À l’issue d’une séquence politique folle qui a mis la France à vif et les politiques à cran, les Français ont à nouveau retourné la table à l'occasion de leur troisième vote en 28 jours, envoyant par dessus-bord tous les présages et hypothèses.
Si les rapports de force émergeant de cette assemblée nationale composite ne sont pas celles que les sondeurs alignaient jusqu’à présent, le futur hémicycle n’en reste pas moins illisible avec sa tripartition favorisée par les jeux d’alliances « républicains » de l'entre-deux tours pour bloquer l’ascension du Rassemblement national.
Contrairement aux scénarios avancés, le RN n’a ni une majorité absolue, ni même relative. La coalition de gauche (Nouveau front populaire) remporte 182 sièges devant la majorité présidentielle Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons) avec 168 postes et le RN (143), selon les résultats définitifs.
La surprise bretonne
La surprise vient de la Bretagne, territoire ultramarin, où l’extrême-droite avait réalisé une belle percée au premier tour, menaçant sérieusement les élus de la majorité parmi lesquels quelques apôtres de la cause maritime, y compris Hervé Berville, le secrétaire d’État à la Mer (et à la Biodiversité, portefeuille qui lui a été ajouté à la faveur du gouvernement Attal).
Finalement, la terre, qui a toujours penché au centre, n’enverra à l’Assemblée aucun des députés RN présents dans 26 des 27 circonscriptions, et a donné ses faveurs à la majorité présidentielle.
Le député sortant Hervé Berville en profite, réussissant à sauver son siège en l’emportant dans la deuxième circonscription des Côtes-d’Armor avec 63,63 % des voix face au candidat RN Antoine Kieffer. Au premier tour, il avait pourtant peu d’avance sur le candidat frontiste (33,61 % versus 30,96 % des voix).
Dans le Morbihan, Florent de Kersauson (RN), frère du navigateur Olivier de Kersauson, a également été battu par le candidat macroniste, député sortant et skipper reconnu, Jimmy Pahun, bénéficiant d’une large assise de 65,44 %. Il a profité du retrait de la candidate du NFP pour entraver l’extrême droite.
Dans la troisième circonscription du Finistère, le père de la loi sur le dumping social auprès duquel les armateurs ont trouvé un député convaincu et proactif, Didier Le Gac, a été plébiscité (69,13 %). Il était le mieux positionné à l’issue du premier round de ce scrutin en mode blitzkrieg avec plus de 38 % des voix, distançant de dix points Martine Donval (RN). Le député sortant a aussi bénéficié du forfait du candidat NFP au nom du cordon sanitaire républicain.
Sophie Panonacle rempile
Hors de Bretagne, la députée de la 8e circonscription de Gironde Sophie Panonacle (majorité présidentielle), a été réélue avec 56,41 % des voix contre 43,59 % pour son adversaire RN, Laurent Lamara. Ce dernier était arrivé en tête avec 36,86 % des suffrages il y a une semaine contre 31,71 % pour la députée sortante.
La présidente de la Team maritime à l’Assemblée nationale a été co-rapporteure d’une mission sur l’économie bleue dès sa première élection en tant que députée en 2017, est investie dans des groupes d’études sur le littoral (elle est connue pour sa mobilisation sur le recul du trait de côte), l’économie maritime ou encore sur l’économie fluviale et maritime.
En septembre 2020, dans le cadre du projet de loi d'accélération et de simplification de l'action publique (loi ASAP), elle avait déposé deux amendements visant à accélérer les délais des projets d'éoliennes en mer en confiant au Conseil d'État la compétence de « connaître en premier et dernier ressorts les litiges relatifs à l'éolien en mer ».
Adeline Descamps
