La CGT Port et Docks se félicitait dans un communiqué diffusé en fin de journée le 26 janvier de la forte détermination observée dans « quasiment tous les ports français avec souvent 100 % des grèvistes et des ports totalement arrêtés ».
Après avoir motivé les troupes pour une grève de 24 heures ce 26 janvier, la fédération nationale des ports et docks CGT appelle à un nouvel arrêt du travail pour le 31 janvier, journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, tout en enjoignant à ne pas observer d’ici là les heures supplémentaires et shifts exceptionnels. Quant à la suite au-delà de la fatidique journée du mardi, la CGT Ports et docks indique qu’elle a décidé d’amplifier le mouvement dans la semaine du 6 février par des « actions reconductibles », qui devraient être définies le 2 février.
« Depuis plus de 30 ans, les attaques contre les retraites des dockers n’ont pas arrêté. Ces successives remises en cause poussent à la capitalisation et à l’individualisation. Nous réaffirmons que d’autres choix sont possibles ». Les grévistes appellent notamment le gouvernement à « retirer son projet de réforme » et à rétablir le départ à la retraite à 60 ans, voire 55 ans pour les métiers pénibles, alors que l’article 7 du projet de loi prévoit le report de l’âge légal à 64 ans.
Suspension du travail écourtée
Dans les raffineries, comme dans les centrales EDF, le mouvement de grève contre la réforme des retraites du gouvernement était prévu pour durer jeudi 26 et vendredi 27. Mais sur les sites de TotalEnergies, il pourrait finalement prendre fin de façon anticipée, ce jeudi 26 janvier dans la soirée, a indiqué à l'AFP Eric Sellini, responsable CGT chez TotalEnergies. Le syndicat avait fait état jeudi matin de 100 % de grévistes au dépôt de Flandres (Nord), mobilisés depuis la veille, 80 % à la raffinerie de Normandie, 60 % à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 50 % à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) et 30 % sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne).
Des baisses de production sans coupures était programmées dans les centrales nucléaires et les barrages, avait précisé le secrétaire fédéral de la FNME-CGT, alors que le mouvement avait été accusé de prévoir des « coupures ciblées », notamment contre des élus favorables à la réforme.
Quelques centaines de personnes se sont aussi rassemblées devant le site pétrochimique de Lavera, à Martigues. Au port de La Pallice à La Rochelle, 140 dockers étaient en grève, soit 100 % des effectifs d’après le délégué syndical CGT. Et à Rouen, premier port céréalier d'Europe, une trentaine de grévistes bloquaient l'accès au siège administratif de la société Senalia, opérateur des principaux silos de céréales du port, a constaté l'AFP. Le mouvement a été aussi particulièrement observé dans les grands ports maritimes, notamment à Nantes Saint-Nazaire, où était prévue une présentation des résultats de trafics du port mais qui a été reportée.
Coalition des revendications
Le syndicat CGT des marins appelle également à la mobilisation de 24 heures le 31 janvier. Elle devrait être plus longue, de 48 h, à La Méridionale où les inquiétudes débordent de la seule réforme des retraites en raison de la situation délicate de l’entreprise.
Si la nouvelle délégation de service public maritime sur la Corse a été attribuée, en décembre, par l’Assemblée de Corse au duo composé de Corsica Linea et de La Méridionale pour sept ans (du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2029), elle ne réserve à la compagnie historique du marché que la demi-desserte d’Ajaccio et Porto Vecchio. La DSP est principalement opérée par Corsica Linea, s’arrogeant de facto l’essentiel de l’enveloppe financière (74,5 M€) contre 32,5 M€ pour La Méridionale.
Quant au projet de diversification de la compagnie marseillaise, qui s’emploie à développer une ligne ro-pax entre Marseille et Tanger, l’équilibre économique reste difficile à trouver. La Méridionale envisagerait de se séparer d’un des deux navires de la ligne, le Pelagos. Dans ce contexte de tensions, l’arrivée d’un nouveau directeur général, Guillaume de Feydeau a tendu un peu plus.
7 000 amendements
Environ 7 000 amendements sur le projet de réforme de retraite ont été déposés en vue de l’examen en commission à l’Assemblée nationale, selon l’AFP citant une source parlementaire, ce qui rend pour le moins inopérant l’examen du texte dans sa totalité, avant son arrivée dans l’hémicycle le 6 février. Le 30 janvier, la commission des affaires sociales doit se pencher sur le texte.
Pour mémoire, lors de la précédente tentative de réforme des retraites en 2019-2020, les seuls députés La France insoumise (LFI) avaient commis 19 000 amendements en commission et 23 000 en séance. Cette fois, les députés du parti se sont limités à 3 345 auxquels il faut ajouter les 1 282 pour les écologistes et1 053 pour les socialistes. Seuls les communistes ont freiné leurs ardeurs, à 272, tandis que les Républicains sont à 617 et le Rassemblement national s’en sort avec 75.
Timing serré
Le temps d’examen de la réforme des retraites est limité à vingt jours à l’Assemblée pour la première lecture du texte. C’est le délai prévu pour un budget rectificatif de la sécurité sociale (PLFSSR), choix fait par le gouvernement. Il est prévu du 6 février au vendredi 17 à minuit, avant de passer au Sénat.
Après la pause parlementaire du 20 au 26 février, le Sénat examinera le texte adopté par l’Assemblée ou celui du gouvernement, après intégration d’éventuels amendements que l’hémicycle aura eu le temps de voter et auxquels l’exécutif est favorable. Les sénateurs disposeront ensuite de 15 jours.
La rédaction