Au troisième trimestre, CMA CGM se démarque de ses concurrents

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À l’issue du troisième trimestre, l’armateur français de porte-conteneurs a publié des résultats dont la trajectoire de croissance se distingue. Il fait mieux en termes de chiffres d’affaires et de volumes. Il devrait renouveler sa performance opérationnelle au quatrième trimestre. 

La discipline des armateurs prépare le secteur à une année incroyablement rentable. Cela se confirme. Et CMA CGM dénote par sa trajectoire de croissance qui la distance depuis le second trimestre de la plupart de ses concurrentes. Mieux que le leader mondial Maersk. Elle fait mieux à vrai dire que toutes les compagnies qui ont à ce jour publié leurs résultats du troisième trimestre.

Le n°4 mondial du transport maritime de conteneurs déclare, non sans surprise et sans se distinguer de ces homologues sur ce point, des bénéfices. En revanche, contrairement à ses semblables, l’armateur français se démarque par la hausse de ses volumes (+ 1 % par rapport au 3e trimestre 2019) et de son chiffre d’affaires au 3ème trimestre (+ 6,1 % p/r à la même période de l’an dernier). Quand le leader danois Maersk fait part de recettes et volumes en baisse de 1,4 % et 3,6 % respectivement, et le challengeur allemand (n° 5 mondial) Hapag-Lloyd de 1,3 et 3,5 %.

8,1 Md$ de chiffre d’affaires

Les recettes réalisées entre juillet et septembre par CMA CGM se chiffrent à 8,1 Md$, dont 6,25 Md$ pour la seule activité de ligne régulière, en croissance de 6,3 % grâce à un revenu moyen par EVP de 1 120 $. La véritable envolée des taux de fret sur les lignes transpacifiques, qui se maintiennent à des niveaux élevés depuis fin août, explique la progression de 5,2 % en un an de son revenu par boîte.

Les volumes transportés ont fait un bond de 16,8 % entre le 2e et 3e trimestre. La compagnie a transporté 5,59 MEVP ces trois derniers mois.

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Un excédent brut d’exploitation de 1,7 Md$

« Les résultats opérationnels du 3e trimestre devraient être encore améliorés », avait promis Rodolphe Saadé lors de la présentation de l’exercice financier du second trimestre. Il avait raison. Le premier exercice financier de l’année avait déjà permis à son entreprise de revenir aux profits avec 48 M$ encaissés. Le second avait confirmé sa sortie du rouge carmin avec un bénéfice de 136 M$. Le troisième lui offre un profit de 567 M$.

L’excédent brut d’exploitation, indicateur de performance opérationnelle phare du secteur (Ebitda), a littéralement explosé, de 68 % en glissement annuel, avec 1,7 Md$ (1,8 Md€ pour Maersk). Là encore, la seule activité de transport y a largement contribué : avec ses + 76 %, l’EBE s’est fixé à 1,5 Md$ (contre 870 M$ au 3e trimestre 2019).

La compagnie profite en outre de la baisse du prix du pétrole et des mesures de réduction des coûts qu’elle avait initialisées à la suite de l’acquisition de Ceva Logistics l’an dernier : ses dépenses opérationnelles unitaires par EVP ont ainsi diminué de 6,8 % par rapport il y a un an, à 845 $.

Une liquidité de 2,8 Md$

In fine, forte de cette rentabilité, le groupe français sort de cette année complètement atypique avec du cash en poche : plus de 1,8 Md$ de flux de trésorerie et 2,8 Md$ en liquidités au 30 septembre 2020. Ce qui lui permet de renforcer sa structure financière et poursuivre son désendettement. En octobre, la société marseillaise a procédé à une émission d’obligations de 525 M€ et au remboursement par anticipation du solde de l’émission obligataire venant à maturité en 2021. Dans les semaines à venir, le groupe va régler 750 M$ de dettes diverses (notamment l’obligation de l’ex-Nol venant à maturité en 2021).

La flambée des taux a été une aubaine pour des sociétés telles que CMA CGM, qui faisait l'objet d'un examen minutieux de la part des investisseurs car les détenteurs d'obligations s'inquiétaient des pertes il y a encore quelques mois. Ces craintes s’étaient en partie dissipées après que CMA CGM ait obtenu un prêt d'un milliard d'euros garanti par l'État auprès des banques en mai. Le remboursement de plus de 700 M$ de dettes avant la date prévue, dont une partie du prêt garanti par l'État conforte sa position. Les agences S&P et Moody’s ont d’ailleurs révisé, en milieu d’année, la notation de sa dette, passée à B+ et B2 respectivement.

CMA CGM ne donne pas le montant de sa dette totale, estimée encore il y a quelques mois à 20 Md$, dont une partie liée à des navires affrétés depuis plus d'un an.


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Plusieurs raisons à la bonne tenue de ses volumes

« Dans un marché favorable pour notre industrie, le groupe a enregistré de très bonnes performances financières et opérationnelles. Cette crise a démontré la solidité de notre modèle et confirmé la pertinence de notre stratégie, combinant solutions logistiques et offre de transport », a commenté Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, dans un communiqué diffusé à l’issue du conseil d’administration le 20 novembre.

L’armateur justifie la hausse des volumes transportés par un effet rebond de la demande de transport en sortie du confinement, mais aussi par un « un fort dynamisme de la consommation de biens au détriment des achats de services », reconnaissant à cet égard le bénéfice « dans certaines zones de plans de soutien ». Mais il mentionne en outre la « forte croissance du e-commerce avec la reconstitution de stocks » et la saisonnalité traditionnelle de l’activité « en prévision du pic de consommation de la rentrée de septembre et des fêtes de fin d’année dans les pays occidentaux. »

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Contribution positive de Ceva 

Quant à Ceva Logistics, acquisition majeure de CMA CGM dans le cadre de son approche stratégique d’une offre de services en porte-à-porte, le « redressement se poursuit », indique l’entreprise. « La marge opérationnelle est passé de 12 à 39 M$ en un an ». Surtout, la contribution de Ceva au résultat net part du groupe est à l’équilibre, certes encore précaire, à un « petit » million de dollars. Mais en 2019, à la même époque, il s’inscrivait en perte de 44 M$. La filiale logistique a terminé l’exercice avec un chiffre d’affaires (1,9 Md$) en hausse de 7,9 % sur un an. L'excédent brut d’exploitation s’est nettement amélioré (+ 18,4 %) mais cantonné à 167 M$.

Une gageure, une performance

Serein, Rodolphe Saadé anticipe « un contexte de forte demande pour les mois à venir », particulièrement aux États-Unis et en Amérique latine, qui permettra de continuer à opérer à pleine capacité comme au 3e trimestre, assure-t-il.

À l’image de ses concurrentes, CMA CGM aura déjoué les plus sombres pronostics et désarmé le Covid. En jouant la parfaite synchronisation de l’offre et la demande et en ne reproduisant par le péché capital qui les avait envoyées en enfer par le passé – la guerre des prix – les compagnies de la ligne régulière ont ainsi tenu leur taux de fret en respect et préservé leur rentabilité dans des temps difficiles. 

Adeline Descamps

 

Retrouvez ici les résultats financiers du troisième trimestre (pour les compagnies qui ont publié)

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