La note de crédit de CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd revisitée

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Retour à des perspectives positives. Après avoir assisté à la dégradation, semestre après semestre, de leur notation par les grandes agences internationales, les armateurs voient leur situation reconsidérée. Nouvel indicateur de la très bonne performance du transport maritime au cours des six premiers mois de cette année.

Fallait-il une manifestation supplémentaire de la bonne tenue financière de la ligne régulière conteneurisée ? La discipline observée dans la gestion de l’offre et de la demande a ouvert la voie aux bénéfices pour la plupart des grands opérateurs. Tour à tour, les grandes agences de notation internationales confirment la thèse.

« Le marché du transport maritime de conteneurs s'est très bien comporté dans le contexte de la pandémie, les transporteurs ayant ajusté la capacité à la baisse de la demande au cours du premier semestre 2020 », affirme Moody's, qui a fait passer les perspectives de Maersk de négatives à positives tandis que la notation à long terme est maintenue.

L’agence de notation laisse entendre que le second semestre sera encore meilleur. « Les volumes au cours du troisième trimestre ont été plus importants que prévu. Les taux de fret ressortent plus élevés encore qu'au début de l'année. Compte tenu du comportement actuel du secteur, des coûts de soute toujours bas, des taux de fret relativement élevés et de forts volumes, nous estimons que le second semestre sera encore meilleur en termes de performance opérationnelle. »

Hapag-LLoyd de B+ à BB-

Standard & Poor's a pour sa part relevé de B+ à BB- la note de crédit de la compagnie allemande Hapag-Lloyd. L’une des quatre principales sociétés de notation financière souligne sa gestion rigoureuse des coûts et sa capacité à réduire davantage la dette, ses faibles besoins d'investissement offrant une grande marge de manœuvre financière pour compenser une éventuelle sous-performance opérationnelle ou parer à des imprévus.

« La pandémie et la récession économique qui en a résulté ont eu un impact moins grave que prévu sur le commerce mondial », justifie S&P, qui en veut pour preuve, comme son concurrent, les rapports semestriels des principales compagnies de transport par conteneurs. « Ils dénotent une reprise de la demande plus forte qu’estimé initialement et des taux de fret plus élevés. »

Le bureau de notation appréhende aussi le reste de l’année avec optimisme au regard de la « forte utilisation de la capacité des porte-conteneurs » et des coûts du bunker qui devraient rester contenus. Sur cette base, S&P s'attend désormais à une baisse des volumes de fret de 5 à 10 % en 2020, alors que les prévisions précédentes anticipaient un repli de 15 %.

L’analyste parie aussi sur la modération « dans la capacité de transport par conteneurs au cours des prochains trimestres, ce qui est particulièrement important en période de faible demande ». Il s’appuie pour cela sur l’orthodoxie budgétaire dans les commandes. Les armateurs s’astreignent à une diète d’EVP. « Le carnet de commandes de porte-conteneurs a atteint un niveau historiquement bas, puisqu'il correspond actuellement à 9 % de la flotte mondiale. » Cela devrait donc se traduire par une meilleure utilisation des capacités et des taux de fret plus sains, espèrent les analystes financiers.

En revanche, les compagnies asiatiques se sont moins bien comportés, NYK et MOL ont vu leur notation baisser au cours du second semestre pour passer à Ba2 et Ba3 respectivement. 

CMA CGM, dans la sphère positive

S&P avait par ailleurs revu, vendredi dernier, la situation de l’armateur français, en améliorant ses perspectives à long terme, la note de crédit changeant de territoire, de négatif à positif. La notation de la dette de CMA CGM n'est toutefois pas modifiée et restera à B+, a indiqué S&P. L’agence de crédit estime que l’armateur français dégagera en 2020 un résultat d'exploitation (Ebitda) « sensiblement plus élevé » que prévu.

Même causes, même conséquences que ses concurrents : la chute moindre, néanmoins avérée, des volumes d'échanges mondiaux et le strict contrôle de la capacité mise sur le marché ont un eu effet salvateur pour les taux de fret. La compagnie française a de facto amélioré son cash-flow qui, comparé à la réduction de la dette de la compagnie, permet « une évaluation de crédit renforcée », assure S&P.

La compagnie française de transport par conteneurs a réalisé un résultat d'exploitation de 1,2 Md$ au deuxième trimestre 2020, soit une amélioration de 26 % par rapport à la même période l'année dernière. L’Ebitda de Hapag-Lloyd est passé de 956 M€ à 1,16 Md€ tandis que le leader mondial danois Maersk a revu à la hausse ses prévisions, anticipant désormais un bénéfice d'exploitation dans une fourchette comprise entre 6 et 7 Md$ en 2020 contre 5,5 Md$ envisagé avant que n’émerge le virus, cause de tous les maux, à quelques exceptions près donc…

Adeline Descamps

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