Quelque 1 600 policiers et gendarmes sont déployés à Mayotte, où le cyclone Chido, le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans avec des rafales de vent observées à plus de 220 km/h, a semé la dévastation ce week-end. Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a demandé au préfet de Mayotte une mobilisation maximale des forces de l'ordre pour porter secours à la population et prévenir des situations de pillage.
Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général d'armée Pierre Schill, a fait état de son côté, via le réseau social X, de la présence de plus de 70 sapeurs-sauveteurs à Mayotte pour faire face aux conséquences du cyclone. Bruno Retailleau a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers.
Un avion gros porteur A-400M de l'armée devait décoller samedi vers 20 heures de Paris, « avec du matériel de première nécessité, de quoi faire de la génération électrique ou déblayer les accès et les routes », a expliqué à l'AFP le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l'état-major des armées.
Un aéroport impraticable
La tour de contrôle ayant été lourdement endommagée, l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi, en Petite-Terre, est fermé jusqu’à nouvel ordre aux vols commerciaux. Mais des militaires devaient évaluer son niveau de praticabilité en vue d'envisager des vols militaires. L'archipel voisin des Comores, qui dispose d'un aéroport, ne semble pas non plus en mesure d'accueillir le gros porteur militaire. L'A400M devait donc dans un premier temps s'envoler pour La Réunion, selon le porte-parole de l'état-major. Un pont aérien et maritime est donc organisé depuis l'île sachant que les deux territoires français se trouvent à plus de 1 400 km l'un de l'autre. Toutefois, un premier avion militaire avec du matériel de secours a pu atterrir à Mayotte dimanche.
Navigation dangereuse
En fin d'après-midi du samedi 14 décembre, l'armée française faisait encore état d'une mer déchaînée, avec des creux de 7 m, rendant la navigation problématique. Il fallait que le creux soit ramené à 2 ou 3 m pour que la frégate Floréal puisse s’approcher des côtes, un hélicoptère à son bord, a précisé le porte-parole de l'état-major. Ils seront rejoints par le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, en provenance de La Réunion.
Les autorités craignent un bilan humain très lourd à Mayotte, département le plus pauvre de France, de l'ordre des milliers de morts, a estimé le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville sur la chaîne publique Mayotte la 1ère. Mais il sera « très difficile d'avoir un bilan final » étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans le petit archipel de l'océan Indien, veut que les défunts soient enterrés dans les 24 heures, a précisé le représentant de l'État. En outre, la population clandestine de Mayotte dépasse les 100 000 des 320 000 habitants, selon le ministère de l'Intérieur, ce qui rend improbable un décompte des morts exhaustif.
L'alerte cyclonique a été abaissée de rouge à orange dimanche en fin d'après-midi à Mayotte. Des dégâts mineurs ont été signalés dans les îles des Comores voisines de Mayotte.
La rédaction (avec l'AFP)