La contamination des soutes à Singapour atteint déjà une valeur de 120 M$

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L’affaire évolue aussi vite qu’une traînée de poudre. En quelques heures, le nombre de navires ayant reçu des carburants contaminés par des hydrocarbures chlorés est estimé plus de 60. Pertes de puissance, pannes de moteurs, les demandes d’indemnisation affluent chez les assureurs.

Le dossier s’annonce comme la série du printemps à escalier. L’affaire des soutes contaminées par un fioul à haute teneur en soufre (HFO), délivré par le port de Singapour, place forte mondiale pour l’avitaillement des navires, prend de plus en plus d’ampleur. 

Les premières détections de cas suspects avaient conduit l'autorité maritime et portuaire de Singapour a lancer mi-mars une enquête à grande échelle afin de tracer toutes les étapes qui ont conduit à la fourniture de carburants infectés par des hydrocarbures chlorés. Depuis l’identification des 14 premiers navires, qui avaient signalé des pertes de puissance et des problèmes de moteur, il y a à peine quelques jours, la liste s’est allongée. Il est désormais question d’une soixantaine de navires, qui se sont approvisionnés auprès de deux fournisseurs de carburants via 12 barges soutage entre la mi-février et la mi-mars.

Dépistage recommandé aux points d’avitaillement

La société d'analyse de carburant et d'huile Veritas Petroleum Services (VPS), qui examine la pureté des carburants pour les transporteurs avant le soutage, a identifié 140 170 t de carburants contaminés dont elle estime la  valeur à 120 M$. L’expert a alerté sur le fait que les lots contaminés restent dans la chaîne et pourraient potentiellement être réutilisés ou mélangés à nouveau pour être servis « à la pompe ». Pour prévenir le risque mais aussi documenter le phénomène, VPS considère le dépistage par chromatographie en phase gazeuse avec spectrométrie de masse (GCMS) comme la méthode la plus efficace pour détecter les contaminants chimiques, y compris les hydrocarbures chlorés. 

Deux précédents en 2001 et 2018

Cet événement n’est pas une première. Il y a eu des précédents en 2001 et 2018 à Houston. « Quatre ans plus tard, les poursuites judiciaires de l’affaire à Houston sont toujours en cours, et nous réalisons tout juste l'impact financier qu'un seul lot de mauvais carburant peut avoir sur l'industrie », a réagi Jonathan Arneault, cofondateur de FuelTrust, un concurrent de VPS.

L'assureur de navires Skuld, basé en Norvège, indique avoir reçu plusieurs demandes d'indemnisation liées à des chargements de carburants ces deux dernières semaines. Gard, un autre P&I, a également enregistré des dossiers mentionnant des cas graves de panne du moteur principal liés à des problèmes similaires. 

Les deux sources des blend suspects ont été assez rapidement identifiés. Il s’agit du négociant en matières premières Glencore, qui a fourni directement des navires mais aussi livré des quantités de fuel à un autre fournisseur de bunker : PetroChina se retrouve ainsi indirectement impliqué dans cette affaire gênante.

A.D.

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