Avant de reprendre au tout début des années 2000 l’activité transport de l’entreprise familiale, Guy Lecoq avait déjà développé un intérêt pour le transport exceptionnel. « Le transport sous la forme de convois me passionne. Il s’agit d’une activité qui nécessite de la réflexion tant en amont que pendant les opérations. Il faut trouver l’itinéraire le plus adéquat, chercher le meilleur positionnement de la pièce à acheminer. Et lorsqu’il s’agit d’aller à l’étranger, même lorsque tout a été minutieusement préparé, il reste encore une part de découverte. Il n’y a jamais de routine », justifie le président de la SAS. Les Transports Lecoq Guy & Fils prennent entre autres en charge des mobil-home, des bateaux, des barges, des cuves, des silos, des éoliennes qui peuvent être transportés sur l’ensemble du territoire mais également à l’étranger. « Nous nous rendons où nos clients nous demandent d’aller. Nous convoyons régulièrement des marchandises dans les pays européens », détaille le dirigeant. L’expédition la plus lointaine fut pourtant accomplie en territoire français puisque une partie de l’équipe du transporteur a été amenée à se déplacer en 2023 jusqu’en Martinique. Les clients de l’entreprise, qui est installée à Yerville, sont à la fois nombreux et fidèles. Certains d’entre eux recourent ainsi aux services de la SAS depuis plus d’une vingtaine d’années. Selon Guy Lecoq, cette fidélité s’explique aisément: « Nous avons le souci de toujours servir notre clientèle en temps et en heure et cherchons à tout faire pour la satisfaire en limitant au maximum le risque d’avarie ». Cette volonté de bien faire se double d’une présence sur le terrain. Le président de la SAS tient à se trouver au plus près des opérations. Il n’hésite pas à prêter main forte à son équipe, pas seulement durant les périodes de congés. « Il m’arrive encore de participer aux manœuvres de chargement mais également de conduire, ce qui plaît d’ailleurs aux conducteurs de l’entreprise », concède-t-il alors que son quotidien consiste aussi en négociation commerciale ou en la fixation des prix voire à seconder son fils Fabien qui a la responsabilité du planning.
Trois activités qui se complètent
Le transport exceptionnel contribue à hauteur d’un tiers des revenus du transporteur dont le chiffre d’affaires a atteint 2,4 millions d’euros lors du dernier exercice de l’année civile 2023. Les deux autres tiers sont assurés à part égale par le transport, en citernes, de pulvérulents et par celui en bennes, notamment de betteraves. Le périmètre géographique de ces deux activités-là est toutefois plus restreint puisqu’il est effectué à l’échelle régionale. Situé entre les ports du Havre, de Rouen et de Dieppe, le siège du transporteur constitue un atout: « Notre situation géographique est un avantage pour l’ensemble de nos activités. Notre dépôt est installé depuis une dizaine d’années sur une site de 1,9 hectare de la zone d’activité de Yerville », détaille Guy Lecoq. Satisfait de l’équilibre entre les différentes activités de l’entreprise, le dirigeant relève cependant des variations d’une année sur l’autre: « En fonction de exercices, la répartition du chiffre d’affaires peut sensiblement varier. En 2024 par exemple nous enregistrons une hausse des revenus procurés par le transport exceptionnel de l’ordre de 25%. En raison de l’inflation, qui se traduit par exemple par une augmentation des prix des matériels d’environ 30%, nous avons dû nous aussi augmenter nos tarifs, ce que nos clients, qui sont eux-mêmes touchés par ailleurs, ont en généralement bien compris. En toute état de cause, je préfère perdre un marché que perdre de l’argent », analyse le président de la SAS.
