Le numéro 4 mondial du transport maritime de conteneurs profite de la vigueur des marchés maritimes pour émettre un nouvel emprunt obligataire d'environ 525 M€, qui se substituera à d'autres dettes arrivant à échéance en janvier 2021.
Le 15 janvier prochain marque l’échéance de la dette obligataire existante de CMA CGM. L’armateur français, avec l'aide de banques internationales dont BNP Paribas et HSBC Holdings, va lancer un nouvel emprunt obligataire d’une valeur de 525 M€. Le nouveau prêt consiste en des obligations dites de premier rang non garanties, dont l'échéance est fixée à 2026. Une présentation « virtuelle » doit avoir lieu cette semaine et la fixation des prix déterminée dans tous les prochains jours.
Le moment est opportun pour refinancer de la dette et l’armateur est opportuniste, signifie le cabinet d'analystes Alphaliner, soulignant que « CMA CGM a bénéficié des retards liés au Covid, avec des taux de fret maintenant plus élevés - et des prix du carburant plus bas - que lorsque la société a envisagé de refinancer la dette au début de l'année. » Moody's estime même que 870 M$ de dette due au cours de l'année prochaine par les compagnies maritimes pourraient être remboursés avec les flux de trésorerie actuels.
La note de crédit de CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd revisitée
Situation financière plus confortable
CMA CGM est en effet dans une position financière plus solide. Standard & Poor's a récemment modifié sa notation sur le crédit de la société, passant de négative à positive. La notation de la dette de CMA CGM n'est toutefois pas modifiée et restera à B+, a indiqué S&P.
Même causes, même conséquences que pour ses concurrents, qui ont également vu leurs perspectives à long terme requalifiées par les agences de notation : la chute moindre que prévu des volumes d'échanges mondiaux et le strict contrôle de la capacité mise sur le marché ont un eu effet salvateur pour les taux de fret. La compagnie française a de facto amélioré son cash-flow qui, comparé à la réduction de la dette de la compagnie, permet « une évaluation de crédit renforcée », explique l’agence de notation.
CMA CGM obtient un prêt garanti par l'État de 1,05 Md€
La compagnie française de transport par conteneurs a réalisé un résultat d'exploitation de 1,2 Md$ au deuxième trimestre 2020, soit une amélioration de 26 % par rapport à la même période de l'année dernière et un résultat net de 136 M$ pour le deuxième trimestre (y compris CEVA Logistics) contre une perte de 109 M$ l'année précédente.
L'amélioration de ses résultats a fait grimper le prix de l'emprunt obligataire actuel de CMA CGM au plus haut niveau des 52 dernières semaines, après avoir atteint un plus bas annuel de 70,76 € en mars. La valeur s’est nettement améliorée après que la société ait obtenu un prêt de 1,05 Md€ garanti par l'État français. Le prêt arrive à échéance dans un an, mais peut être prolongé de cinq ans au maximum.
Cosco et CMA CGM, les grands gagnants de la flambée des taux de fret
Taux de fret, alpha et oméga
Dans une de ses publications, Alphaliner avait aussi fait observer que la flambée des taux de fret actuels sur les routes transpacifiques profitent a fortiori à CMA CGM dans la mesure où il est un des opérateurs historiques du marché après avoir hérité du spécialiste du marché américain APL, dont le siège était à Oakland. Le géant chinois du transport maritime Cosco et l’armateur tricolore, du reste partenaires au sein de l’alliance Ocean, y déploient près de 25 % de leurs capacités : Cosco/OOCL avec une moyenne hebdomadaire de 89 050 EVP et CMA CGM de 74 200 EVP.
Les transporteurs ont encaissé le 30 septembre leur huitième semaine consécutive de taux de fret à un niveau exceptionnellement élevé. Selon le Shanghai Containerized Freight Index (SCFI), le taux spot moyen entre Shanghai et Los Angeles s’élevait alors à 3 863 $/EVP tandis qu’entre Shanghai et New York, ils se stabilisaient à 4 622 $/EVP. Le phénomène est tellement flagrant que le ministère chinois des Transports a invité, avec fermeté, les transporteurs à modérer leurs ardeurs sur l’augmentation des GRI.
Adeline Descamps