Lapeyre Logistique, qui est spécialisée dans la préparation, le stockage et le transport de produits alimentaires, notamment sous température dirigée, est en train de changer de direction mais maintient le cap de la transition écologique. L’entreprise de Rungis a en effet lancé, mi-décembre 2022, une offre de vélo-cargo en température dirigée grâce à la production d’air ventilé. Une vingtaine d’ensembles sont opérationnels à partir du quatrième arrondissement de Paris. Les « riders » des vélos-cargos livrent des clients en restauration hors domicile localisés dans les sept premiers arrondissements de la capitale, mais également dans les 10e et 11e arrondissements. L’objectif de Lapeyre Logistique est de mailler, dans les mois à venir, l’ensemble de la ville, même si les demandes se concentrent sur les zones d’ores et déjà couvertes. Pour des raisons liées à l’avitaillement, l’entreprise, fondée par Pascal Lapeyre et aujourd’hui dirigée par Thomas Barbier, a fait le choix de l’électrique même si l’hydrogène peut ultérieurement être retenu.
En mode start-up
« Le business model de cette nouvelle activité demeure fondé sur celui de la messagerie. Les livraisons sont ventilées à partir du dépôt situé dans le quatrième arrondissement. Pour cette nouvelle offre, notre fonctionnement est assimilable à celui d’une start-up. L’organisation est ainsi appelée à évoluer afin de garantir un modèle opérationnel cohérent qui tienne notamment compte des impératifs de fonctionnement des industriels du secteur alimentaire », explique Thomas Barbier, directeur général de Lapeyre Logistique. Selon le dirigeant, les tournées, qui sont à ce jour effectuées en rosace à partir du dépôt durant toute la matinée, sont « complémentaires des activités de livraison en poids lourds ou en véhicules utilitaires légers ». Au-delà de l’offre nouvelle que représentent ces vélos-cargos, l’un des principaux objectifs de Lapeyre Logistique consiste à maintenir la qualité de service habituelle : « Notre approche est qualitative et professionnelle, que ce soit à travers un matériel générant du froid embarqué ou grâce à notre personnel qui est formé sans aucun recours à de la sous-traitance. Nos livreurs sont maîtres de leur environnement et au fait des spécificités propres à leurs tournées », observe Thomas Barbier qui se félicite « de la bonne perception par l’industrie agroalimentaire » de cette offre.
L’enjeu de la reverse logistique
Le directeur général se projette déjà. « À ce stade, nous sommes face à deux principaux enjeux. Le premier concerne les dépôts : il faut trouver des lieux qui n’occasionnent ni gêne du voisinage ni gêne sur la voirie. Ils doivent également présenter un certain nombre de caractéristiques touchant à l’accueil des collaborateurs ou à la possibilité d’y stocker le matériel roulant. En réalité, il s’agit là d’un défi qui nécessite d’y consacrer beaucoup de temps. Le second a trait à la reverse logistique. Il faut savoir que dans 30 % des cas, la livraison ne se fait pas du premier coup. Ce qui suppose d’être en mesure non seulement de repasser ultérieurement au point de livraison, mais plus encore de stocker dans les conditions adéquates, notamment compatibles avec la gestion des dates de péremption les produits que les clients absents n’ont pas pu réceptionner », détaille Thomas Barbier. Concernant les futurs dépôts, Lapeyre Logistique évalue en outre deux solutions de stockage des produits, soit en fixe, soit en mobile. La solution retenue devra aussi tenir compte du déploiement à compter du second semestre 2023 d’une offre équivalente en BtoB, principalement destinée à des acteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’e-commerce. Ceux-là seraient alors livrés sur la seconde partie de journée, à partir de la fin de matinée et jusqu’à 21 heures.
Souvent affectées par la densité de la circulation et l’aménagement urbain, les livraisons dans Paris sont généralement difficiles. Pour le moment, l’offre de Lapeyre Logistique échappe à ce constat « La circulation des vélos-cargos sur la voirie se passe plutôt bien. » Le directeur général s’interroge toutefois en cas d’industrialisation du modèle et de l’arrivée de concurrents : « Y aura-t-il assez de place pour différents opérateurs ? » D’autant que dans la perspective des Jeux olympiques de 2024 et du très grand nombre de personnes devant séjourner dans Paris cet été-là, l’offre de livraison en vélo-cargo électrique sous température dirigée pourrait effectivement être amenée à se développer. Une chose semble certaine : Lapeyre Logistique sera prêt et a même quelques longueurs d’avance.