Hapag-Lloyd envoie les premiers signaux de solidité

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Moody's suit les traces de S&P et relève la notation de crédit de Hapag-Lloyd à un niveau jamais atteint depuis qu’elle est analysée. La compagnie allemande vient de publier des chiffres préliminaires de son troisième trimestre, encore plus élevés qu’au deuxième. Elle envoie les premiers signaux positifs. L’ensemble du secteur devrait s’inscrire dans le même sillon.

« Les étoiles s'alignent pour le transport maritime par conteneurs : consolidation historique, gestion rationnelle de la capacité et rebond rapide de la demande après le blocage », résume David Kerstens, analyste de Jefferies, dans une de ses notes. 

Place à l’étape d’après : amélioration de la structure bilan des compagnies, voire refinancement de la dette (CMA CGM). La semaine dernière, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) avait relevé la note de crédit de Hapag-Lloyd de B+ à BB- avec une perspective positive. Moody's suit et relève sa notation de crédit du transporteur public allemand. Le bureau de notation de crédit fait passer la note de Hapag-Lloyd de B1 avec une perspective négative à Ba3 avec une perspective stable.

C'est le niveau le plus élevé que Moody's a attribué à Hapag-Lloyd depuis que la société a commencé à évaluer la compagnie maritime en 2010, écrit Hapag-Lloyd dans un communiqué de presse. En outre, la note des obligations non garanties de premier rang a été relevée de B3 à B2. Plusieurs compagnies de la ligne régulière – Maersk, CMA CGM – ont bénéficié des revoyures des agences de notations « grâce à des résultats très solides et meilleurs que prévu dans le contexte de la pandémie ». 
 

La note de crédit de CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd revisitée

« Moody's ainsi que S&P ont reconnu nos efforts à long terme pour améliorer la structure de notre bilan grâce à des améliorations opérationnelles continues et à une politique financière prudente axée sur le désendettement et la liquidité. À l'avenir, nous nous engageons à améliorer encore davantage notre profil financier. En mettant en œuvre notre stratégie 2023, nous pourrons atteindre cet objectif », a déclaré Mark Frese, directeur financier de Hapag-Lloyd, cité dans le communiqué de presse. En avril, la société hambourgeoise faisait état d’une perte de revenus d'environ 200 M$ d'un mois à l'autre après avoir vu s’évaporer 20 % de son volume.

 

Conteneurs : l'affaire transpacifique

Pris par surprise 

Dans un point presse, Rolf Habben Jansen, le PDG de Hapag-Lloyd, devait reconnaître : « Personne n'aurait pu s'attendre à ce que la demande soit aussi forte aujourd'hui. Le trafic transpacifique est bien supérieur à ce qu'il était il y a un an. » Le dirigeant envisageait une baisse à deux chiffres du volume. Il tient des propos assez similaires à ses homologues du marché du conteneur. Ils ont tellement été pris par surprise que les transporteurs ont dû, dans la précipitation, restaurer des services qu’ils avaient supprimés pour s’ajuster à une demande qu’ils anticipaient faible.

Or la demande, en amont de la Golden Week, fête nationale en Chine, a été exceptionnellement forte. En conséquence, les taux sur le transpacifique sont à leur plus haut niveau et cela fait deux mois qu’ils grimpent. S’ils se stabilisent désormais, ils restent à des niveaux exceptionnellement élevés. Le Freightos Baltic Daily Index a évalué cette semaine à 3 841 $ le prix d’un conteneur équivalent vingt pied entre la Chine et la côte ouest américaine. L'indice du fret conteneurisé de Shanghai (SCFI) estime le Shanghai-Los Angeles à 3 848 $ par EVP. 

La fièvre a depuis gagné l’Amérique du sud : « L'évolution est encore plus spectaculaire entre Shanghai et Santos [Brésil] », relevait dernièrement Alphaliner. « Une demande de fret étonnamment élevée a également fait augmenter les taux de fret sur d'autres routes Nord-Sud, notamment entre Shanghai et Durban, en Afrique du Sud, et Lagos, au Nigeria. » Ainsi, selon le SCFI, les tarifs de Shanghai à Santos se fixaient à 3 952 S/EVP cette semaine, soit sept fois plus qu'à la fin du mois d'août.

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Bénéfice de 350 M$

Le patron d’Hapag-Lloyd indique que les blank sailing sont désormais proches de zéro sur le transpacifique. La capacité était même, en septembre, supérieure de 11,6 % par rapport à son niveau il y a un an. « Pour l'instant, les experts s'attendent à ce que la demande reste forte au moins jusqu'au Nouvel An chinois, mais beaucoup pensent aussi qu'elle durera car les stocks sont assez bas sur de nombreux marchés », indique-t-il. « Comme les Américains dépensent moins pour les restaurants, les voyages, les vacances, ils compensent en s’équipant pour la maison, des produits qui dans de nombreux cas viennent de l'étranger et doivent être transportées par conteneurs », estime-t-il.

Après avoir engrangé un bénéfice net de 245 M€ au deuxième trimestre, Hapag-Lloyd vient de publier des chiffres préliminaires pour le troisième (le détail sera publié le 13 novembre) : le bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit) devrait être proche de 350 M€ (2019 : 253 M€). Le résultat avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda) avoisinerait les 650 M€ (2019 : 554 M€). Et ce, avec des volumes inférieurs de 3 % à ceux de l'année précédente, mais bien meilleurs que ce qui était prévu il y a quelques mois. Hapag-Lloyd révise de fait ses objectifs et s’attend à un Ebit de 1,1 à 1,3 M€ et un Ebitda de 2,4 à 2,6 Md€.

« Grâce à l'évolution positive du marché et aux mesures de réduction des coûts que nous avons prises ces derniers mois, nous prévoyons un exercice financier dont les résultats seront bien supérieurs à nos prévisions précédentes », commente dans le communiqué Rolf Habben Jansen.

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Premiers signaux forts

Hapag-Lloyd envoie les premiers signaux de la solidité des bénéfices du troisième trimestre que vont sans doute enregistrer les transporteurs de la ligne régulière. En début de semaine, le leader mondial du marché, Maersk, a indiqué que l’Ebitda du troisième trimestre s'élèvera à 2,4 Md$, hors charges de restructuration, soit 20 % de plus que l'estimation du consensus financier. La compagnie a ainsi revu à la hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année, passant de 6-7 à 7,5 à 8 Md$.

Lors du point presse, le directeur général de Hapag-Lloyd confiait toutefois : « Je ne m'emporte pas. Toute cette pandémie aura un effet évident sur l'économie mondiale. »

Adeline Descamps

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