Les ministres de l'Énergie, du Climat et de l'Environnement des pays industrialisés du G7, réunis à Sapporo au nord du Japon au cours du week-end, se sont engagés le 16 avril à « accélérer leur sortie » des énergies fossiles dans tous les secteurs, mais sans se fixer une nouvelle échéance.
Le groupement, qui comprend les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada, – soit 40 % de l'économie mondiale, 30 % de la demande d'énergie et 25 % des émissions de CO2 du système énergétique –, s'était déjà engagé l’an dernier à décarboner majoritairement le secteur de l'électricité d'ici 2035, un objectif confirmé à l'occasion de ce nouveau rendez-vous. Tout comme la neutralité carbone énergétique d'ici 2050 « au plus tard ».
Pro- et anti- révision
En ce qui concerne la décarbonation du transport maritime, les sept pays les plus développés se sont alignés sur l'atteinte d'un zéro net émissions, ensemble du cycle de vie compris, d'ici à 2050 au plus tard. Pour ce faire, le G7 entend « inciter les États membres de l'Organisation maritime internationale (OMI) à introduire des objectifs intermédiaires pour 2030 et 2040 » dans le cadre de la révision de la stratégie de l'OMI sur les objectifs en terme réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'est l'un des débats qui parcourent actuellement les sessions de l'autorité de régulation du transport maritime au niveau internationale. Une ligne de partage apparaît nettement entre deux clans, l'un (emmené par la Chine) prônant le statu quo et l'autre (bloc occidental dont la France) pour un resserrement des objectifs jugés peu ambitieux.
L’OMI est actuellement hors cadre par rapport aux préconisations du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) alors que les objectifs adoptés par les Etats membres en 2018, non sans mal, projette de réduire de 50 % les émissions carbone d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2008. Cette révision stratégique doit se débattre au cours du 80e session du Comité de la protection du milieu marin (MEPC80) en juillet.
Quatorze corridors maritimes verts
Les ministres se sont également engagés à adopter des mesures à moyen terme d'ici 2025, par le biais de réglementations et de mesures d'incitation, indique le communiqué de 36 pages.
En outre, dans le cadre d'une coopération multilatérale, ils plaident pour la mise en œuvre d'au moins 14 corridors maritimes verts d'ici le milieu de cette décennie, ces couloirs qui seront empruntés par des navires carburant avec des énergies bas carbone et bordés par des ports verts.
Sortie du charbon toujours problématique
Sur un plan général, comme l’an dernier, la date de sortie du charbon pour la génération d'électricité fait toujours débat alors que le Royaume-Uni, soutenu par la France, avait proposé l'échéance de 2030.
La décision de sortir de l'ensemble des énergies fossiles marque une « avancée forte », a néanmoins réagi auprès de l'AFP la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui en fait une base pour élargir l’approche au G20 en Inde et à la conférence de l'ONU sur le climat (COP28) de Dubaï en fin d'année où les négociations seront difficiles.
Soutien au gaz naturel mais tout en réduisant sa demande
Le G7 a réitéré sa conviction au sujet du gaz naturel, « dont les investissements pourraient être appropriés » pour éviter d'éventuelles pénuries énergétiques liées à la guerre en Ukraine tout en insistant, ne craignant pas la contradiction, sur la primauté d'une transition énergétique « propre » et la nécessité de réduire la demande de gaz.
Le Japon, connu pour ses propositions conservatrices, a milité pour faire reconnaître l'ammoniac et l'hydrogène comme des co-combustibles « propres » pour les centrales thermiques. Ces technologies devront être développées à partir de sources bas carbone et renouvelables pour être admises, a rétorqué le G7.
100 Md$ par an pour les pays émergents
Ces déclarations interviennent peu de temps après la publication en mars du Giec.
Selon les experts, le réchauffement de la planète causé par l'activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle dès les années 2030-2035, alors que l'accord de Paris signé en 2015 prévoit de contenir la hausse des températures bien en-dessous de 2 °C voire d'aller vers l'objectif de 1,5 °.
Le G7 a aussi réaffirmé le 16 avril son engagement à rassembler 100 Md$ par an pour les pays émergents contre le réchauffement climatique. Une promesse formulée pour la première fois en 2009 et qui devait être tenue dès 2020.
Adeline Descamps