Le leader mondial du transport maritime de conteneurs a annoncé la suppression de 2 000 postes dans le cadre d’une restructuration interne à grande échelle mais revoit à la hausse ses prévisions de bénéfices pour l'année 2020. Les volumes ont rebondi plus vite que prévu. Les coûts sont sous contrôle. Les taux de fret sont portés par la forte demande, indique le danois.
L’annonce ne peut pas étonner. Un courrier interne, malencontreusement éventé par la presse, avait donné un avant-goût le 1er septembre de ce qui se profilait dans les enceintes du leader mondial du transport maritime par conteneurs. Dans le cadre de la vaste refonte de son organisation, le transporteur allait diffcilement pouvoir amortir les répercussions sur les emplois. « La simplification de l’organisation aura malheureusement un impact sur les emplois en raison des doublons et des rôles qui ne seront plus nécessaires », indiquait le directeur commercial Vincent Clerc dans cette note interne vue par Reuters. 25 à 27 000 emplois sur les 80 000 que compte le groupe danois devraient être de près ou de loin touchés par cette restructuration interne à grande échelle.
Dans un avis à la bourse, Maersk a précisé les choses. « A.P. Moller - Maersk prévoit une charge de restructuration d'environ 100 M$ au troisième trimestre 2020, liée à un plan social touchant 2 000 employés », indique le groupe danois, sans toutefois préciser les fonctions ou divisions touchées par les impacts sur l’emploi. Les suppressions de postes s’inscrivent dans le cadre des réorganisations dites stratégiques, concernant principalement la division Ocean (transport maritime et quelques terminaux portuaires stratégiques) et le secteur logistique.
Maersk : une réorganisation à grande échelle ?
Rationalisation
Dans le cadre de ce remaniement, Damco et Safmarine vont être intégrés à Maersk et leurs marques disparaîtront progressivement d’ici la fin de l’année. Il y a deux ans, dans une opération similaire, une grande partie de Damco avait été intégrée à la compagnie maritime. Les produits Air & LCL de la société de logistique Damco seront intégrés à l'activité logistique de Maersk. Quant à Safmarine, concentrée sur l'Afrique du Sud, elle fait partie du groupe Maersk depuis 1999, mais opérait sous son propre nom.
L’organisation d'Ocean sera en outre simplifiée. À cet égard, la compagnie allemande Hamburg Süd, que Maersk a filialisée en 2016, continuera d’opérer sous sa marque mais il est question d’intégrer le back office « pour avoir des équipes plus centrées sur le client ». Hamburg Süd emploie 4 500 personnes, Damco et Safmarine 2 300 et 1 200 personnes respectivement.
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Quatrième trimestre solide
Dans le même temps, l’entreprise a communiqué sur les perspectives d’un quatrième trimestre plus solide que jamais si bien qu’elle est en mesure de revoir à la hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année. « Les volumes ont rebondi plus vite que prévu, nos coûts sont restés bien sous contrôle, les taux de fret ont augmenté en raison de la forte demande et nous augmentons rapidement les bénéfices de la division Logistique et services. Nous sommes donc en mesure de revoir à la hausse nos attentes pour l'ensemble de l'année », déclare Søren Skou. Le PDG de Maersk prévoit désormais un résultat d’exploitation de 7,5 à 8 Md$ pour l’année, avant coûts de restructuration et d'intégration, contre 6 à 7 milliards initialement prévus.
Le groupe informe également que son chiffre d'affaires et son bénéfice d'exploitation s'élèvent respectivement à 9 Md€ et 2,4 Md$ pour le troisième trimestre bien que les flux transportés soient en baisse de 3 % par rapport à l'année précédente, « ce qui est légèrement mieux que la contraction prévue ».
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Prudence
Søren Skou reste néanmoins sur ses gardes. « Les perspectives pour 2021 restent incertaines. L'impact positif des plans de relance pourrait être moins fort en 2021 ». De nouveaux confinements, le calendrier et l'efficacité d'un vaccin potentiel influenceront le cours des choses, signifie-t-il.
Adeline Descamps