Les différentes entités du groupe Cosco, dont la résistance à toutes épreuves faisait loi, ont donc un mis un genou à terre. L’activité de transport maritime de conteneurs comme les opérations de manutention ont accusé durant le premier semestre des baisses de régimes. Atteinte dans ses ratios financiers, Cosco Shipping a cependant augmenté ses revenus tandis que l’opérateur portuaire accuse baisses de volumes et du chiffre d’affaires.
Le segment conteneurs de Cosco Shipping Holdings a enregistré un bénéfice de 189 M$ au premier semestre 2020, en baisse comparé à ses 204 M$ affichés sur la même période l'an dernier. Les revenus de Cosco Shipping – Cosco et OOCL – ont néamoins progressé de près de 4 % pour atteindre 10,45 Md$. En revanche, le résultat d’exploitation a davantage marqué le pas, passant de 494 à 408 M$ entre les premiers semestres 2019 et 2020. La marge du transporteur perd un point, de 4,9 à 3,9 %.
Inévitablement, la chine étant le foyer de l’épidémie, les volumes du géant chinois du transport maritime s’inclinent mais limitent le repli, à 5 % pour 11,8 MEVP entre janvier et juin. OOCL se porte mieux que Cosco, plus exposé du fait des activités de ce dernier en Chine continentale.
Les volumes transpacifiques ont baissé de près de 4 %. Les routes les plus lucratives entre Asie et Europe ont reculé de 6 %. L'activité de la région Asie a reculé de 1 %. Mais là encore, les revenus ont progressé sur ces mêmes routes, respectivement de 1 %, 7 % et 14 %. La part des volumes hors Chine des deux armements a progressé. Alors qu'elle était de 37 % en 2019, elle est passée à 38,6 % cette année.
Le portuaire à l’avenant
Dans le portuaire, les résultats sont à l'avenant. Cosco Shipping Ports se dit confiant quant à la reprise, grâce à « une situation financière solide et une demande captive ». Le premier manutentionnaire mondial affiche un chiffre d'affaires en recul de 12,6 %, à 452,7 M$. Le bénéfice net, à 163,4 M$, augmente de 10,5 % en glissement annuel.
CoscoSP a manutentionné 57,63 MEVP, en baisse de 3,6 % sur le premier semestre 2020 par rapport au même semestre de 2019. Les conteneurs traités hors Chine ont totalisé 13,6 MEVP, en légère diminution de 1,1 %.
Le port grec du Pirée, à l’extraordinaire ascension ces dernières années, « affecté par la suppression des services », a accusé un recul de 6,2 %, à 2,4 MEVP. Zeebrugge a en revanche a vu ses volumes bondir de 58,4 %, passant de 184 724 à 292 531 EVP en un an. Abu Dhabi confirme son intérêt avec un trafic de 340 727 EVP cette année contre 68 746 EVP en 2019.
L’avenir en toute sérénité
Cosco aborde la suite avec sérénité. Certes, l'épidémie n'est pas maîtrisée et « l'économie mondiale et les activités commerciales ne se sont pas encore rétablies ». Mais le géant chinois se dit confiant face aux « signes de forte reprise » des importations et exportations chinoises. Et il peut aussi s'appuyer sur une solide assise financière, le groupe disposant en effet d'environ 1,1 Md$ de liquidités et de dépôts bancaires.
Face à la montée des tensions sino-américaines et au contexte de coronavirus, le manutentionnaire étatique chinois affiche des ambitions inébranlables, restant à l’écoute des « opportunités de croissance », portant son intérêt vers l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Myriam Guillemaud-Silenko