En 2020, Gaztransport & Technigaz (GTT) avait réalisé un exercice d’excellente tenue, ignorant superbement la conjoncture dans laquelle la société d’ingénierie française évolue, à l’image des précédentes années, imperméable à l’hyper volatilité du marché du gaz.
En pleine crise planétaire, le spécialiste des systèmes de confinement à membranes pour le transport maritime et le stockage de gaz liquéfié avait affiché un chiffre d'affaires (composé aux 9/10e de redevances) de 396,4 M€, en croissance de 37,5 % par rapport à 2019, lequel était déjà en progression de 17 % par rapport à 2018. Elle avait affiché un excédent brut d’exploitation (+ 39,2 %) à 242,6 M€ et un résultat net en progression de 38,7 %, à 198,8 M€.
En 2021, comme il avait été anticipé du fait du décalage des échéances de livraison, les résultats financiers sont bien moins enthousiasmants avec un résultat net en recul de 32,6 %, à 134,1 M€, un Ebitda en baisse de 29 % à 172,2 M€, une marge en retrait à 54,7 %, par rapport au niveau hors normes de 2020 (61,2 %). Le chiffre d'affaires (314,7 M€) s'est contracté de 20,6 % par rapport à 2020, année qui avait bénéficié de l'afflux de commandes de 2018 et 2019 pour les constructions neuves. L’ensemble se solde par un dividende de 3,10 € par action contre 4,29 € en 2020.
GTT : « les commandes de méthaniers se maintiennent à des niveaux élevés »
Revenus conformes à ses prévisions
Bien qu’en sérieux repli, les résultats ont déjoué les attentes des marchés qui avaient été légèrement plus pessimistes. « Les revenus pour 2021 sont conformes à nos attentes, en baisse par rapport à 2020, où les revenus étaient exceptionnellement élevés, mais en hausse de 9 % par rapport à 2019 », corrige Philippe Berterottière, le PDG de GTT, aux manettes depuis 2009 et dont le mandat sera probablement prolongé pour deux ans supplémentaires lors de l'assemblée générale annuelle du 31 mai. Aux termes des deux ans, la présidence et la direction générale (poste à pourvoir donc) seront dissociées.
GTT a rendu ses systèmes GNL compatibles pour l'ammoniac
Activité commerciale bien lotie
Sur le plan commercial, le fabricant de ces systèmes qui permettent de stocker et de transporter le GNL en toute sécurité a bien garni son carnet de commandes. Il totalise désormais près de 800 M€ jusqu’en 2025 (263 M€ en 2022, 319 M€ en 2023, 182 M€ en 2024 et 31 M€ en 2025).
Les commandes de méthaniers (au nombre de 68 en 2021) se maintiennent à des niveaux élevés alors qu’entre 80 et 90 % des méthaniers en service sont déjà équipés de ses cuves tapissées d’un revêtement en alliage spécifique. « La dynamique se poursuit en 2022 avec dix méthaniers commandés depuis le début de l'année, ajoute le dirigeant. Tous les projets de liquéfaction en cours de construction représentent un réservoir potentiel de commandes. »
GTT : Engie envisage de quitter le navire
27 commandes pour des navires au GNL
Pour ce qui est des navires au GNL, l’entreprise de Saint-Rémy-lès-Chevreuse a engrangé 27 contrats, reflets de l’appétence des constructeurs pour sa technologie mais aussi des arbitrages opérés par les armateurs pour la propulsion de nouveaux navires (240 commandes de navires au GNL l’an dernier selon DNV). En 2020, elle n’avait absolument pas fait recette à cet égard. L’an dernier, la société a notamment été retenue pour équiper les 12 porte-conteneurs au GNL de CMA CGM, confiés aux chantiers navals chinois Hudong-Zhonghua et Jiangnan Shipyard, et pour les cinq navires confiés au sud-coréen Samsung Heavy Industries (SHI) pour le compte de l'armateur asiatique Seaspan qui seront affrétés à ZIM.
Au 31 décembre 2021, son carnet de commandes, tous segments confondus s’élevait à 193 unités.
GTT réalise une acquisition majeure dans l’hydrogène vert
Position dans l’hydrogène et l’ammoniac
Elogen, revendiqué comme le seul fabricant en France d’électrolyseurs permettant de produire de l’hydrogène vert, sur lequel GTT a jeté son dévolu en 2020, a pour sa part engrangé ses premiers contrats sous la tutelle de son nouvel actionnaire. L’ex-Areva H2G (5 M€ de chiffre d’affaires) a notamment été sélectionnée en octobre par Storengy, dans le cadre du projet HyPSTER, pour concevoir et fabriquer l'électrolyseur PEM (membrane échangeuse de protons) de 1 MW. En janvier, l’entreprise a amorcé son passage à l’industrialisation avec l’installation d’une nouvelle ligne de production d'électrolyseurs destinée à atteindre une capacité d'assemblage de 160 MW par an.
Pour 2022, en l'absence de retards ou d'annulations de commandes significatives, Philippe Berterottière anticipe un chiffre d'affaires consolidé compris entre 290 et 320 M€ et un Ebitda entre 140 et 170 M€.
Quant à la cession par Engie de ses 40 % dans GTT, le géant gazier français a amorcé sa sortie. L’ex-GDF Suez a cédé en mai 2021 une participation de 10 % puis a émis en juin 2021 des obligations échangeables à hauteur de 10 % du capital social de GTT.
Adeline Descamps