Tout en tirant bien profit de la reprise de son marché depuis l’été, l'armateur allemand livre dans un dense rapport financier portant sur les neuf premiers mois de l’année une version optimiste de ce qui l’attend d’ici la fin de l’année et au-delà.
Hapag-Lloyd est résolument optimiste tant pour la fin de l’année que pour les mois qui s’en suivront. L’armement de porte-conteneurs peut l’être. Tout est désormais envisageable après l’incroyable retournement de tendances de cette année 2020 pendant laquelle rien ne s’est décidément passé comme prévu. « Après avoir fortement chuté en avril et mai de 13 % et 12 % respectivement, les volumes de transport ont repris au troisième trimestre dans une plus grande mesure que ce qui avait été prévu quelques mois auparavant. Le volume a même augmenté en septembre de 6,9 %, principalement en raison de la vigueur des échanges de l’Asie vers l'Europe et surtout l'Amérique du Nord », indique l’entreprise qui se sort plutôt bien des neuf premiers mois de l’année.
Le 5e transporteur mondial par la capacité conteneurisé (1,7 MEVP, 7,2 % de parts de marché) est parvenu à contenir la baisse des volumes à - 3,5 %, mais il n’en a pas moins enregistré une baisse de ses revenus de 120,2 M€ (soit -1,3 %) pour atteindre 9,36 Md€ (sur neuf mois tandis que le chiffre d’affaires du troisième trimestre s’est établi à 3 Md€). La hausse des taux de fret moyens de 2 % (+ 22 $/EVP), qui s’est établi à 1 097 $/EVP, a contribué à limiter la perte de recettes.
Malgré la crise du coronavirus, Hapag-Lloyd aura donc réussi à préserver les indicateurs phares qui mesurent la performance de l’exploitation : le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda) a augmenté de 33,5 % pour atteindre 1,81 Md€ et le bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit) est passé de 642,8 à 858,3 M€ en un an. Le résultat net en ressort quasiment doublé, à 537,9 M€ (296,7 M€ au cours de l’exercice précédent).
Extrait du rapport financier de Hapag-Lloyd
Aidé par la baisse des dépenses de carburant
La baisse significative des dépenses de transport – de 441 M€ (- 6,1 %) au cours des 9 premiers mois de l'exercice – y a largement contribué. Elle est en partie liée à la réduction du coût de soute de 3,5 % (107,6 M€), bien que le prix du carburant soit resté très volatile tout au long de ces neuf mois. Et ce d’autant que la quasi-totalité de la flotte d’Hapag-Lloyd consomment du carburant à très basse teneur en soufre, qui coûtait environ 560 $/t le premier jour de l'année à Rotterdam, avant de plonger à 135 $/t fin avril. Le 30 septembre, il s’échangeait à 298 $/t.
Ragaillardie par cette année 2020 étonnamment bonne, la société allemande vise une croissance de près de 6 % en 2021. Son PDG, Rolf Habben Jansen, anticipe néanmoins une évolution des échanges mondiaux négative de 4,9 % pour 2020, ce qui se traduira dans l'industrie des conteneurs par un repli de 4,1 %.
Croissance de la capacité à un niveau historiquement bas
Cette année a un autre caractère exceptionnel : jusqu'à présent, la capacité n’a n’augmenté que de 1,9 MEVP, soit 8 % de la flotte mondiale de porte-conteneurs (environ 23,6 MEVP en septembre). Sauf imprévu, « 2020 sera la première année depuis longtemps à enregistrer une croissance à un chiffre », poursuit le dirigeant. Il s'agit d'un niveau en effet historiquement bas et bien inférieur au plus élevé observé à ce jour, en 2017, où la croissance de la capacité représentait 61 % de la flotte mondiale. Ces cinq dernières années, le ratio capacité/flotte se situe autour de 16 %. « Et les commandes enregistrées jusqu'à présent ne représentent que 0,2 MEVP [30 porte-conteneurs] », ajoute Rolf Habben Jansen, qui a renoncé il y a quelques mois à une commande de mégamax de 23 000 EVP.
Hapag-Lloyd est l’une des rares compagnies de la ligne régulière à ne pas avoir de navires en commandes. Sa flotte comptait 234 porte-conteneurs, dont 39 % d’unités affrétées.
Bénéfices revus à la hausse
En conséquence, la compagnie basée à Hambourg a revu à la hausse ses perspectives de bénéfices pour l'ensemble de 2020 : l’armateur prévoit désormais un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements compris entre 2,4 et 2,6 Md€ (contre 1,7 à 2,2 Md€ auparavant) et un Ebit de 1,1 à 1,3 Md€ (contre 0,5 à 1 Md€). « Dans un environnement dominé par des taux de fret volatils et une forte concurrence, l'évolution de nos activités est soumise à des risques et à des opportunités qui pourraient les amener à s'écarter des prévisions », modère le rapport financier.
Pour préserver la rentabilité et les liquidités, un « programme de sauvegarde des performances » (PSP) a été lancé. Il comprend des mesures telles que la réduction des coûts et l'examen de tous les investissements. Plus de 1 700 actions ont été identifiéees. Au 30 septembre, la majeure partie des économies attendues avait été réalisée. La réserve de liquidités de la compagnie atteignait 1,3 Md€ contre 1,1 Md€ un an plus tôt.
Adeline Descamps
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