En Alsace, le projet d'écotaxe « R-Pass »… pas bien

En Alsace, l'écotaxe poids lourds qui serait appliquée en 2027 pourrait rapporter 50 millions d’euros à la collectivité.

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Le 9 septembre, le projet d'écotaxe en Alsace, débattu depuis de nombreuses années, a franchi une nouvelle étape avec la restitution d'une ’étude d’impact économique. La Collectivité européenne d’Alsace s’oriente vers une mise en place d’une éco-redevance poids lourds à l’horizon 2027, sur son axe nord-sud. Les transporteurs et une partie des milieux économiques y sont opposés.

Quand et où cette éco-redevance serait mise en place ? La collectivité européenne d'Alsace (CEA) souhaite mettre en place une écotaxe pour l’utilisation d’une partie de son réseau routier, sur les autoroutes A 35 et A 36 ainsi que certaines routes départementales, à partir du 1er janvier 2027. « Le projet R-Pass vise à instaurer une contribution financière des poids lourds sur le réseau structurant alsacien comme c'est déjà le cas sur les réseaux étrangers voisins », justifie la collectivité.

Selon elle, cette manne financière permettrait d'entretenir et développer les infrastructures de mobilité et s'assurer que le territoire reste attractif, l’État s’étant désengagé en confiant ces charges aux départements, notamment.

Quel serait le coût de cette taxe et combien rapporterait-elle ? Le rapport base cette écotaxe PL sur un prix de 15 centimes d'euros par km. Elle pourrait rapporter 50 millions d’euros par an. La CEA réfléchit à exonérer certains poids lourds afin que l’impact soit le plus faible possible pour les entreprises alsaciennes, a expliqué Frédéric Bierry, son président (membre du parti Les Républicains), le 9 septembre.

Dans quel pays les camions paient-ils un tél péage ? Outre-Rhin, les transporteurs payent déjà un droit d’utilisation : le trajet sur l’A35 alsacienne coûte actuellement 50 € de moins que le même trajet sur l’A5 en Allemagne.

Instaurée en 2005, la redevance allemande LKW-Maut a été revue à la hausse l'an dernier, (70 centimes/km), avec comme conséquence, selon des relevés opérés pour la CEA, une hausse de 18,1 % du report de trafic sur les routes alsaciennes, entre 2023 et 2024.

La CEA a fait ses comptes, l’axe nord sud alsacien qui absorbait entre 8 et 10 000 poids lourds connaît une hausse du trafic journalier de 1 400 poids lourds. Mais ces chiffres sont également contestés par les opposants.

Pour le président de la collectivité, les questions de santé et de sécurité l’obligent à agir. La collectivité souhaite rééquilibrer le trafic entre la France et l’Allemagne. « Notre enjeu c’est de maximiser l’impact pour le grand transit, et minimiser l’impact pour les entreprises alsaciennes », précise Frédéric Bierry.

Une question de survie, répondent les transporteurs. La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) dénonce une menace mortelle pour les transporteurs alsaciens. « L’étude d’impact révèle une sous-estimation flagrante des conséquences dévastatrices pour les entreprises de transport routier de marchandises. Si cette taxe entre en vigueur, c’est la survie même de milliers d'entreprises et d'emplois dans la région qui est en jeu ».

Même analyse pour l’Union TLF, qui « conteste l’étude d’impact économique et rappelle sa ferme opposition. L’Union TLF alerte sur l’impact disproportionné que cette taxe aurait sur les transporteurs alsaciens, avec une réduction de 12,6 % de leur marge nette soit pour beaucoup, l’équivalent de leur résultat d’exploitation ».

Un transporteur alsacien a fait ses comptes. La société de transport Voglertrans, basée à Mulhausen (Bas-Rhin), exploite une flotte de 6 camions. Angélique Vogler, co-gérante et représentante de la FNTR, est écœurée : « Nous sommes déjà engagés dans la transition énergétique, qui a un coût, et on nous ajoute une autre taxe. Lorsque nous demandons des aides à la CEA ou à la région Grand-Est, qui prévoit elle aussi de mettre en place une taxe, la réponse est claire, rien n’est prévu pour nous aider. Cette taxe représenterait 10 % de notre chiffre d’affaires. En Allemagne, il y a une culture de la taxe, les clients ne rechignent pas à payer contrairement à la France, où nous sommes obligés de nous battre pour répercuter les coûts ».

Pour Angélique Vogler d’autres solutions pourraient être appliquées, comme une interdiction de transit.

Un calendrier serré. Les élus du Conseil communautaire devraient trancher la question par un vote le 21 octobre en séance pleinière. La mise en œuvre devrait prendre un an, le temps de mettre en place l’infrastructure. La crainte réside aussi dans le fait que cette écotaxe soit étendue à d’autres régions ou d’autres types de véhicules.

À lire également sur l'Officiel des Transporteurs : Alsace : la collectivité envisage une mise en œuvre de la taxe poids lourd en 2027 

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