« La crise mondiale de l'énergie engendrée par l'invasion russe de l'Ukraine cause des changements profonds et à long terme avec le potentiel d'accélérer la transition vers un système énergétique plus durable et sûr », indique le rapport que l'AIE vient de publier. Une date de publication étudiée alors qu’approche la Conférence mondiale sur le climat COP27 (7-18 novembre) à Charm el-Cheikh en Égypte.
Pour la première fois, les trois scénarios, étudiés chaque année par l'Agence basée à Paris, identifient un plateau de consommation pour les trois grandes énergies fossiles qui ont fait le succès de la révolution industrielle à un autre siècle : charbon, gaz et pétrole.
Dans le scénario central, qui se base sur les feuilles de routes climatiques des économies développées – Inflation Reduction Act (États-Unis), Fit for 55 et RePowerEu (Union européenne), Transformation verte (Japon)...–, les émissions mondiales de CO2 pourraient culminer à 37 milliards de tonnes en 2025, puis descendraient à 32 milliards en 2050. Pour autant, elles ne seront pas dans les clous des objectifs assignés par l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, qui augmenterait dans ce cas d'environ 2,5 °C d'ici 2100.
Décarbonation : l'inattendu coup de semonce de l'AIE
Entre 2 000 et 4 000 Md$
L'Agence réitère son appel aux investissements massifs dans les énergies propres, qu'elles soient vertes ou « simplement bas carbone comme le nucléaire », et d'accélération dans certains domaines comme les batteries électriques (pour les voitures), le photovoltaïque, et les électrolyseurs qui produiront l'hydrogène, levier capital pour décarboner l’industrie.
Selon ses projections, il faudrait investir plus de 2 000 Md$ d'ici 2030 alors que 4 000 Md$ seraient requis pour parvenir à un zéro émission nette en 2050. Le rapport insiste par ailleurs sur « des efforts internationaux majeurs » pour combler le fossé inquiétant qui se creuse entre les économies avancées et celles des pays émergents ou en développement en matière d'investissement dans les énergies propres.
Emissions stables en Europe
Selon deux rapports d’étape sur l'action pour le climat et la qualité des carburants, ceux-là produits par l'UE, les émissions de gaz à effet de serre (GES) au sein des Vingt-Sept ont été inférieures de 4 % aux niveaux avant la pandémie. Elles avaient augmenté de 4,8 % en 2021.
Dans l'ensemble, les émissions domestiques nettes de l'UE sont inférieures de 30 % par rapport aux niveaux de 1990. Avec sa politique climatique Fit for 55, actuellement en cours de négociation avec le Parlement européen et les États membres, la Commission se donne pour objectif de réduire d’ici 2030 d'au moins 55 % ses émissions nettes de GES.
« La crise sanitaire mondiale, l'invasion russe de l'Ukraine et la flambée des prix de l'énergie ont mis en évidence notre fragilité, tandis que les effets dévastateurs de la crise climatique continuent de se matérialiser sous nos yeux (...) Nous ne devons pas nous faire d'illusions sur le fait que cette transition sera facile, mais les coûts humains et économiques de l'inaction ne feront qu'augmenter plus nous attendrons. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de ralentir », a commenté le vice-président exécutif du Pacte vert pour l'Europe, Frans Timmermans.
A.D.