La CGT Ports et Docks à nouveau contrainte de reporter son mouvement social face à la chaise vide

Comme en juin, la période d'instabilité qui découle du départ contraint du premier Ministre et de la mise en œuvre d'une loi spéciale, peu éprouvée, les dockers se retrouvent face à un vide d'interlocuteurs. Les jours de grève prévus les 9 et 10 décembre sont reportés aux 3 et 4 février. Le reste du dispositif prévu est en revanche maintenu.

« Comme pour les précédentes vagues, il n’est pas certain à ce stade que les débrayages soient tous maintenus ni observés avec la même force dans tous les ports. En revanche, il est certain qu’ils interviennent dans une ambiance de fin de règne sans interlocuteur avec qui négocier. Comme en juin…» C'est ainsi que le JMM concluait un article publié le 3 décembre.

La CGT Ports et Docks annonçait alors deux jours de grève, programmées les 9 et 10 décembre, ainsi que dix autres journées durant le mois de janvier au cours desquelles ils observeront à chaque fois quatre heures d’arrêt de travail dans une plage horaire de 10 à 16 h. Le syndicat prévoyait par ailleurs de ne pas respecter les heures supplémentaires et les shifts exceptionnels à partir du 1er janvier. Or, cette annonce a été percutée par le déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, dans un contexte où le gouvernement Barnier était menacé par deux motions de censure, dont on connait désormais l'issue.

« Loi spéciale »

Si le président Macron s'est engagé à nommer rapidement un successeur à Michel Barnier, premier Ministre contraint à la démission, le nouveau locataire de l'hôtel de Matignon devra conduire un gouvernement régi par « une loi spéciale » pour lever l'impôt et financer les services publics. Un outil institutionnel qui permet d'éviter la paralysie des administrations si un budget de l'État n'est toujours pas arbitré au 1er janvier. Mais si l'instrument permet d'honorer les dépenses inscrites au PLF de 2024, rien n'indique qu'il puisse faire face à de nouvelles demandes. Le texte qui se rapporte à cette dite « loi spéciale » est laconique et ne renseigne pas vraiment sur son application.

Dans cet épais brouillard, où le chaos institutionnel se confond avec l'incertitude économique, la CGT annonce l'annulation des deux jours de grève prévus les 9 et 10 décembre, mais reportés au 3 et 4 février. Elle maintient en revanche les actions (mentionnées plus haut) durant janvier. « Le nouveau remaniement ne permet pas une continuité des échanges avec le ministère des Transports sur les sujets sociaux et les investissements. La période d'instabilité entraîne un nouveau vide d'interlocuteurs en capacité de prendre des décisions », signale l'organisation syndicale. « Le processus des rencontres des dernières semaines avait permis de rappeler les engagements du président de la République et de ses ministres sur le non-application de la réforme des retraites [promulguée le 14 avril 2023] à nos professions. »

Pour rappel, grâce à un accord de branche, les dockers pouvaient, avant la réforme de 2023, valider leur carrière complète en partant quatre ans avant l'âge légal, à 58 ans donc. Or, la nouvelle loi les oblige à faire deux ans de plus (soit 60 ans). Ils souhaitent négocier ce relèvement de l'âge de départ. Le syndicat attend par ailleurs une prise compte de la pénibilité de leurs conditions de travail sous la forme « d’une cinquième année » afin d'obtenir les conditions d’une meilleure retraite anticipée, estimant qu'ils sont soumis aux horaires décalés et aux astreintes. Ils demandent aussi une reconnaissance « des dates amiante », à laquelle ils sont exposés, jusqu’en 2027.

Des revendications au long cours

Mais leurs revendications débordent largement du seul cadre de l'application de la réforme. Ils attendent également du gouvernement un niveau d'investissement massif (10 Md€) dans les infrastructures portuaires. Des revendications non sans lien avec les inquiétudes découlant des mutations en cours (transition énergétique) dans les ports.

Cette année aura été jalonnée de plusieurs mouvements pour les mêmes motifs avec plusieurs opérations en « Ports morts » en climax. Mais plusieurs d'entre elles ont été levées avant terme, soit parce que les dockers entrevoyaient une issue, ayant décroché un rendez-vous, soit ... en raison d'une chaise vide.

Point d’orgue de la ténacité sur les quais, en juin, pas moins de 10 jours de perturbations étaient prévus les 4, 6, 10, 12, 14, 18, 20, 24, 26 et 28 juin. Mais le 12 juin, face à l’impossibilité de négocier au plus haut sommet de l’État en raison d’une dissolution qui a pris le pays de court, la CGT avait été contrainte de ranger ses banderoles, promettant de les ressortir en septembre. L'histoire est décidément têtue

Adeline Descamps

Lire sur ce sujet

Retour des grèves dans les ports français en décembre et en janvier

Quatorze jours de perturbations en juin, une opération « Ports morts », les professionnels alertent à nouveau

Un tunnel d'arrêts de travail prévus jusqu'à fin juin dans les ports

CGT Ports et Docks : pas d'opération « ports morts » le 27 février

Des terminaux paralysés à Nantes et nouvelle opération « Ports morts » le 8 avril

Trois jours supplémentaires de grèves dans les ports français les 16, 22 et 27 février

Grèves dans les ports : le mouvement social... de trop

Après « Marseille en grand », les dockers veulent « le port de Fos en grand

Port

Economie – Social

Maritime

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15