ZIM : un bénéfice en hausse de 394 %

 

En dépit d’une crise sans précédent, le transporteur maritime israélien de conteneurs s’illustre par d’incroyables performances financières au deuxième trimestre 2020. À l’instar de ses homologues du classement mondial du secteur. Fort d’un taux de fret qui s’est apprécié de plus de 7 %. 

Enfin de la lumière pour l’armateur israélien, qui semblait abonné, exercice après exercice, aux résultats déficitaires. 2020 lui sourit. Le 11e armateur mondial par la capacité conteneurisée a démarré l’année en forme. À l’issue du premier trimestre, malgré une baisse des volumes transportés de 4,5 %, à 668 000 EVP, son chiffre d'affaires avait progressé de 3,4 %, à 823,2 M$ grâce à une amélioration des taux de fret moyen par EVP de 7,1 % (1 091 $ contre 1 019 $). Le bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda) avait alors connu une très forte croissance de 40,3 %, passant en un an de 69,3 M$ à 97,2 M$. Ce n’est rien en comparaison de la performance du deuxième exercice trimestriel de l’année.

Zim démarre l'année en fanfare

À fin juin, l’armateur israélien présentait un bénéfice net de 25,3 M$ contre 5,1 M$ à la même période de 2019. « Nous avons obtenu nos meilleurs résultats depuis une décennie », confirme Eli Glickman, le CEO de Zim. Le résultat brut d’exploitation pour le deuxième trimestre s'est élevé à 145,1 M$, soit une hausse de 53,7 % en glissement annuel tandis que le bénéfice ajusté avant intérêts et impôts (Ebit, l’équivalent de l’excédent brut d’exploitation en comptabilité française) a fait un bond de 87,9 % d'une année sur l'autre pour s’établir à 72,7 M$.

Les armateurs de porte-conteneurs broient du noir jusqu'au troisième trimestre

Coûts de soute allégés

À l’instar de ses homologues du classement mondial des transporteurs maritimes de conteneurs, il s’illustre, en pleine crise sanitaire, par la rentabilité alors même que les volumes transportés ont chuté de 12,3 %, soit 641 000 EVP. En conséquence, le chiffre d’affaires s’incline de 4,7 % en un an, passant de 834,3 à 795,1 M$. La crise sanitaire, dont les effets ont encore plus durement piqué au 2e trimestre, « a entraîné une réduction de la demande et des investissements dans de nombreux secteurs, ce qui a eu des répercussions négatives sur le volume des échanges », analyse le président de Zim. Elle a néanmoins bien profité aux compagnies sur le plan des coûts de soute (en raison de la déroute des marchés pétroliers) et des taux d’affrètement, qui se sont bien allégés.

Ainsi ZIM a-t-elle colmaté les trous en six mois. Le transporteur est passé d’une perte nette de 19,2  M$ à un bénéfice de 13,4 M$ entre juin 2019 et 2010. Son Ebitda s’est considérablement apprécié, passant de 170 à 242,3 M$ au cours des six premiers mois de cette année. Le taux de fret moyen par EVP s’est apprécié de 7,6 %, soit 1 081 $. In fine, sur le semestre, le chiffre d’affaires ne se tasse que très légèrement, de 0,7 %, passant de 1,63 à 1,61 Md$ en dépit d’une demande de transport morne : les flux transportés ont décliné de 8,5 %, passant de 1,39 à 1,28 MEVP.

ZIM : Vers des services plus rapides à l’avenir ?

Selon Eli Glickman, le positionnement de l’entreprise en tant que « client centric » lui a permis de barrer les vents contraires grâce au déploiement de services innovants : « agilité et initiative fort appréciée par nos clients », avance-t-il. « Nous avons élargi notre gamme d'outils numériques, améliorant ainsi la façon d’interagir avec nos clients. »

Ces dernières semaines, l’armateur a en effet présenté de nouveaux services, facilitant la gestion par le client, pour par exemple approuver ou de modifier son B/L en ligne, pour être notifié en temps réel en fonction de ses besoins, pour recevoir des cotations spot en ligne, réserver leur expédition avec un espace garanti à bord… Il n’est pas le seul. La plupart des transporteurs ont eu la main lourde sur le développement numérique ces derniers mois.

