Le groupe pétrolier et gazier français va fournir 45 000 tonnes de GNL par an à la compagnie de croisière du groupe MSC pour alimenter les trois paquebots neufs qu’elle doit réceptionner entre 2022 et 2025. Total gagne ainsi un nouveau client à Marseille après CMA CGM, dont les porte-conteneurs de 15 000 EVP seront avitaillés à Fos.
Total a trouvé un nouveau client à Marseille pour son GNL. Alors qu’il a déjà signé un premier contrat avec CMA CGM pour avitailler à partir de Fos les 15 000 EVP en propriété de l’armateur français en cours de construction, il vient de signer avec MSC Croisières un accord pour fournir environ 45 000 t de GNL par an. Ce contrat concerne les trois paquebots au GNL que la compagnie italo-suisse doit recevoir entre 2022 et 2025 et qui feront escale au môle Léon Gourret à Marseille. Le MSC Europa, premier de la classe World confié aux Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, devrait entrer en service en 2022 pour naviguer en Méditerranée. Avec 2 632 cabines et suites et une capacité de 6 761 passagers, il sera le plus grand paquebot européen et le premier propulsé au GNL construit en France.
Ils seront soutés en ship-to-ship par le Gas Vitality qui devrait sortir du chantier naval chinois de Hudong-Zhonghua en 2022. Le navire de soutage est le sistership Gas Agility de 18 600 m3 qui opère déjà depuis Rotterdam depuis quelques mois avec pour premiers clients les neuf porte-conteneurs au GNL de 23 112 EVP de CMA CGM dont une partie est livrée. Ils sont tous deux affrétés à l’armateur nippon Mitsui O.S.K. Lines (Mol) par Total marine fuels global solutions (TMFG).
Implication de la filière
« Cet accord représente une nouvelle étape dans notre démarche visant à réduire continuellement notre empreinte environnementale, au sein de laquelle le GNL est actuellement un élément crucial. Alors que nous nous préparons à lancer le premier de nos trois navires de croisière à propulsion GNL en 2022, Marseille deviendra grâce à cet accord-clé notre plateforme en Méditerranée pour l’avitaillement de nos navires de dernière génération, les plus avancés sur le plan environnemental », s’enthousiasme Pierfrancesco Vago, président exécutif de MSC Croisières, qui veut y voir l’expression « de l’excellence de la filière maritime française, de la construction navale à la fourniture de carburants marins plus propre » et de l’implication des autorités portuaires locales dans le développement de ces nouvelles activités.
Marseille Fos abonné aux avitaillements en GNL
Test en taille réelle
L’an dernier, le port phocéen a réalisé deux opérations de soutage au GNL en ship-to-ship, profitant du stationnement à quai prolongé des paquebots dont les opérations ont été suspendues en raison des restrictions sanitaires. En temps normal, le navire est avitaillé à Barcelone dans le cadre d’un contrat avec Shell. Le paquebot avait été avitaillé par le souteur Coral Methane, affrété par Shell auprès de l'armateur hollandais Antony Veder. L’accord, signé en visioconférence, a été salué par Annick Girardin, ministre de la Mer pour laquelle la transition énergétique a tout à gagner de la coopération et l’engagement entre armateurs, énergéticiens, ports et chantiers. « Dans la droite ligne du Fontenoy du maritime, je souhaite que ces liens continuent de se développer dans le respect des objectifs de développement durable. »
Total - Shell : la foi de charbonnier dans le GNL
10 % du marché mondial
Total enchaîne les annonces en lien avec le GNL. L’Autorité maritime et portuaire (MPA) de Singapour, premier hub mondial d’avitaillement des navires avec 20 % du marché mondial de soute (49,5 Mt/an, + 5 % en 2020), vient de lui accorder une licence pour pouvoir distribuer du GNL marin dans le port de Singapour à partir de 2022 et pendant cinq ans. Le groupe français y basera également un navire de soutage de 12 000 m3, qui doit être livrée par le constructeur singapourien Sembcorp prochainement et dont le propriétaire est aussi MOL.
Total est, avec Shell, l’une des majors pétrolières les plus impliquées dans le développement du GNL, et ce sur toute la chaîne de valeur : production et liquéfaction de gaz, transport et trading de GNL, regazéification… Avec un portefeuille de participations dans des unités de production sur l’ensemble des marchés mondiaux lui assurant une capacité de production 50 Mt par an à l’horizon 2025, la super major européenne se projette en tant que deuxième acteur privé mondial du GNL avec une part de marché mondiale de l’ordre de 10 %.
Atteindre la neutralité carbone
« Nous poursuivrons nos investissements dans l’avitaillement en GNL marin pour atteindre à terme son objectif de servir plus de 10 % du marché mondial, rappelle à l’occasion de cet accord Alexis Vovk, le directeur général de la branche Marketing & Services de Total. Nous continuons ainsi à accompagner la transition énergétique de l’industrie du transport maritime et la réduction des émissions de carbone de nos clients, en ligne avec notre ambition d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, en phase avec la société. »
Dans le cadre de sa stratégie « visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime », Total a signé des accords pour affréter deux très grands transporteurs de brut de 300 000 tpl et quatre aframax, tous alimentés au GNL.
Si le GNL répond parfaitement à la problématique des émissions d’oxydes de soufre et de particules fines en les éradiquant à 99 % ainsi qu’à celle des oxydes d’azote (jusqu’à 85 %), il ne traite que partiellement (20 %) les émissions de gaz à effet de serre, ennemi public n° 1 à abattre à l’agenda de toutes les organisations de réglementations internationales.
Adeline Descamps