Nord Stream : Gazprom réduit encore ses livraisons de gaz à l'UE

Article réservé aux abonnés

Les livraisons de gaz à l'Europe via le gazoduc Nord Stream ont baissé à compter de ce 27 juillet à près de 20 % des capacités, selon les données de l'opérateur allemand Gascade. Pour certains pays européens, la décision de Gazprom fragilise un peu plus l’édifice énergétique sur lequel il repose.

Les risques de pénurie cet hiver s’accroît pour plusieurs pays européens très dépendants. L'arrivée de gaz en Allemagne – particulièrement dépendante du gaz russe – était estimée le 27 juillet à quelque 14,4 gigawattheures (GWh), contre près de 29 GWh en moyenne ces derniers jours.

Le groupe gazier russe Gazprom avait prévenu au début de la semaine de cette nouvelle baisse drastique des livraisons alors que depuis plusieurs semaines, il invoque maintenance et problèmes techniques pour fermer un peu plus les robinets.

Mi-juin, le volume avait été réduit à 40 % de la normale, avant un arrêt complet pendant 10 jours pour une maintenance annuelle entre le 11 et le 21 juillet. Les flux ont depuis repris. Mais le 25 juillet, Gazprom a finalement annoncé qu'il allait encore diviser par deux ses livraisons quotidiennes via Nord Stream, mentionnant une nouvelle opération de maintenance sur une turbine.

Bruxelles, qui accuse Moscou de militariser les infrastructures gazières, a dénoncé pour sa part un « jeu de pouvoir » sans fondement technique.

73 GWh par heure avant la guerre via Nord Stream 1

« Nord Stream 1 transporte 1,28 million de m3 par heure, soit à peu près 20 % de la capacité maximale du gazoduc », a estimé l'opérateur Gascade, qui gère le réseau sur le territoire allemand. Le groupe italien Eni a en parallèle annoncé que ses livraisons de gaz par Gasprom seraient limitées à 27 millions de m3 mercredi, contre 34 millions ces derniers jours.

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Nord Stream assurait l’acheminement de quelque 73 GWh par heure, approvisionnant l'Allemagne mais aussi d'autres pays européens via la liaison passant sous la mer Baltique.

Les prix au plus haut, les livraisons au plus bas

Le conflit tire vers le haut le prix du gaz européen, qui a atteint le 26 juillet un nouveau plus haut niveau depuis le record de mars.

Pour tenter de prévenir les risques de pénuries cet hiver, les 27 membres de l'UE ont convenu d’un plan prévoyant que chaque pays fasse ce qui est possible pour réduire, d'ici à mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.

La Russie représentait jusqu'à l'an dernier quelque 40 % des importations gazières de l'UE. L'Allemagne, l'Autriche et les pays d’Europe centrale et orientale sont les plus dépendants du gaz russe et donc les plus exposés si les flux se tarissent complètement. 

« Si les flux de Nord Stream sont réduits à zéro d'ici le mois d'août, l'Europe ne sera en mesure de remplir ses stocks qu'à 70-75 % au début de l'hiver et pourrait terminer la saison de chauffage avec seulement environ 10 milliards de m3 de gaz en stock, ce qui risquerait de provoquer des réductions de la demande », indique Wood Mackenzie, qui a planché sur ce qui pourrait advenir des flux de gaz russe et de leur impact sur l'Europe dans les mois à venir. « Si l'hiver est exceptionnellement froid en Europe et en Asie, le gaz stocké risque d'être épuisé d'ici à la fin février 2023. L'Europe risquerait de réduire la demande de 20 milliards de m3, soit l'équivalent de 7 % de la demande totale de gaz ou de 30 à 35 % de la demande industrielle en hiver. »

La solidarité dans toute l'Europe n’aura jamais été autant sollicitée. « Elle est nécessaire pout ne pas laisser l'équilibre gazier européen au hasard », conclut l’analyste.

A.D.

Shipping

Marchés

Port

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15