Cotrans (59) : Le conteneur comme boussole

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Pour Bruno Vermersch, il faut « travailler mieux, en augmentant la productivité. Pas au détriment de l'humain, mais par du nouveau matériel, de nouveaux process

Crédit photo Nicolas Montard
Hauts-de-France. Spécialisés dans le transport de conteneurs maritimes, les Nordistes de Cotrans affichent une ambition raisonnée, axée sur de nouveaux matériels et des process différents.

« La société dans dix ans ? Je ne pense pas à un développement exponentiel, je n’ai pas l’intention d’augmenter le chiffre d’affaires à gogo. » Depuis Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque, Bruno Vermersch ne se projette pas avec 20 à 30 moteurs de plus que les 55 actuels dans la décennie. Déjà parce qu’il n’aurait pas la place de les garer : le siège de l’entreprise, rue Garibaldi, est rempli, tout comme le parking additionnel de Loon-Plage à quelques kilomètres. « Et je ne recherche pas spécialement un autre emplacement », précise-t-il. Son objectif se situe ailleurs. « Travailler mieux, en augmentant la productivité. Pas au détriment de l’humain, mais par du nouveau matériel, de nouveaux process. Comme ce que j’ai fait avec les pneumatiques. » En 2016, avec Bridgestone, le quinquagénaire a installé un système de capteurs. Désormais, la pression des pneumatiques de chacune des remorques qui franchit ses grilles s’affiche sur un appareil déporté. S’il y a problème, il est ainsi repéré aussitôt. « Avant, nous multipliions les crevaisons et éclatements. Ce qui voulait dire retards et mauvaise qualité de service, coût de dépannage, remplacement des pneus, etc. Aujourd’hui, nous crevons toujours, mais nous avons tous les signes avant-coureurs et nous pouvons maîtriser le phénomène. »

La maîtrise. Un mot qui sied plutôt bien à la société Cotrans créée il y a bientôt cinquante ans par le père de Bruno. En 1977, Joël se lance avec un seul camion. Après avoir transporté du verre pour Saint-Gobain vers la Grande-Bretagne, il a la bonne intuition : le conteneur maritime. À l’époque, on est encore loin des porte-conteneurs mastodontes qui remontent le détroit du Pas-de-Calais quotidiennement. Les conteneurs sont plutôt disséminés sur des navires transportant du vrac. « C’était une forme de pari. Peu de monde voulait faire du conteneur, car le prix était moins intéressant qu’un plateau ou tautliner. Nous étions payés en aller-retour, mais à un taux kilométrique moindre. »

Bananes et produits venus de Chine

Les conteneurs sont rapidement devenus l’activité principale de Cotrans. Aujourd’hui, ils représentent 75 % de l’activité, le pourcentage restant correspondant à du bâché et du plateau en lots complets. Les clients de Cotrans sont des transitaires et des compagnies maritimes comme CMA-CGM, Cosco, ou Evergreen débarquant en grande majorité dans le port ouest de Dunkerque. En import, la société grand-synthoise intervient principalement sur deux types de chargements. Le premier est spécifique à Dunkerque : la banane. Le port est en effet la porte d’entrée européenne de la banane française venue des Antilles, mais aussi des bananes américaine et africaine. « Concernant cette activité, nous déchargeons les conteneurs dans un entrepôt pour les répartir dans des camions. Il est désormais très rare qu’un conteneur parte plein sur les routes. » Deuxième grande famille de marchandises, « les produits chinois », résume Bruno Vermersch. Là, Cotrans transporte les conteneurs depuis le port jusqu’aux plateformes logistiques des métropoles des Hauts-de-France et en région parisienne. « Dedans, il y a tout ce que l’on retrouve en grande distribution, c’est-à-dire de plus en plus de choses : électroménager, vêtements, accessoires automobiles, etc. » À l’export, Cotrans transporte essentiellement des matières premières – sucre, bois, lin, malt, etc. – qui partent vers l’Asie avant de revenir en produits manufacturés. « Aujourd’hui, nous faisons plus d’import que d’export… Dans les années 2000, c’était plus d’export, mais la balance s’est déséquilibrée. » En parlant de déséquilibre, n’a-t-il d’ailleurs pas été trop pénalisé par la grande désorganisation des conteneurs maritimes avec la Covid ? « On a passé le cap avec les aides Urssaf, même si, souvent, on avait double peine : pendant la Covid, rien ne partait de Chine. Quand ça allait mieux là-bas, la pandémie nous paralysait ici. » Si Cotrans a résisté, tout comme à l’enchaînement des autres crises, c’est « grâce à notre parc en propriété. En crédit classique sans location à court ou moyen terme. Si le matériel ne roule pas, ce n’est pas hyper pénalisant. Nos charges fixes ne sont pas démesurées ».

