Le dossier haletant Euronav/Frontline continue d’animer la scène du transport maritime pétrolier bien que le Norvégien ait fait connaître à la Belge sa volonté de ne pas aller plus loin dans l’intégration, qui aurait fait émerger un titan dans le secteur.
L’homme d’affaires John Fredriksen vient d’augmenter encore sa participation au sein d’Euronav, dont il détient des parts via les sociétés Famatown Finance et C/K.Ldt qui gèrent ses participations ainsi que par Frontline. Alors qu’il avait acquis 5,13 millions d'actions supplémentaires mi-janvier, portant sa participation à 20,32 %, la Commission américaine des opérations de bourse (SEC), où est cotée Euronav, révèle une nouvelle opération, d'un peu moins de 60 M€, permettant au magnat du transport maritime d'origine norvégienne de détenir une participation de 22,6 %.
Ouverture d’une procédure d’arbitrage
Pour mémoire, l’homme d’affaires, par ailleurs actionnaire Frontline et d’International Seaways, est entré au conseil d’administration d’Euronav en 2021 avant de monter progressivement au capital. Il reste toutefois encore derrière la famille Saverys, qui via la Compagnie maritime belge détient 25 % du capital d’Euronav. Une influence qui a permis à la CMB de bloquer le processus de fusion entre les deux géants du transport maritime de pétrole.
Ces derniers agissements interviennent alors que l’armateur belge, qui conteste à son partenaire le droit de mettre un terme à la fusion, faute de « motif légitime » et sans « fondement par rapport aux termes de l’accord initial », a ouvert une procédure d’arbitrage d'urgence contre lui.
De son côté, la famille Saverys qui, après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour faire capoter la fusion, a demandé la révocation du conseil d’administration dont les membres étaient largement acquis à la cause de la fusion.
Alexandre Saverys, le président de la CMB, qui souhaiterait inscrire Euronav dans des projets « verts » en association avec la filiale du groupe spécialisé dans les navires à faible émission CMB Tech, propose les nominations de Marc Saverys comme président, ainsi que de Patrick de Branbandere, Julie De Nul, Catharine Scheers et Patrick Molis. Si cette tactique fonctionne, le conseil pourrait demander le départ de Hugo de Stoop, le PDG d’Euronav et artisan de la fusion.
Euronav doit annoncer le 2 février ses résultats pour le quatrième trimestre 2022. Á n’en pas douter, le sujet va animer une bonne partie de la séquence.
Adeline Descamps