assemblée générale extraordinaire en vue de destituer le conseil d’administration. L’homme d’affaires John Fredriksen a repris ses achats d’actions.

Les acteurs du marché pétrolier pensaien ten avoir fini avec la fusion entre les deux géants du transport maritime de pétroledepuis que le Norvégien Frontline a fait connaître à la Belge Euronav sa volonté de ne pas aller plus loin dans l’intégration.

Il n’en est rien. Au contraire, la quête des droits de vote, qui a animé l’année 2022, a repris de plus belle au sein du capital de l’armateur belge. Les manœuvres du magnat du transport maritime John Fredriksen, entré au conseil d’administration d’Euronav en 2021 avant de monter progressivement au capital, sont toutefois de moins en moins lisibles.

L’homme d’affaires, par ailleurs actionnaire Frontline et d’International Seaways, acteur de poids du secteur sur le continent nord-américain, avait pris les marchés de court en vendant en décembre un peu plus de 2 millions d'actions, affaiblissant sa position au sein du capital d’Euronav avec 17,8 % des actions. Dans le même temps, mi-décembre, Alexandre Saverys, via la Compagnie maritime belge mettait la main sur 25 % du capital d’Euronav, lui ouvrant la possibilité, selon les textes, à bloquer le processus de fusion.

Réinvestissement de John Fredriksen après une pause

C’est à ce moment de l’histoire que Frontline, sans doute lassé par les affrontements entre actionnaires, a fait connaître son retrait bien que ce droit lui soit contesté aujourd’hui par les administrateurs d’Euronav, éconduits.

La fusion a avorté mais John Fredriksen revient dans le jeu. Par l'intermédiaire de sa société Famatown Finance Limited, il a acquis 5,13 millions d'actions supplémentaires à un coût moyen d'environ 14 $ par action, portant sa participation à 20,32 %. Avec ce dernier investissement de plus de 70 M$, la valeur de sa participation totale dans l'entreprise dépasse désormais plus de 600 M$ sur la base du cours actuel du titre.

Beaucoup plus lisible est en revanche l’attitude de la famille Saverys qui, après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour faire capoter la fusion, demande désormais la révocation du conseil d’administration dont les membres étaient largement acquis à la cause de la fusion.

Révocation du conseil d’administration

Les Saverys demandent donc la tenue d’une assemblée générale extraordinaire. La scène a des airs de déjà-vu. Le 19 mai, le président de la CMB avait tenté, en vain, de placer des proches dans l’organe de gouvernance face à ceux présentés par la direction générale d’Euronav. Un échec. Grace Skaugen et Anne-Hélène Monsellato avaient été alors renouvelées en tant qu'administratrices indépendantes pour une durée de deux ans tandis que Steven Smith (membre du conseil d'administration de 2018 à 2019) fait son entrée. Grace Skaugen a en outre été élue à la présidence du conseil de surveillance.

Cette fois, Saverys propose les nominations de Marc Saverys comme président, et de Patrick de Branbandere, Julie De Nul, Catharine Scheers et Patrick Molis. Si cette tactique fonctionne, le conseil pourrait demander le départ de Hugo de Stoop, artisan de la fusion et en délicatesse avec son principal actionnaire.

Depuis le début de l’opération, les Saverys, à l’origine de la création de d’Euronav, défendent une autre voie possible que la fusion qu’entre deux géants du transport de pétrole. La famille d’armateurs souhaite inscrire l’entreprise dans des projets plus « verts » en association avec CMB Tech qui développe des navires basés sur une nouvelle génération de propulsion. 

En novembre, Euronav a annoncé son premier bénéfice net trimestriel depuis 2020, les taux de fret ayant été mis sur rail à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie après près de deux ans de purgatoire. Les effets du plafonnement du pétrole russe par le G7 et l’embargo européen sur les importations maritimes de brut commencent à peine à se percevoir mais les analystes restent très confiants sur la tenue de la dynamique en cours.

Adeline Descamps

 

 

 

 

 

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