Depuis un an, le chef d'entreprise s'est équipé d'une partie de camions B100 exclusifs pour prouver à ses clients qu'il a bien roulé avec du B100.
Crédit photo : Nicolas Montard

Le B100 en alternative

Ces dernières années, Cotrans – 55 moteurs et 110 remorques – s’est engagé dans la question de la transition énergétique. « Les clients étaient demandeurs. En 2021, le choix se portait entre le gaz ou le B100. J’ai choisi Oléo100 par Lesieur. Pourquoi ? Il me certifie que mon colza est d’origine française, qu’il est transformé en France. Si ça vient d’Australie, ça n’a aucun sens en matière d’écologie… » Depuis un an, il opte également pour des camions B100 exclusifs pour plusieurs raisons. La vignette Crit’Air 1 et un suramortissement fiscal de 40 %. Mais aussi « pour prouver à mes clients que j’ai bien roulé avec du B100. On peut mettre des autocollants tant que l’on veut sur les camions, on le voit… mais moi, c’est sûr : mes camions ne peuvent pas rouler sans B100. Ce n’est pas que de l’affichage ! » En 2023, avec 325 000 litres de B100, Cotrans a économisé 685 tonnes de CO2. « Ça parle quand on va voir un client. » L’électrique ? Bruno Vermersch n’est pas fermé. « Pour moi, ce n’est pas encore prêt, mais j’ai décidé de devancer les choses. J’ai signé pour une installation de panneaux photovoltaïques sur mon garage, pour une puissance maximum de 150 kilowatts. » De quoi couvrir les éventuels deux-trois premiers camions électriques à venir. En attendant, l’électricité sera utilisée pour les bureaux, le garage, EDF rachetant le surplus. « En fait, je me prépare, mais il reste beaucoup d’inconnues… Si demain, je devais recharger cinquante camions de mon parc à l’électrique, je fais sauter le réseau de Grande-Synthe ! »

D’ici là, l’entreprise, premier opérateur économique agréé en sécurité sûreté du Dunkerquois en 2011, se dirige tranquillement vers ses cinquante ans en 2027. Une fierté pour Bruno Vermersch. « C’est beau quand on pense que mon père a commencé seul. Aujourd’hui, nous sommes connus et reconnus dans le domaine des transports de conteneurs maritimes avec une qualité de service et de transport fiable. À nous de continuer à progresser alors que, peu à peu, nous devenons de plus en plus prestataire de services que pur transporteur. » Et pour cela, le Nordiste l’assure, il continuera à augmenter la productivité. « Je vous donne un autre exemple : nous avons équipé tous nos chauffeurs d’un Smartphone et désormais nous communiquons essentiellement par WhatsApp, sauf s’il y a besoin d’une conversation orale. C’est une vraie progression, un véritable plus. Mais il ne faut jamais se reposer sur ses acquis. »

En chiffres

Siège : Grande-Synthe (59)

Salariés : 70 dont 52 chauffeurs

Chiffre d’affaires : 7 M€

Flotte : 55 moteurs et 110 semi-remorques

Activités : conteneurs maritimes, plateau-bâché lot complet

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