L’Europe, frappée par les fortes chaleurs, se prépare à entrer dans la torpeur estivale, mais ses dirigeants redoublent d’énergie. Berlin a de nouveau accusé le 20 juillet la Russie de militariser l’approvisionnement en gaz. Moscou maintient toujours sa version des faits pour justifier les baisses de livraison de gaz vers l'Europe et évoque une problématique de livraison avec une turbine défectueuse sur le gazoduc Nord Stream 1.
En maintenance depuis quelques jours, celle-ci programmée, le gazoduc doit de nouveau entrer en fonctionnement ce 21 juillet mais le calendrier dépend de l’arrivée de la turbine Siemens à remplacer qui a été envoyée au Canada pour réparation dans une usine du groupe allemand. À l'arrêt depuis dix jours, le gazoduc dont dépend plusieurs pays dont l’Allemagne, ne livre plus qu'à 40 % de ses capacités depuis mi-juin.
Sans la turbine manquante, le gazoduc ne fonctionnera qu’à 20 % de sa capacité dès la semaine prochaine, selon le Kremlin, qui a annoncé en outre qu’une seconde turbine doit à son tour faire l'objet d'une maintenance fin juillet. Le président russe Poutine a pour sa part accusé le Canada d'avoir tardé à restituer l’équipement pour mieux vendre ses propres hydrocarbures à l'Europe.
Différends maritimes
C’est dans ce contexte tendu qu’intervient l’annonce par la Turquie d’une nouvelle phase d'exploration gazière en août en Méditerranée orientale. « Le début des activités de notre nouveau navire de sondage en Méditerranée est envisagé le mois prochain », a déclaré le vice-président turc Fuat Oktay lors d'un discours dans l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN).
Il y a deux ans, en plein année épidémie, Athènes et Ankara se sont vivement affrontés dans la région après le déploiement par la Turquie de bateaux sismiques, escortés par des navires de guerre, pour procéder à des explorations en Méditerranée orientale, une zone potentiellement riche en gaz naturel. Les tensions se sont ensuite apaisées mais le différend maritime est une longue histoire entre les deux pays ressurgit rapidement.
La Turquie conteste les frontières maritimes en Méditerranée avec la Grèce et Chypre, fixées après le démantèlement de l'Empire ottoman. Ankara s'oppose par ailleurs aux explorations de gaz par Chypre, estimant que le gouvernement chypriote n'a pas le droit de les mener sans l'accord des Chypriotes turcs.
Pour rappel, l'armée turque a envahi en 1974 Chypre en réaction à un coup d'État de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher l'île à la Grèce. Elle occupe depuis le tiers nord de Chypre, autoproclamée en 1983 République turque de Chypre-Nord (RTCN), que seule reconnaît Ankara.
A.D.