Le vrac sec est aux aguets face à El Niño

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El Niño, couplé au réchauffement climatique, met le secteur du vrac sec en alerte tandis que les climatologues tirent toutes les sonnettes d’alarme. Enjeu : la saison céréalière en cours dans plusieurs régions du monde.

El Niño. Le phénomène, qui se manifeste tous les deux à sept ans, peut durer de neuf à vingt-quatre mois et se caractérise par des températures plus élevées à la surface de l'océan Pacifique, fait son retour en force et pourrait même être historique, prédisent les climatologues.

Ses manifestations – précipitations extrêmes ou une sécheresse intense –, sont d’autant plus redoutées que l’effet combiné avec le réchauffement de la planète pourrait faire monter encore plus le mercure.

En janvier dernier, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué qu’il pourrait donner lieu à la période la plus chaude jamais connue sur Terre entre 2023 et 2027.

Après une année historiquement rentable

Le ministère australien de l'Agriculture, de la Pêche et des Forêts (DAFF), pays source pour de nombreux matières premières, a d’ores et déjà prévu une baisse de 34 % de la production de cultures d'hiver du pays, à 44,9 Mt, celle du blé particulièrement impacté, en baisse de 34 % à 26,2 Mt pour la saison 2023/2024.

Cette baisse intervient après une année historique en termes de rentabilité, la valeur de la production et des exportations de blé ayant atteint les records de 15 et 14,2 Md$, respectivement.

L'Australie exporte principalement des céréales vers l'Asie, la moitié de ses exportations étant déchargée en Asie du Sud-Ouest, notamment en Indonésie, au Vietnam et aux Philippines. Ces dernières années, le pays a considérablement augmenté ses exportations vers la Chine. « En 2022, 4,7 Mt de blé ont été expédiés vers la Chine, alors que depuis le début de l'année, le volume s'élève déjà à 3,4 Mt, soit 72 % des volumes de l'année dernière, à six mois de l'échéance », relève le courtier Intermodal dans sa dernière note.

Production en hausse en Union européenne

Parmi les grands acteurs du marché du blé, la production devrait augmenter aux États-Unis (45,32 Mt, légèrement supérieure aux 44,90 Mt de la précédente saison. Les précipitations inférieures à la moyenne et des vents violents ont néanmoins exacerbé les conditions de sécheresse dans une grande partie de la région des Hautes Plaines, du Dakota du Nord, principal producteur de blé de printemps, au Kansas, le plus grand État producteur de blé d'hiver, selon le rapport de l'U.S. Drought Monitor (Observatoire américain de la sécheresse).

Avec 140,5 Mt pour la campagne 2023/24 (contre 134,34 mt en 2022/23), l'Union européenne devrait aussi connaître une belle saison.

Les défaillances de la production australienne affecteront en premier lieu la Chine, son plus grand client, mais profiteront au Canada, à la France et aux États-Unis et à la croissance des tonnes-miles et ce faisant, à une hausse de la demande de vraquiers, indique encore Intermodal.

Menace sur le maïs et le soja

Le blé n’est pas la seule matière agricole impactée par toutes les formes de sécheresse. Le Midwest américain, ceinture agricole du continent nord-américain, est en train de vivre son plus grave épisode depuis 2012. Le manque de pluie menace les cultures de maïs et de soja nouvellement semées, ont indiqué les climatologues dans un rapport hebdomadaire.

Des prix qui grimpent

Les inquiétudes suscitées par le début de la saison des cultures d'été aux États-Unis ont fait grimper les prix du maïs du Chicago Board of Trade (Cv1) à des niveaux record de plus de 8 $ le boisseau et du soja à des sommets plurimensuels.

Selon l'USDA, 64 % des surfaces de production de maïs et 57 % des surfaces de soja ont été touchées par la sécheresse la semaine dernière contre 57 % pour le maïs et 51 % pour le soja la semaine précédente.

En réponse à une sécheresse historique qui a gravement affecté sa récolte, l'Argentine est devenue la deuxième destination principale du soja brésilien au cours des cinq premiers mois de 2023.

Le troisième producteur mondial de soja derrière le Brésil et les États-Unis, qui a vu sa récolte diminuer de 43 % pour atteindre 25 Mt en 2022/23 selon l’USDA, a importé de chez son voisin 1,92 Mt entre janvier et mai dont 978 500 rien que sur le mois de mai.

En conséquence, S&P Global Commodity Insights a réduit ses prévisions quant aux importations de soja par cette réserve mondiale de matières premières premières et ressources naturelles.

Adeline Descamps

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