L’actualité est chargée pour l’israélienne. Ces dernières heures, on prêtait à la société l’intention de s’introduire en bourse à l'étranger, à Londres ou à New York. Selon Reuters, la compagnie maritime aurait engagé trois banques pour l'aider dans cette tâche. Évaluée à 750 M$, la société, qui a pour actionnaire principal Kenon Holdings d'Idan Ofer (32 %), refuse de confirmer ce qui n’est, à cette heure, encore qu’une spéculation. A ceci près que la cotation en bourse est un objectif à long terme du transporteur, plusieurs fois ajournée en raison de la conjoncture : diverses crises économiques et sa situation financière. Le spécialiste des trafics portuaires et lignes maritimes, Dynamar, rappelle que le gouvernement israélien a un droit de veto quand il s’agit de céder plus de 35 % du capital de la société.

Adeline Descamps

 

Résultats financiers et opérationnels pour le semestre clos le 30 juin 2020 (p/r au 1er semestre 2019)

 Bénéfice net : 13,4 M$ contre une perte nette de 19,2 M$ 

Chiffre d’affaires : 1, 62 Md$ vs1,63 Md$  (- 0,7 %)

Volumes transportés : 1,28 MEVP contre 1,4 MEVP (- 8,4 %)

Taux de fret moyen : 1 081 $/EVP contre 1 005 $ (+ 7,6 %)

Ebitda : 242 M$ contre 170 M$ 

Ebit: s 93,7 M$ contre 62,8 M$ 

Flux de trésorerie : 221,3 M$ contre 123,8 M$ 

 

ZIM a recours à l’intelligence artificielle pour détecter le fret mal déclaré

Fléau des transporteurs, les cargaisons dangereuses mal déclarées avant le chargement sur le navire sont tenues responsables de nombreux accidents. En 2019, une triste loi des séries en a apporté une tragique démonstration si bien que les exploitants de navires sont passés à l’amende. L’armateur israélien fait partie avec Hapag-Lloyd des transporteurs qui sont engagés de façon militante dans ce combat qui coûte en vies humaines et dommages matériels.

L’entreprise vient de présenter un nouveau système dénommé ZIMGuard™ qui scanne et signale en temps réel les éventuelles déclarations erronées grâce à l’intelligence artificielle (IA), aux capacités de traitement du langage naturel (NLP) et à l’apprentissage automatique. Le logiciel de contrôle a notamment été éprouvé dans les principaux ports de Chine, des États-Unis et d'Israël et devrait être déployé dans toutes les lignes ZIM d'ici à la fin de cette année.

« Depuis le lancement de ZIMGuard, nous avons été alertés de dizaines de cas de cargaisons mal déclarées », indique le CEO Eli Glickmann, prêt à « offrir une licence commerciale aux parties qui pourraient être intéressées à l'utiliser ». « ZIM s'efforce d'être à la pointe de la technologie dans tous les aspects de ses opérations. L'introduction de capacités d'IA avancées pour optimiser la sûreté et lala sécurité est un autre exemple de ces efforts en cours », ajoute Eyal Ben-Amram, le directeur général.

« Faire face aux déclarations erronées de cargaisons dangereuses est un défi. Le nouveau système s'est avéré efficace et conforme aux objectifs. Il nous permet d'identifier, d'enquêter et de clarifier tout problème avant le chargement, en garantissant la sécurité de l'équipage et du navire, et la sécurité de la chaîne d'approvisionnement en général », a complété le capitaine Zadok Radecker, responsable des cargaisons dangereuses et spéciales.

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