Les pétroliers s’accumulent à l’entrée des détroits turcs

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Le télescopage entre l'entrée en vigueur d'une nouvelle obligation en Turquie pour que les tankers puissent transiter dans les détroits sous contrôle turc, le Bosphore et les Dardanelles, et celles de l'embargo européen sur les importations de pétrole russe et le plafonnement de son prix débouchent sur une impasse. Au moins 20 pétroliers font la queue au large de la Turquie pour transiter de la mer Noire à la Méditerranée.

Depuis le 1er décembre, Ankara exige des exploitants de navires de transport de brut en provenance de ports russes qu'ils fournissent la preuve d'une assurance protection et indemnisation (P&I) couvrant la durée du transit dans les détroits qui relèvent de son contrôle (cf.bas), du Bosphore et des Dardanelles, ou leurs escale dans les ports turcs.

Mais l’entrée en vigueur de cette disposition, prévue, se télescope avec celles de l'embargo européen sur le pétrole russe, accompagné d'un prix plafond de 60 $, une décision du G7. Le groupe des sept pays les plus développés, l'Union européenne et l'Australie ont en effet convenu d'interdire aux prestataires de services de transport maritime, tels que les assureurs, de contribuer à l'exportation du pétrole russe, à moins qu'il ne soit vendu à un prix bas imposé, ou plafond, dans le but de priver Moscou de ses rentes. 

Les dispositifs du bloc occidental et l’obligation turque, pourtant bien distincts, débouchent sur une impasse.

Refus des P&I

Les assureurs occidentaux refusent de fournir un « engagement général à couvrir tout ce qui se passe dans le BosphoreNous sommes donc dans une situation où, de facto, les armateurs les plus honnêtes, les plus réputés, ne peuvent plus transiter par les détroits turcs », a expliqué Yörük Isik, spécialiste du suivi des mouvements des navires sur le Bosphore et dans la région à l’AFP.

Dans un communiqué, l'International Group of P&I Clubs reconnait qu'après avoir « évalué en détail la situation, ses membres ont décidé de ne pas délivrer une telle lettre de confirmation. Elle exposerait le Club à une violation des sanctions prévues par les lois de l'UE, du Royaume-Uni et des États-Unis », a ajouté l’organisation, qui représente 13 assureurs mutuels couvrant 90 % du secteur mondial du transport maritime. « Les exigences du gouvernement turc vont bien au-delà de ce que les assureurs peuvent fournir », a expliqué pour sa part le P&I norvégien Skuld.

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Retards croissants

Les conséquences n’ont pas tardé. Au moins 20 pétroliers faisaient la queue, dès le 8 décembre, au large de la Turquie pour transiter de la mer Noire à la Méditerranée.

Selon l’agence maritime GAC, treize navires attendaient le 6 décembre à l’entrée du détroit du Bosphore en direction du sud, tous des pétroliers et 10 d'entre eux acheminaient du brut kazakh après avoir été chargés à Novorossisk.

Un pétrolier, qui avait chargé dans le port russe, a toutefois franchi le détroit au cours du week-end dernier après avoir fourni une preuve d'assurance, selon une lettre vue par Reuters. La couverture du pétrolier Vladimir Tikhonov, battant pavillon libérien, a été fournie par l'assureur russe Ingosstrakh.

D’après GAC, le temps d'attente moyen en direction du sud du Bosphore était de quatre jours pour les navires de plus de 200 m contre un jour à la mi-novembre. Les temps d’attente moyens sont similaires pour les Dardanelles.

Perturbations profitables aux taux de fret

Ces perturbations interviennent dans un contexte de hausse des tarifs pour les pétroliers transportant du brut de la mer Noire à la Méditerranée. « La forte incertitude autour des réglementations crée des perturbations sur le marché qui ont tendance à profiter aux marchés des taux de fret », soulignent les analystes de S&P Global dans une note récente. 

La valeur de l'Oural russe, principale référence russe à l’exportation, s'est négociée sous le plafond du G7, de 60 $ le baril, depuis le 18 novembre et a été évaluée par Platts à 45,98 $ le 6 décembre, soit une décote de 34,55 $ par rapport au Brent. 

A.D.

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