L’IRU a publié le 20 novembre un rapport prospectif sur la pénurie de conducteurs routiers dans le monde. Selon ces travaux portant sur 36 pays et 4 700 entreprises, il y aurait plus de trois millions de postes de chauffeurs routiers à pouvoir en 2023. La situation de pénurie a augmenté globalement, seuls les Amériques et l’Europe ont vu une amélioration due « à une demande de transport réduite, conséquence de l’inflation et d’une politique monétaire plus stricte limitant la consommation et l’investissement ». « Les problèmes structurels à l'origine des pénuries de conducteurs de camions continuent d'avoir un impact sur les services de transport. Le taux de nouveaux arrivants étant nettement inférieur à celui des conducteurs qui partent à la retraite chaque année, il est urgent d'agir », indique Umberto de Pretto, secrétaire général de l’IRU.
Un risque de dégradation
Les prévisions de l’IRU sont pessimistes sans action pour attirer et fidéliser les conducteurs. « Il manque plus de trois millions de conducteurs de camions dans les pays que nous avons examinés. Compte tenu de la démographie de la profession, nous prévoyons que ce chiffre pourrait doubler d'ici cinq ans », détaille Umberto de Pretto. Selon les travaux, ce sont plus de sept millions de postes qui seraient vacants à l’horizon 2028 dans les pays étudiés. Par exemple, ce serait 4,9 millions de chauffeurs routiers qui manqueraient en Chine, 745 000 en Europe et 200 000 en Turquie.
Un trou générationnel
Selon l’étude de l’IRU, la profession de conducteur routier est vieillissante. Moins de 12 % des chauffeurs est âgé de moins de 25 ans, pourcentage qui chute à 5 % en Europe. À noter que la proportion de conductrices demeure relativement basse, à environ 6 %. Pour pallier cette pénurie, le rapport recommande de faciliter l’accès à la profession dès la sortie de formation. D’une part, l’abaissement de l’âge minimum requis pour devenir chauffeur routier pourrait être une solution, sachant que la moyenne se situe entre 21 et 26 ans actuellement pour le fret routier au niveau mondial.
Cela peut aussi passer par réduire les coûts de formation de conducteur. Par exemple, le coût moyen pour former un chauffeur routier s’élève à 5 250 euros, soit plus de trois fois le salaire minimum.
Une autre solution pour pallier la pénurie consiste à recourir à des conducteurs issus de pays tiers. « L'accès des conducteurs qualifiés des pays tiers à la profession devrait être facilité, ce qui permettrait aux pays disposant d'un excédent de conducteurs professionnels de contribuer à combler les lacunes en cas de besoin », recommande l’IRU.