Les ports nord-européens ont encore perdu du terrain au premier semestre 2023. Le trafic conteneurisé a chuté de 12 % en moyenne sur l’ensemble du range Nord.
Les flux de conteneurs traités à Rotterdam (6,7 MEVP) ont chuté de manière significative (- 8,1 % par rapport à la même période de l'année précédente) et voisinent désormais à des niveaux observés pour la dernière fois il y a six ans.
En cause, la baisse des importations d'Asie et le manque à gagner des trafics à destination et en provenance de la Russie. Cette baisse n'a été que partiellement compensée par le retour des marchandises générales, les chargeurs cherchant à tirer parti des taux de fret plus bas.
Anvers-Bruges a également glissé (- 5,2 % par rapport au premier semestre 2022), avec 6,4 MEVP. Sans la fusion, les baisses relatives auraient pu être encore plus importantes. En revanche, le port belge a augmenté sa part de marché dans la rangée Hambourg-Le Havre entre janvier et mars.
À Hambourg, troisième port à conteneurs européen, que ce soit en tonnage (38,7 Mt, - 10,8 %) ou en nombre de conteneurs (3,8 MEVP, - 11,7 %), la baisse est encore plus importante. Sur le range Nord, seuls les ports de Bremerhaven et du Havre affichent des pertes de trafic comparables.
Révélateur, le manutentionnaire allemand, HHLA, a récemment revu à la baisse ses prévisions d'Ebit de 30 % et a mis en garde contre une « baisse significative » des volumes en 2023.
En 2022, les trois premiers ports européens avaient contenu la chute de leurs trafics conteneurisés autour de 5,5 %.
Au Sud, Algésiras est le seul qui se maintienne à flot
Barcelone et Valence sont aussi à la peine. Le port catalan a totalisé 1,6 MEVP sur l'ensemble du semestre, en baisse de 10,9 %, et le trafic du deuxième port espagnol, tous trafics confondus, s'est établi à 2,3 MEVP, en diminution de 10,8 %.
Algésiras a clôturé les sept premiers mois de l'année 2023 en baisse de 3,4 % par rapport à la même période de l'année précédente, à 61,2 Mt dont 32,8 Mt (2,7 MEVP) correspondent à des marchandises conteneurisées, soit 0,7 % de moins, a indiqué l'Autorité portuaire. La hausse (16,2 %) des conteneurs pleins à l'import permet cette « performance » par rapport aux autres ports européens.
Le port andalou a souffert ces deux dernières années (- 6 et – 1 %) du fait de la redoutable concurrence dans le transbordement de Tanger, son voisin de l'autre côté du détroit de Gibraltar. Avec ses 7,6 MEVP, le port marocain a littéralement cloué sur place en 2022 le port andalou (4,76 MEVP en 2022).
Les trois ports espagnols avaient décroché de 4 % en 2022, totalisant 13,36 MEVP (selon Dynamar).
Le Havre et Marseille échappent-ils à la descente en piqué ?
Au Havre, le segment des conteneurs a également été à la peine durant le premier semestre, avec seulement 1,25 MEVP manutentionnés sur les quais contre 1,485 MEVP au premier semestre 2022. Une perte de trafic de 15,8 % en unités et de 16,7 % en tonnage (11,77 Mt)
En plus de la conjoncture économique défavorable, les mouvements sociaux dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites ne sont pas étrangers à cette contre-performance.
Même cause, mêmes effets : - 15 %. Marseille-Fos a vu passer son trafic conteneurisé à moins de 700 000 EVP au premier semestre 2023, contre 800 000 EVP en 2022. Après des hausses de 21 % au premier semestre 2021 et de 5 % en 2022, il s’agit d’un retour au niveau de volumes traités au premier semestre 2019. La fiabilité sociale, le sparadrap des ports français, pourrait-elle redevenir un sujet ?
Adeline Descamps