Les conducteurs, acteurs clés
Compte tenu de la spécificité des activités, les conducteurs occupent une place d’autant plus prépondérante dans l’entreprise. Guy Lecoq ne fait pas mystère de ses principales attentes à leur égard: « Un conducteur se soit d’être ponctuel et particulièrement attentif à la sécurité car celle-ci est au centre de nos préoccupations quotidiennes ». Si des difficultés de recrutement ont pu être rencontrées avant la survenue de l’épidémie de Covid-19, celles-ci se sont résorbées depuis. Pour autant, elles pourraient renaître. « La centrale nucléaire de Paluel qui se situe à une trentaine de kilomètres de Yerville doit recruter près de deux milles personnes d’ici à 2026 car elle va effectuer une visite décennale de ses quatre réacteurs entre 2026 et 2029. Il y a fort à parier que cela risque de nous priver de potentiels futurs conducteurs ». En attendant, Guy Lecoq n’a pas hésité à miser sur la jeunesse y compris lorsque celle-ci est dépourvue d’expérience. « L’an dernier, parmi les conducteurs saisonniers, je n’ai travaillé qu’avec des jeunes qui découvraient le métier de conducteur. Force est de constater que cela s’est très bien passé. Parmi eux se trouvait notamment une jeune femme qui s’est montrée très investie », explique le dirigeant. Ce dernier se déclare aujourd’hui enclin à poursuivre cette politique en la complétant de formation.
Un atelier intégré
Sur le plan du matériel, le parc est particulièrement diversifié. Les porte-engins y sont logiquement bien représentés mais une large palette d’ensembles, comme un ampliroll 6x2 destiné au transport de déchets, est disponible afin de répondre à un large éventail de besoins. Le transporteur de Seine-Maritime, qui achète ses moteurs, ne privilégie aucune marque, son critère principal étant de trouver le meilleur service après-vente possible. La SAS a en outre fait le choix de mettre en place un atelier intégré qui assure l’entretien courant comme la vidange, le changement de l’éclairage et le contrôle des pneumatiques, lequel mobilise deux mécaniciens. L’existence de cet atelier présente un avantage supplémentaire: « Pouvoir compter sur nos propres mécaniciens nous permet d’être plus flexibles et plus agiles. Par exemple, dans le cas où un problème technique survient tôt un matin, il nous est possible de réagir vite pour trouver une solution », analyse Guy Lecoq. L’entreprise est pour le moment restée fidèle aux motorisations diesel car les alternatives disponibles sur le marché ne sont pas compatibles avec ses besoins. « Une autonomie très importante est indispensable dans nos métiers. En transport exceptionnel, nous sommes amenés à nous déplacer sur de longue s distances ou à tracter des charges conséquentes qui requièrent beaucoup d’énergie. Quant aux campagnes de betterave, les matériels sont utilisés sur une amplitude horaire conséquente, entre trois heures du matin et minuit. Malheureusement, à l’heure actuelle, aucune alternative ne peut garantir les autonomies requises », détaille le dirigeant. L’avenir permettra sans doute d’y remédier mais c’est au repreneur (cf. encadré) des Transports Lecoq Guy & Fils qu’incombera le choix d’une nouvelle énergie.
Repères
Siège: Yerville (76)
Chiffre d'affaires 2023: 2,4 M€
Effectif: 24 salariés dont 18 conducteurs
Parc: 24 cartes grises dont 16 moteurs
Activités: transport exceptionnel, citerne pulvérulent et benne
Une société à reprendre
Pour Guy Lecoq, qui est aujourd’hui âgé de 63 ans, l’heure de passer le relai a sonné. L’entrepreneur a en effet mis en vente la SAS au début de l’année 2024. S’il sait pertinemment que l’avenir de la société sera entre les mains du repreneur, il n’en formule pas moins le vœu que ce dernier « conserve l’ensemble des salariés ». Lorsque la vente sera effective, elle viendra clore une histoire familiale de presque quatre-vingt ans puisque les origines des Transports Lecoq Guy & Fils remontent au 3 avril 1945 lorsque le père de Guy Lecoq, Albert, créa une première société de battage agricole à La Crique, déjà en Seine-Maritime. Entre temps, plusieurs enfants de Albert Lecoq auront fait évoluer la société jusqu’à ce que Guy en prenne les rênes le 1er octobre 1999 et que son fils Fabien l’y rejoigne en 2010.