Ce vote au Parlement européen était attendu par les professionnels du transport de fret, qu'il soit routier ou ferroviaire. Le 14 février, les députés membres de la commission Transport au Parlement européen ont voté en faveur d'une révision de la directive sur les poids et dimensions des camions (cliquez sur ce lien pour lire l'article).
4 t de plus pour les ensembles routiers. L'une des modifications porte sur une augmentation de 4 t des masses de marchandises transportées autorisées pour les ensembles routiers. En France, le PTRA pour un ensemble articulé de 4 essieux est de 38 t, et pour un 5 essieux et plus, de 44 t. L'objectif des députés est d'accroître la charge utile des camions électriques, ceux-ci étant contraints à consacrer du poids aux batteries qui sont indispensables à leur fonctionnement.
Réglementation allégée sur la circulation des méga-camions. Une autre révision réside dans la circulation des méga-camions : quand celle-ci sera adoptée, un Etat membre pourra seul autoriser la circulation de ce type d'attelage sur son territoire. Actuellement, un accord bilatéral entre deux Etats membres est obligatoire afin d'assurer le passage transfrontalier de ceux que l'on désigne selon leur longueur, à savoir les 25,25 m.
Levée de bouclier. Ces deux modifications de réglementation ont provoqué une levée de bouclier des élus écologistes comme Karima Delli, eurodéputée et présidente de la commission Transport du PE. Le transport ferroviaire de fret ont également protesté (cliquez sur ce lien pour lire l'article), et le Groupement national des transports combinés (GNTC) lui a emboîté le pas.
Opposition de principe des écologistes. "Le vote d'aujourd'hui va à l'encontre des objectifs fixés par le Green deal de décarbonation de nos transports, résume Karima Delli. Qui peut sérieusement imaginer que les méga-camions diesel de 60 t nous permettrons de réduire les émissions de CO2 des poids lourds de 90 % d'ici 2050 ? C'est totalement contradictoire". La députée française appelle le gouvernement de son pays à "se positionner fermement contre les méga-camions. Notre pays est entouré de pays qui les autorisent et vont faire pression pour qu'on le fasse aussi."
Le transport multimodal demande lui aussi une dérogation. Les professionnels du transport multimodal, eux, regrettent que l'Europe autorise 4 t de fret de plus dans les ensembles routiers alors que dans le même temps, ils demandent au gouvernement français l'autorisation de passer à 46 t : "le matériel utilisé en combiné, plus lourd, fait automatiquement perdre de la charge utile pour un transporteur", justifie Aurélien Barbé, délégué général du GNTC.
Les transporteurs routiers veulent une expérimentation. Quant aux transporteurs routiers, ils sont favorables à une expérimentation sur le territoire français de la circulation d'ensembles routiers de 25,25 m de long capables de transporter 60 t de marchandises, sous certaines conditions. "Nous pourrions vérifier si cela permet de décarboner le transport de fret, explique Jean-Marc Rivera, délégué général de l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). Un camion qui tracte deux remorques, cela émet moins de CO2 que deux camions qui tractent chacune une remorque, car on utilise un moteur au lieu de deux. Mais nous ne demandons pas la libre circulation de ces ensembles en longue distance. Ce type de véhicule est pertinent sur des courtes ou moyennes distances, des transports de site à site par exemple, et bien évidemment sur des réseaux calibrés pour les accepter".
Si c'est voté au Parlement, la directive est-elle modifiée ? Ces révisions de la directive européenne ne sont pas définitivement adoptées. Le Conseil de l'Europe n'ayant pas encore acté sa position, ce texte sera négocié en trilogue (Parlement, Commission et conseil des ministres européens) lors de la prochaine mandature. C'est-à-dire après les élections européennes qui auront lieu en juin prochain.