CMA CGM : forte amélioration des résultats d'exploitation dans un contexte inédit

 

À l’image de ses homologues, le n° 4 mondial du transport maritime a terminé le deuxième trimestre de l'année avec un bénéfice d'exploitation en hausse de 26 % par rapport à la même période de l'année dernière. Le résultat net du groupe sort du rouge, en passant d’une perte de 109 M$ à un bénéfice de 136 M$. Les résultats opérationnels du 3e trimestre devraient être encore améliorés, assure l’armateur français.

À l’image de ses homologues, CMA CGM a désarmé le Covid en présentant des résultats d’exploitation en forme et encore améliorés par rapport au précédent trimestre, et ce, dans un contexte de baisse des volumes transportés. Il était le dernier du club des cinq premiers opérateurs mondiaux de porte-conteneurs à publier ses résultats et, à l’exception de Cosco, ils ont tous affiché des bénéfices en forte hausse par rapport à la même période de l'année dernière.

En cela, ils ont trompé la plupart des analystes qui pariaient sur leur indiscipline collective, à savoir la tentation à répondre à la crise de la demande par une guerre des prix qui aurait été dévastatrice pour la rentabilité de sociétés à l’état d’endettement déjà avancée pour certaines.

Au contraire, les transporteurs ont ajusté en temps réel la capacité opérée à la demande. Une stratégie d’entente qui réveille des soupçons jamais dissipés chez les chargeurs, commissionnaires et transitaires de collusion entre armateurs.

La discipline des armateurs prépare le secteur à une année incroyablement rentable

Mieux que...

Avec une croissance de 26 % de son résultat d’exploitation (à 1,2 Md$), le n° 4 mondial du transport maritime a fait même mieux – en termes de trajectoire de croissance – que le leader danois Maersk (+ 18,6 %) et que le n° 5 mondial et allemand Hapag-Lloyd (+ 23,6 %). En valeur, Maersk (division Ocean, c’est-à-dire les lignes maritimes et les terminaux portuaires dits stratégiques) a déclaré un bénéfice d’exploitation (Ebitda) de 1,36 Md$ au 2e trimestre. Le transporteur allemand a fait part d’un Ebitda de 1,16 Md€ (1,37 Md$).

Ainsi, la marge opérationnelle de CMA CGM s’est élevée à 530 M$ (soit 7,6 %) contre 286 M$ (3,7 %). Le résultat net du groupe français confirme sa sortie du rouge carmin, en passant d’une perte de 109 M$ à un bénéfice de 136 M$ à l’issue d’un deuxième trimestre complètement atypique. Le premier exercice financier de l’année lui avait déjà permis de revenir aux profits avec 48 M$ encaissés.

« Grâce à notre agilité et à la complémentarité de nos activités – transport maritime et logistique –, nous avons su adapter notre offre de services pour répondre à l’évolution rapide des besoins de nos clients. Nous avons aussi réduit significativement nos coûts et bénéficié de la baisse du prix du pétrole. Les résultats du 3e trimestre devraient marquer une nouvelle amélioration de notre performance », assure, confiant, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, dans un communiqué diffusé à l’issue du conseil d’administration le 4 septembre.

CMA CGM a maîtrisé ses ratios d'exploitation durant le premier trimestre

Ce cher pétrole si peu cher

Si le premier trimestre avait mis la machine mondiale à l’arrêt, la levée progressive des mesures de confinement a permis une reprise des volumes transportés à partir de mai, « sous l’effet conjugué de reconstitution des stocks et de la vive reprise de la consommation de biens, notamment aux États-Unis », précise le dirigeant français.

En conséquence du ralentissement des volumes engendré par les secousses de la crise sanitaire sur le commerce mondial, le chiffre d’affaires consolidé (shipping et logistique) s’inscrit en baisse de 9 %, à 7 Md$, sur le second trimestre. Pour la seule activité maritime, le repli des revenus est encore plus marqué (- 10,9 %, 5,3 Md$), reflétant celui de 13,3 % des volumes transportés, qui sont passés de 5,5 à 4,78 MEVP, avec toutefois un revenu moyen de 1 112 $/EVP, en progression de 2,8 % sur un an.

Pour autant, le résultat d’exploitation est parti en flèche, + 30 %, pour s’établir à 1,05 Md$ contre 808 M$ il y a un an à la même période. Le résultat net passe de pertes à profits : de – 68 à + 145 M$. La baisse des dépenses opérationnelles unitaires par EVP (de 4,6 %) entre avril et fin juin, à 892 $, a contribué à l’amélioration des ratios. Elle est en grande partie liée à la déroute des marchés pétroliers qui a rendu le pétrole si peu cher.

CMA CGM obtient un prêt garanti par l'État de 1,05 Md€

Logistique : Ceva réduit ses pertes

Sur le segment de la logistique, assumé par Ceva Logistics, le commissionnaire autrefois suisse que CMA CGM a acquis l’an dernier, le chiffre d’affaires est en repli de 4,7 %, à 1,7 Md$. Le groupe considère que la crise sanitaire aura pesé sur ses résultats à hauteur de 7 M$ en manque à gagner, ce qui reste peu. À 153 M$, l'Ebitda est aussi en croissance de 4,1% par rapport au 2e trimestre 2019.

En pleine crise mondiale, qui a cloué au sol les avions de ligne (passagers avec fret en soutes), les résultats du logisticien ont été portés, comme pour la plupart des acteurs de ce marché, par le fret aérien et l’affrètement d’avions cargo. Au final, le résultat net de la division a réduit sa perte, passée de 32 M$ de déficit au 2e trimestre 2019 à un petit million de dollars en 2020.

La demande de la région transpacifique échappe à tout entendement

La reprise du trafic maritime de conteneurs observée depuis le mois d’avril devrait se poursuivre au 3e trimestre sur la plupart des liaisons » Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM

Se délester et se renflouer

Quant à la liquidité du groupe, elle s’établit à 2,6 Md$ au 30 juin, « permettant de couvrir largement les prochaines échéances financières ». CMA CGM a bénéficié d’un prêt bancaire garanti par l’État français d’un montant de 1,05 Md€ dont 300 M€ ont été affectés à une augmentation de capital de Ceva. Pour se renflouer, le groupe a en outre procédé à la vente de quelques actifs ces derniers mois, vente de navires et de participations dans les terminaux portuaires notamment.

L’armateur français croit à la reprise du commerce international dès le 3e trimestre. « La reprise du trafic maritime de conteneurs observée depuis le mois d’avril devrait se poursuivre au 3e trimestre sur la plupart des liaisons, portée par la reprise plus rapide de la consommation de biens que de services, par le développement de l’e-commerce, ainsi que par la saisonnalité habituelle. Ces facteurs ont récemment porté les taux de fret à des niveaux historiquement élevés, en particulier sur les liaisons transpacifiques », indique Rodolphe Saadé, qui anticipe « une nouvelle amélioration significative de la marge opérationnelle ». Rendez-vous en septembre.

Adeline Descamps

 

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Maersk brave la crise sanitaire au 2e trimestre

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