Dans un dépôt réglementaire déposé à Londres, l’opérateur portuaire Global Ports Holding a indiqué qu'il étudiait une offre potentielle en espèces pour toutes ses actions en circulation, actuellement détenues à 62 % par l'homme d'affaires turc Mehmet Kutman. Le titre a immédiatement bondi de près de 20 %.
Selon le document, MSC a désormais jusqu'au 13 juillet pour « soit annoncer l’intention ferme de faire une offre », soit de ne pas donner suite. Le délai peut toutefois être prolongé. « Ces délibérations sont à un stade préliminaire et aucune décision concernant une offre n'a été prise, précise la société dans le dépôt. Il n’y a aucune certitude sur le fait qu'une offre pourrait finalement être faite ». Les conditions dans lesquelles elle pourrait être stipulée sont tout aussi incertaines.
Présent dans 19 ports
Fondée en 2004, la société détient des concessions, notamment de croisière, dans 19 ports répartis dans 12 pays, totalisant un trafic de 1,3 millions de passagers, selon le dernier rapport d’activité disponible. Présente en Méditerranée dans huit ports, non des moindres pour la croisière et la plaisance – Barcelone, Malaga en Andalousie, Cagliari, Tarente, Venise en Italie, Catane en Sicile, La Goulette en Tunisie, Lisbonne et La Valette à Malte –, elle revendique une part de marché de 29 %. En Europe de l’Est, l’opérateur exploite Zadar en Croatie et Adria au Monténégro. Dans les Caraïbes, il est présent à Antigua et Nassau. Il a décroché récemment des concessions à Tarragone, en Espagne, et à Crotone, en Italie.
En plus d’être le premier client des chantiers navals actuellement et le principal acquéreur de navires de seconde main, le premier armateur mondial de porte-conteneurs cherche manifestement à placer ses profits dans des opérations de diversification. Fin mars, il est entré au capital de la compagnie de ferries Moby, qui chapeaute les marques Moby Lines, Tirrenia et Toremar. La famille Onorato Armatori, son propriétaire s’efforce depuis deux ans de trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer une dette de 500 M€, dont une partie liée à l’acquisition de l’ex-compagnie publique italienne Tirrenia.
Aux termes des négociations exclusives et de la consultation des instances représentatives du personnel, l’offre de MSC pour les activités portuaires africaines du groupe Bolloré a été acceptée fin mars sur la base d’une valeur d’entreprise de 5,7 Md€. Le leader mondial de la ligne régulière hérite ainsi d’un empire en Afrique, certes à prix élevé (Vincent Bolloré en espérait 2 à 3 Md€) : le groupe français a cédé 16 terminaux à conteneurs (4,83 MEVP, selon Bolloré) en Afrique centrale et de l’Ouest ; trois concessions ferroviaires (Camrail au Cameroun, Sitarail en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, Benirail au Bénin totalisant 2 700 km de voies ferrées) ; sept installations ro-ro et tout un ensemble d’entrepôts, de ports secs, d’agences maritimes… Au total, 35 ports secs et 280 entrepôts totalisant près d’un million de mètres carrés.
Le groupe de transport maritime italo-suisse s’est par ailleurs associé à la compagnie aérienne allemande Lufthansa pour prendre une participation majoritaire dans le capital d’ITA Airways, née sur les cendres d'Alitalia et détenue aujourd’hui par l'État italien. Ils ont face à eux un consortium dans lequel figure Air France KLM, dont CMA CGM est désormais le troisième actionnaire.
Adeline Descamps