« Si le TRM fait face à de nombreux préjugés, les échanges de biens ont toujours façonné le monde et contribué à la prospérité. Mais le secteur traverse aujourd’hui une situation économique particulièrement difficile… » a déclaré Florence Dupasquier. La nouvelle présidente de la FNTR, qui succède à Jean-Christophe Pic, s’est ainsi adressée au ministre des Transports, François Durovray, au cours du 78e congrès de la fédération pour lui faire part des difficultés que traverse la profession. Nombreuses défaillances d’entreprises, inflation, difficultés de recrutement, des crises qui se succèdent… Fort est de constater que les obstacles se multiplient, alors qu’en parallèle le gouvernement demande aux entreprises de fournir des efforts. Parmi les griefs remontés figuraient des mesures des PLF et PLFSS 2025 qui visent « un tour de vis qui mettrait en péril les entreprises », a soutenu Florence Dupasquier, qui a notamment évoqué le projet de retrait de la déduction forfaitaire spécifique (DFS), avec en plus une rétroactivité pour 2024. « Le coût du travail augmentera, sans pour autant bénéficier aux salariés… », déplore la présidente de la FNTR, qui met en garde sur un « problème de confiance » alors que le gouvernement s’était engagé il y a deux ans pour une disparition progressive jusqu’à 2034. En réponse, le ministre a rappelé le maintien du remboursement partiel de TICPE sans rabot. Sur la déduction forfaitaire spécifique (DFS), il a précisé qu’un cadre plus général était souhaité par le gouvernement afin de lutter contre la smicardisation.
Des taxes redoutées
Un temps redouté face à l’amoncellement de mesures visant à renflouer les caisses de l’État, le remboursement partiel de TICPE, également voué à disparaître sur 10 ans, ne sera pas raboté cette année encore. Mais, rappelle Florence Dupasquier, il faut aussi se préparer au système ETS qui entrera en vigueur en 2027 et se traduira par une hausse du prix du carburant. Sans oublier la R-Pass, votée pour l’Alsace et qui pourrait se déployer dans d’autres régions. « Qui peut imaginer que nous pourrons absorber ces coûts ? s’exclame-t-elle. Surtout, pour quoi faire ? 85% des recettes vont ailleurs qu’à la route, nous n’avons jamais de retour ! »
Concernant la transition énergétique, Florence Dupasquier a plaidé pour le mix énergétique, rappelant toutefois que, quelle que soit la solution adoptée, le transport coûtera plus cher demain. Le ministre, précisant sa confiance dans un mode de transport majoritaire dans le pays et qui devrait le rester par sa plus grande souplesse par rapport aux autres modes, a néanmoins soutenu qu’il restait le mode « le plus carboné ». « Il faut donc des solutions techniques, dans un environnement fiscal adapté », a-t-il indiqué. Il a rappelé que les certificats d’économie d’énergie (CEE) ont totalisé 130M€ d’aides en 2024, et ont permis l’achat de quelques poids lourds. Face aux restrictions budgétaires, ce modèle devrait être maintenu puisqu’ils ont permis de récoltés 6 Mds€ auprès des « obligés » (les fournisseurs d’énergie). Il évoque notamment la piste d’une évolution de la répartition de ces recettes puisque seulement 6% sont allés à la mobilité (tous modes confondus). Il est revenu sur le défaut d’investissements publics dans les infrastructures. Sur ce point, il a évoqué une autre piste, les recettes des concessions d’autoroutes qui totalisent 12 Mds d’euros, pour mobiliser davantage de crédit sans avoir recours au budget de l’État.
Saluant les bonnes relations avec la DGITM qui ont permis d’avancer sur de nombreux sujets, comme la réduction des délais de délivrance du permis de conduire, Florence Dupasquier a rappelé les différents sujets en cours : le chargement-déchargement ou encore la 2e étape de la rénovation du congé de fin d’activité (CFA). Sur ces sujets, le ministre s'est dit confiant sur un aboutissement rapide.
Rappelant que la FNTR « n’opposait pas les modes » de fret, elle a par ailleurs appelé le ministre à avancer sur la question du 44t transfrontalier et à mettre en place des expérimentations d’éco-combi (mégacamions). Des demandes sur lesquelles le ministre ne s'est pas prononcé.