Donald Trump ne s'est pas encore installé dans l'aile ouest de la Maison Blanche. Mais Joe Biden n'a pas besoin de lui pour lever les barrières. Le futur ex- et l'ex-futur présidents, que tout oppose, n'ont eu que le protectionnisme pour horizon quand ils étaient encore tous deux en lice dans la course à la Maison Blanche. La réponse au tac-au-tac de la Chine, quelques heures à peine après que Washington a annoncé des restrictions visant le secteur des semi-conducteurs chinois, donne un avant-goût de ce que sera la prochaine mandature.
Le gallium, le germanium, l'antimoine et d'autres matériaux susceptibles d'être employés dans des technologies civiles et militaires sont concernés par les nouvelles règles que vient d’édicter le ministère chinois du Commerce, invoquant des enjeux de « sécurité nationale ». Les matériaux visés doivent désormais obtenir une licence avant d'être exportés vers les États-Unis, tandis que les exportations destinées « à des usages militaires » sont strictement interdites.
Troisième vague de restrictions
Cette annonce fait suite à une troisième vague de restrictions, annoncée en début de semaine par Washington, sur les ventes à la Chine de semi-conducteurs et d'équipements utilisés dans la fabrication des précieuses puces. L'objectif est « d'entraver la capacité de la Chine à acquérir et produire les technologies nécessaires à sa modernisation militaire », avait précisé le département américain du Commerce dans un communiqué. La Chine avait immédiatement réagi, accusant les États-Unis de « politiser les questions commerciales et technologiques », de « porter atteinte aux échanges » et aux « exportations de certains pays vers la Chine » et de « sanctionner plusieurs entreprises chinoises », peut-on lire dans le communiqué du ministère chinois du Commerce.
Matériaux critiques
La seconde puissance économique mondiale représente 94 % de la production mondiale de gallium, un métal stratégique utilisé dans les panneaux solaires, notamment. Elle est également la source de 83 % du germanium, un métalloïde utilisé dans la fabrication de fibre optique ou de récepteurs infrarouges. Le graphite, un des composants essentiels à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques, fait également l'objet d'une attention renforcée des autorités chinoises.
Ces matériaux jouent un rôle « critique dans les technologies de pointe » et « beaucoup de fabricants intermédiaires avaient commencé à [les] stocker », a souligné auprès de l'AFP Brady Wang, directeur associé au cabinet de conseil Couterpoint. Il fait référence à la décision prise l'an passé par l'exécutif chinois de renforcer les contrôles à l'exportation.
Perturbations de la chaîne d'approvisionnement
Ces restrictions réciproques pourraient entraîner des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et une hausse des prix, a signifié à l'AFP Chong Ja Ian, professeur associé en sciences politiques à l’Université nationale de Singapour.
Dans un communiqué, l’Internet Society of China a « appelé les entreprises nationales à (…) être prudentes lors de l’achat de puces américaines, à chercher à développer leur coopération avec les fabricants de puces d’autres pays (...), et à utiliser activement les puces produites et fabriquées en Chine par des entreprises nationales et étrangères ». L’Association chinoise des constructeurs automobiles a quant à elle accusé Washington d’avoir « arbitrairement amendé les règles de contrôle, affectant gravement la stabilité de l'approvisionnement en puces américaines », estimant même que les puces automobiles américaines ne sont plus fiables et sûres.
La rédaction (avec l'AFP)
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