Éco-contribution : la région Grand Est lance un appel à candidatures

La gestion de plusieurs routes et autoroutes seront transférées au conseil régional à compter du 1er janvier 2025. Il s’agit des nationales RN4, RN44, RN 431 et RN52 ainsi que les autoroutes A30, A31, A33 et A313.

Crédit photo Adobestock
Le projet de taxe poids-lourds sur les routes qui seront transférés par l’État au 1er janvier prochain est très critiqué par les représentants des transporteurs, qui attendent toujours l’étude d’impact annoncée.

Par une convention entre l’État et la région Grand-Est, adoptée en septembre 2023, la gestion de plusieurs routes et autoroutes seront transférées au conseil régional à compter du 1er janvier 2025. Il s’agit des nationales RN4, RN44, RN 431 et RN52 ainsi que les autoroutes A30, A31, A33 et A313. « Des axes nord-sud et est-ouest, structurants à l’échelle de la région », estime Thibaud Philipps, vice-président transports et mobilité durable du conseil régional de Grand Est, qui précise qu’il s’agit « d’un transfert de gestion et non de propriété : la région va gérer ces routes pour le compte de l’État, afin de prouver que le transfert permettra de remettre ces routes en état et de réaliser des aménagements importants, notamment le contournement de Saint-Dizier et la mise à 2x2 voies de la RN4. »
L’expérimentation va durer cinq ans, et pourra être renouvelée pour une période de trois ans. L’objectif, si cela s’avère concluant, est le transfert par l’État de la propriété des routes concernées à la région.

Les transports mobilisés pour rejeter le projet

Ce transfert va s’accompagner de celui de certains moyens nécessaires à l’entretien des routes. La région Grand Est, pour augmenter ces moyens, a décidé de mettre en place à partir de 2027 une « éco-contribution » pour les poids-lourds empruntant ces routes transférées. Un appel à candidatures a d’ailleurs été publié le 1er juillet, les entreprises se proposant comme prestataires pour organiser cette nouvelle redevance ayant jusqu’au 10 septembre pour se faire connaître.
La nouvelle fait réagir les associations représentant les transporteurs, qui sont déjà mobilisées contre le R-Pass, taxe poids lourds similaire mise en place sur certaines routes par la Collectivités européenne d’Alsace.

Une étude d’impact qui se fait attendre

« Pour l’instant nous avons peu d’éléments sur le projet de la région, qui en est à ses prémices, indique Marie Breton, déléguée Grand Est de l’union des entreprises Transport et Logistique de France (TLF). Nous avons été sollicités dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges de l’étude d’impact. Nous avons pointé des manques, en particulier en ce qui concerne la compétitivité de l’économie du Grand Est ainsi que le financement par la route du report modal, sans prévoir d’évaluer ce report modal. Ce que nous déplorons aussi, c’est que l’appel d’offres pour sélectionner l’opérateur de collecte de la taxe ait déjà été lancé : c’est à se demander à quoi va servir l’étude d’impact ! »
Pour justifier la mise en place de cette redevance, la région Grand Est pointe les investissements nécessaires sur les routes transférées, ainsi que le manque d’entretien par l’État au cours des années écoulées. « Nous avons constaté une baisse de 19 % des investissements de l’État sur les axes routiers concernés pour la période 2014-2019, affirme Thibaud Philipps. Conséquence : les routes se dégradent, et près de la moitié d’entre elles ont besoin d’investissement. Dans 22 % des cas, il ne s’agit pas seulement de refaire l’enrobé mais de travaux lourds sur les fondations des routes. Les ouvrages d’art, les glissières de sécurité et les aires de repos doivent aussi être remis aux normes. »

Taxe poids-lourds pour financer le report modal

La collectivité indique aussi que les fonds collectés dans le cadre de cette éco-contribution pourront financer d’autres infrastructures de transport, notamment fluviales et ferroviaires : « Ces nouvelles ressources financières contribueront, entre autres, à remettre à niveau le réseau, à assurer son développement au profit de l’attractivité économique du territoire, à permettre la réalisation d’infrastructures multimodales attendues par les acteurs économiques et ainsi à favoriser le passage de la route vers d’autres modes de transport. A titre d’exemple, le déploiement de cette contribution sur les axes routiers structurants du Nord-Sud Lorrain favoriserait le transport des marchandises via le fluvial et le ferroviaire. »
Un tel financement du report modal par les transporteurs routiers passe mal auprès des principaux intéressés. « « Nous sommes preneur de davantage de budget pour l’entretien des routes, qui sont notre outil de travail et que nous finançons déjà via la taxe à l’essieu, précise Marie Breton. Mais nous avons peur que la collecte soit affectée à autre chose : véloroutes, transport de voyageurs, tourisme fluvial... »

Une éco-contribution difficile à répercuter aux clients

Avis partagé par Caroline Caire, secrétaire générale Grand Est de l’Organisation européenne des transporteurs routiers (OTRE), qui craint aussi que les entreprises supportant cette nouvelle contribution ne parviennent pas en répercuter le coût sur leurs clients : « Cela va surtout impacter les transporteurs locaux, car les transporteurs étrangers circulent davantage sur les autoroutes que sur les nationales. La profession souffre énormément de l’augmentation des coûts, et les négociations commerciales ne se font pas. Les transporteurs ne pourront pas prendre en charge cette nouvelle taxe, alors qu’ils n’arrivent pas à répercuter l’inflation à leurs clients. Pourquoi toujours taxer le transporteur, et non celui qui réceptionne les marchandises ou le client final ? Cela aurait l’avantage de montrer que le transport a un coût, et cela faciliterait la relocalisation. »

La région s’intéresse à la concession de l’autoroute A4

Les détails de l’éco-contribution, notamment son mode de collecte et son taux kilométrique, devraient être décidés dans le courant de l’année 2025, pour une entrée en vigueur de la nouvelle redevance début 2027. Par la suite, de nouvelles routes pourraient entrer dans le périmètre de cette éco-contribution, en particulier si la région se voit transférer l’autoroute A4.
« Nous regardons avec beaucoup d’intérêt la fin de la concession de la Sanef sur l’autoroute A4, qui interviendra en 2032, confirme Thibaud Philipps. Le modèle concessif est en effet plus cher pour l’utilisateur, car la recette va aux actionnaires et non à l’investissement dans les services publics. L’expérimentation qui débutera l’année prochaine servira donc aussi à voir si le transfert peut fonctionner pour une autoroute. »
 

Actualités

Routier

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15