Mer Baltique : le navire chinois suspecté dans la rupture de câbles sous-marins est autorisé à repartir

Après une  « inspection à bord », dont la raison d'être questionne dans la mesure où elle est effectuée par les autorités chinoises à bord d'un navire chinois, le vraquier Yi Peng 3 devait reprendre la mer ce jeudi 19 décembre. L'enquête judiciaire est en cours sur la rupture de câbles de télécommunications, tous deux situés dans les eaux suédoises de la mer Baltique.

Le Yi Peng 3, propriété de l'armateur chinois Ningbo Yipeng Shipping, ancré dans dans le détroit du Kattegat, entre la Suède et le Danemark, en raison de sa responsabilité présumée dans la rupture de deux câbles en mer Baltique, devait repartir ce jeudi 19 décembre après une « inspection à bord ». Le navire, quii avait quitté le port russe d'Oust Louga le 15 novembre, était immobilisé dans les eaux internationales, depuis le 19 novembre, sous la surveillance des gardes-côtes suédois.

L'investigation a été menée par des représentants des autorités chinoises en présence de la police danoise mais en qualité d'observateurs, et de représentants de la Suède, de l'Allemagne et de la Finlande. Les autorités danoises ont insisté sur le fait que l'opération ne faisait pas partie de l'enquête judiciaire en cours, menée par l'Autorité suédoise d'enquête sur les accidents (SHK). Cette dernière devait toutefois assister à cette « inspection », dont la raison d'être questionne dans la mesure où elle est effectuée par les autorités chinoises à bord d'un navire chinois. « Certains ont affirmé que la rupture du câble était liée aux ancres du navire. Il est donc intéressant pour nous d'entendre ce que l'équipage a à dire à ce sujet », a justifié le président du SHK John Ahlberk auprès de l'AFP, tout en reconnaissant, selon l'agence de presse, ne pas être certain d'avoir accès à l'équipage ni de mener ses propres investigations. Quoi qu'il en soit, le SHK n'a aucun pouvoir d'enquête sur le cargo ancré dans les eaux maritimes internationales.

Abîmés et rompus dans une même fenêtre de temps

Des sections de deux câbles de télécommunications, tous deux situés dans les eaux suédoises de la mer Baltique — l'Arelion, reliant l'île suédoise de Gotland à la Lituanie et; le C-Lion1 entre la Finlande à l'Allemagne –, ont été abîmes et rompus les 17 et 18 novembre. La simultanéité met à l'épreuve la cause accidentelle sauf à considérer le hasard comme une thèse sérieuse.

Le vraquier chinois, de construction datant de 2001, a navigué dans la zone à peu près au moment où ils ont été sectionnés, selon VesselFinder, site de suivi des navires, bien que rien n'indique qu'il soit impliqué.

Alors que la diplomatie chinoise avait rejeté, dès le 20 novembre, les soupçons visant son bâtiment, Stockholm avait demandé à Pékin le 28 novembre de coopérer pour clarifier son rôle dans ces incidents. Des réunions entre les représentants des quatre pays concernés ont par ailleurs eu lieu en début de semaine à Copenhague.

Tensions en Baltique à son acmé

En raison des tensions autour de la mer Baltique depuis l'invasion russe en Ukraine, plusieurs dirigeants avaient fait allusion à de possibles actions menées par Moscou. Une référence implicite au sabotage en septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de la guerre, des gazoducs Nord Stream 1, qui desservait l'Europe en gaz russe via l'Allemagne, et son clone (Nord Stream 2) opérationnel mais jamais entré en service, dont les causes restent à élucider. Alors que le gaz n’était pas concerné par les sanctions européennes, Vladimir Poutine avait suspendu au préalable l'approvisionnement en réaction au soutien européen à son voisin. Les allégations ont fait promptement réagir le Kremlin, y opposant un ferme démenti.

En octobre 2023, un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l'Estonie, le Balticconnector, avait été endommagé par l'ancre d'un navire chinois.

Adeline Descamps

 

 

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