Taux de fret : premier temps d'arrêt après des semaines de hausse

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Le ralentissement est attribué, selon les analystes, à la perspective d’une trêve au Moyen-Orient et ainsi à la reprise éventuelle du trafic via la mer Rouge. Mais les derniers événements rappellent la fragilité de cette croyance alors que le Hamas vient d'annoncer son retrait des négociations. L’idée selon laquelle les taux de fret pourraient rester tendus jusqu'à la Golden Week en octobre s'impose.

Selon le dernier relevé de l’indice SFCI (Shanghai Containerized Freight Index), qui reflète les prix du transport depuis Shanghai vers les ports d’une vingtaine de destinations, les taux de fret ont marqué le premier temps d’arrêt depuis des semaines, ayant perdu près de 60 points, dans la semaine se clôturant le 12 juillet après avoir encaissé plusieurs semaines de hausse consécutive, dont une poussée de 12,5 % la semaine précédente.

L'indice mondial des conteneurs de Drewry (WCI) montre également un ralentissement, n’ayant augmenté que de 1 %, à 5 901 $ par conteneur de 40 pieds cette semaine, ce qui représente toutefois une hausse de 297 % par rapport à la même semaine l'année dernière et de 315 %, comparé aux taux moyens de 2019 (avant la pandémie) de 1 420 $.

Ils ont néanmoins continué d’augmenter, de 3 à 4 % de New York à Rotterdam et de Shanghai à New York mais de 1 % entre Shanghai et Gênes ou Shanghai et Los Angeles, à 7 614 $ et 7 512 $ par feu. Les tarifs se retirent en revanche de Rotterdam à Shanghai (- 2 %, à 631 $ par boîte de 40 pieds).

Situation fragile et volatile

Ce ralentissement est attribué, selon les analystes, à la perspective d’une trêve au Moyen-Orient et ainsi à la reprise éventuelle du trafic de ligne via la mer Rouge.
Mais les derniers événements viennent encore rappeler la fragilité de cette croyance. Le Hamas a annoncé ce dimanche 14 juillet son retrait des négociations sur un cessez-le-feu, au lendemain d'une frappe israélienne meurtrière qui a visé le chef militaire du mouvement palestinien et tué l'un de ses proches dans le sud de la bande de Gaza.

« Entre l’Asie et l’Europe, la barre symbolique des 10 000 $/FEU [conteneur de 40 pieds, NDLR] est de plus en plus souvent franchie et le mois de juillet est déjà chargé, indique le transitaire Ovrsea. Mais les compagnies pourraient décider d’appliquer de nouvelles hausses à la mi-juillet, avec l’espoir que le marché les suive. Les Peak Season Surcharges (PSS), elles, se multiplient, mais surtout sur des trades secondaires, notamment vers l’Afrique », complète la société qui surveille de près le trade transpacifique.

Effets d'anticipation

Là, les effets d’anticipation par les détaillants américains pour sécuriser les stocks dans la perspective des fêtes commerciales de fin d’année pourraient mettre les tarifs en ébullition. Les temps de transit plus longs autour de la corne de l'Afrique et l'incertitude concernant les droits de douane (si Donald Trump accède au bureau Ovale, ils pourraient augmenter de 60 % sur la Chine) mettent les acteurs américains de l'export/import sur le qui-vive.

Le SCFI pour la voie Asie-côte ouest-américaine – un commerce qui n'est pas directement affecté par les détournements de la mer Rouge ni par les problématiques du canal de Panama –, a atteint 8 103 $/FEU au cours de la semaine qui s'est achevée vendredi, proche des 8 117 $ dans la semaine du 18 février 2022, au plus fort de la crise épidémique.

Si le World Container Index n’a augmenté que légèrement cette semaine, la hausse de la semaine d’avant avait été notable : + 12 % sur le transpacifique et + 17 % vers New York. La surchauffe sur ette dernière destination est alimentée par la perspective de mouvements sociaux. Les négociations entre les syndicats des dockers de la côte Est et du golfe de Mexique (International Longshoremen's Association) et ceux des employeurs (United States Maritime Alliance) sur la nouvelle convention collective s’enlisent alors que le précédent contrat de travail expire le 30 septembre. Les importations américaines d’Asie ont crû de plus de 18 % entre janvier et mai, par rapport à la même période de 2023 et de 29 % par rapport à celle de 2019.

Jusqu'à la Golden Week ?

L’idée selon laquelle la situation pourrait rester exceptionnellement tendue jusqu’à la Golden Week (début octobre) fait de plus en plus d'émules, y compris chez les armateurs de porte-conteneurs.

« Nous constatons une forte demande, en particulier depuis le 1er mai, qui se heurte à une disponibilité limitée, en raison de la situation en mer Rouge, ce qui explique la hausse des taux au comptant », a expliqué Rolf Habben Jansen au cours d’une conférence de presse. Selon lui, les déroutements mobilisent environ 5 à 9 % de la capacité mondiale des navires.

Estimant que la demande mondiale de transport pourrait augmenter de 3 à 4 % cette année, le PDG, à la barre du cinquième transporteur mondial, a revu à la hausse ses prévisions de bénéfices.

« Les déviations autour du cap de Bonne Espérance et la congestion qui en résulte dans les principaux ports ont poussé les importateurs aux États-Unis et en Europe à reporter au premier semestre des commandes habituellement réservées au troisième trimestre. Nous pourrions assister à un pic en juillet suivi d'une réduction des taux de fret en raison du désengorgement et de la réduction de la demande. Mais le conflit en cours au Moyen-Orient et de nouvelles perturbations potentielles, telles que des grèves, pourraient prolonger ces défis », résume Christian Roeloffs, cofondateur et PDG de Container xChange, place de marché numérique pour le commerce et la location de conteneurs.

Adeline Descamps

 

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