En 2018, les importations mondiales de GNL ont atteint 313,8 Mt, soit 24 Mt de plus par rapport à l'année précédente, principalement apportés par l’accroissement des volumes de production de l'Australie, des États-Unis et de la Russie. La France détient depuis deux ans la plus grande part de marché en termes de volumes réexportés. Le taux d'affrètement moyen au comptant d'un méthanier a doublé entre 2017 et 2018.
Un jour parlera-t-on peut être de ces armateurs comme des pionniers ? Aujourd'hui, ils sont encore peu à croire dans le carburant (encore imparfait) dit de demain. Selon les dernières estimations d'Alpaliner, les navires utilisant le GNL comme combustible forment une clan à part, de 38 navires, dont 9 convertis, 1 en conversion et 28 en commande. Le tonnage alimenté au gaz naturel ne représentera donc au 1er janvier 2020 que 1 % de la flotte totale en unités et 2 % en capacités (0,42 MEVP). Les investissements de l'ordre de 25 à 30 M$ pour convertir ou construire un navire, les incertitudes pesant sur la fourniture et infrastructures d'avitaillement ne sont guère très incitatifs à ce jour.
Si les armateurs sont encore un peu seuls dans ces choix non sans risques, ils ne devraient plus l’être à moyen terme, selon les promoteurs de cette technologie, qui a la vertu d’offrir une transition énergétique traitant radicalement la grande problématique du shipping : les émissions de SOx (oxydes de soufre). Et si jusqu’à présent, le gaz naturel liquéfié ne répondait que partiellement aux ambitions de l'OMI de réduire de 50 % les émissions de CO2 d'ici 2050, les développements en cours, tant dans la technologique que dans la logistique de l’avitaillement, seraient en train de lever cette barrière, défendent quelques compagnies pétrolières, dont Total.
Le commerce de GNL se porte, lui, fort bien à en croire la revue 2019 du GIIGNL, groupement des importateurs de GNL. En 2018, les importations mondiales de GNL ont atteint 313,8 Mt, soit une croissance 8,3 % par rapport à l'année précédente (+ 24 Mt), principalement apportés par l’accroissement des volumes de production de l'Australie, des États-Unis et de la Russie. Avec le Cameroun qui a rejoint le cercle encore fermé, le nombre de pays exportateurs est désormais de 20 tandis que le Bangladesh et le Panama ont porté à 42 le nombre de pays importateurs.
21 Mt de nouvelle capacité de liquéfaction mise en service aux États-Unis en 2019
Huit nouveaux trains de liquéfaction ont été mis en service en 2018 : 3 en Australie (train 1 de Wheatstone et trains 1 et 2 d'Ichthys), 3 aux États-Unis (train 5 de Sabine Pass, train 1 de Cove Point et Corpus Christi) et 2 en Russie (train 2 et 3 de Yamal). Par ailleurs, une unité flottante de liquéfaction a été mise en service au Cameroun.
Si l'offre en provenance du bassin atlantique a été le principal contributeur à l'augmentation des volumes (+16,9 Mt) – et devrait encore l’être en 2019 puisque 21 Mt de nouvelle capacité de liquéfaction doivent être mises en service aux États-Unis –, le bassin du Pacifique reste la principale source d'approvisionnement en GNL avec 137,5 Mt et 43,8 % du marché mondial, suivi du Moyen-Orient (29,4 %) et du bassin atlantique (26,8 %)
Première région importatrice, l'Asie
En 2018, l'Asie a conforté sa position de première région importatrice (238,6 Mt) avec une part de 76 % des importations mondiales de GNL, contre 73 % en 2017. Le Japon est resté le premier pays importateur, avec 82,5 Mt, soit une part de marché de 26,3 %. Mais comme en 2017, la croissance des importations mondiales en 2018 a été tirée par les 2e et 3e importateurs mondiaux, la Chine et la Corée du Sud, qui à deux ont reçu 21 Mt de GNL de plus qu'en 2017. La politique chinoise de substitution du charbon par le gaz pour des raisons environnementales a stimulé la demande de GNL de 15 Mt (+38,4 % par rapport à 2017). En deux ans (2016-2018), les importations chinoises ont doublé. La Corée du Sud a enregistré une augmentation de 16,2 % des importations de GNL en raison de l'arrêt des centrales nucléaires pour maintenance et des restrictions sur l'utilisation des anciennes centrales au charbon au titre de la qualité de l'air.
Europe-Amériques-Moyen Orient
En Europe, les importations nettes de GNL (après déduction des transbordements) ont augmenté de 2,9 Mt (+6,4 %) pour atteindre 48,9 Mt. Les importations des Amériques sont restées globalement stables, terminant l'année en légère hausse (+ 2,5 %) par rapport à 2017. Les importations de GNL au Moyen-Orient ont de nouveau diminué en 2018, avec des livraisons en baisse de 42,,5 % (- 6,7 Mt) en raison de la disponibilité accrue des énergies renouvelables aux Émirats arabes unis et de la nouvelle production des champs gaziers récemment découverts en Égypte.
La France détient depuis deux ans la plus grande part de marché en termes de volumes réexportés
Les réexportations se sont redressées en 2018, atteignant 3,8 Mt globalement, soutenues par la production de Yamal. En 2018, 12 pays ont réexporté du GNL et autant ont reçu du GNL réexporté. L'Europe a représenté 77 % (2,9 Mt) de ces flux. Comme en 2017, la France détenait la plus grande part de marché (43 % ou 1,6 Mt), suivie de Singapour (15 %) et des Pays-Bas (14 %).
563 transporteurs de GNL
La flotte totale des transporteurs de GNL comptait 563 navires fin 2018 pour une capacité de 83,1 millions de m3. En 2018, le taux d'affrètement moyen au comptant d'un méthanier de 160 000 m3 s'est établi à 88 692 $/jour, soit presque le double de son niveau de 2017 (46 058 $/jour en moyenne). Au total, 57 navires ont été livrés en 2018 et 77 unités ont fait l'objet de commandes (19 en 2017). Le carnet de commandes des transporteurs de GNL comprenait 138 unités à fin 2018 (soit 25 % de la flotte de méthaniers) et 46 de ces navires devraient être livrés en 2019.
Adeline Descamps
Cet article fait partie d'une enquête :
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