Hudong-Zhonghua Shipbuilding vient de livrer à son propriétaire, l’armateur nippon Mitsui O.S.K. Lines (Mol) le Gas Agility, qui opérera à partir de Rotterdam. Il avitaillera notamment la série des 9 mégamax de l’armateur français, dont le premier doit être livré en milieu d’année. Son sistership aura pour base Marseille-Fos. L’avitaillement en GNL attend(ait) beaucoup du secteur de la croisière, qui a massivement opté pour le carburant marin dont on loue le profil énergétique...
Hudong-Zhonghua Shipbuilding vient de livrer à son propriétaire, l’armateur nippon Mitsui O.S.K. Lines (Mol), le souteur qui alimentera en GNL les megamax de CMA CGM à partir de Rotterdam, en principe à partir du milieu de cette année. Le Gas Agility, d'une capacité de 18 600 m3, est équipé des cuves de type Mark III FLEX de la société française GTT. Il est affrété à long terme par Total marine fuels global solutions (TMFGS).
Il est notamment destiné à alimenter les neuf porte-conteneurs au GNL de 23 000 EVP de CMA CGM suivant un contrat de dix ans signé entre l’armateur français et TMFGS en décembre 2017. Le premier de la série, le CMA CGM Jacques Saadé, est attendu en milieu de cette année. L’ensemble de la série, construite sur les chantiers chinois de China State Shipbuilding Corp (CSSC), doit être livré entre 2020 et 2021.
Le GNL est disponible dans 93 ports
Outre le Gaz Agility, Total attend un autre souteur, résultant du contrat d’affrètement à long terme signé avec Pavilion Energy pour fournir le port de Singapour en GNL. Le propriétaire est également Mol. En cours de construction par le chantier singapourien Sembcorp, le navire avitailleur aura une capacité de 12 000 m3 et sera également doté de cuves à membranes Mark III de GTT. Il sera géré par l’opérateur local de souteurs Sinanju et devrait être livré début 2021.
Récemment, Total a annoncé la signature d’un autre contrat d’affrètement long terme avec Mol pour lui fournir un sistership du Gaz Agility, également construit par Hudong Zhonghua Shipbuilding. D’une capacité similaire de 18 600 m3 et également équipé des cuves à membrane Mark III du français GTT, il aura cette fois pour base Marseille-Fos et CMA CGM comme premier client pour ses cinq unités de 15 000 EVP au GNL qui doivent être exploitées sur la ligne Asie - Méditerranée. Il sera opéré, sous pavillon français, par Gazocéan, la filiale marseillaise de Total.
Total fournirait ainsi à CMA-CGM environ 300 000 t/an de GNL à partir de 2020, avait indiqué au JMM le groupe pétrolier. Si le GNL ne compte pas encore pour beaucoup dans sa production totale, il concentre indubitablement ses intérêts. Pour rappel, fin 2017, Total avait repris les participations d’Engie, lui assurant un volume total de 40 Mt/an et une capacité de liquéfaction de 23 Mt/an d’ici 2020. Il serait désormais le deuxième fournisseur mondial (du secteur privé) de GNL avec environ 10 % de parts de marché. TMFGS sera aussi le fournisseur de Brittany Ferries pour alimenter en GNL le futur Honfleur, qui fait actuellement l’objet de retards de livraison en raison des difficultés financières du chantier du constructeur naval allemand FSG, qui vient d’échapper in extremis à la faillite.
Sans doute, Total vise-t-il, aussi pour son souteur basé à Marseille, l’alimentation en gaz de la Corse. La Collectivité de Corse a lancé en février un appel d’offres pour la réalisation et l’exploitation d’une infrastructure d’alimentation en gaz naturel des centrales électriques de l’île, dont la date limite de remise des offres a été fixée au 31 juillet 2020. Plusieurs options sont sur la table dont une qui prévoit l'installation d'un terminal flottant de stockage et de regazification (FSRU) et d'un gazoduc. Une autre s'oriente vers deux FSRU, l'un à Lucciana et l'autre à Ajaccio, pour alimenter les deux centrales.
Le marché du GNL attend(ait) beaucoup du secteur de la croisière, qui a massivement opté pour le carburant que l’on dit le plus vertueux de toutes les technologies actuellement disponibles. Actuellement, 26 paquebots destinés à être propulsés au GNL sont en construction ou en commande ferme dans les chantiers navals, soit 44 % de l'ensemble des projets de construction au GNL. Dans les conditions actuelles, nul ne sait si toutes les commandes seront maintenues.
Si le GNL en tant que carburant est une alternative pertinente pour traiter les émissions polluantes du type NOx, SOx et particules fines, il n’est qu’une toute petite partie de la solution pour les prochaines échéances réglementaires visant le CO2. En dépit de son bilan environnemental, il n’est cependant pas encore parvenu à vaincre le scepticisme des armateurs et des propriétaires de flotte. Les scrubbers, qui permettent aux navires d’être alimentés avec un fuel à 3,5 %, ont séduit plus massivement (plus de 10 % de la flotte mondiale aujourd’hui équipés, 135 unités en cours). Actuellement, l’historique chute brutale des cours du pétrole font les affaires du VLSFO (le fuel à basse teneur de soufre).
Selon les dernières données de Sea\LNG, un lobby industriel de promotion du GNL marin basé à Oxford, 175 navires au GNL seraient actuellement en service, 203 sont en commande et 141 doivent être configurés en « LNG ready ». Le produit serait disponible dans 93 ports alors que 54 autres sont en train de réaliser les investissements pour assurer les opérations de soutage. En 2019, il n'y avait que six souteurs dans le monde. En février 2020, une douzaine était en exploitation et 27 autres, en commande et/ou sur le point d’être mis en service.
Adeline Descamps