Son arrivée au Havre est prévue ce vendredi 16 septembre selon les données de suivi des navires, à quelques heures près. Le FSRU Cape Ann, affrété par TotalEnergies auprès de l’armateur norvégien Hoegh LNG, a chargé son GNL au large de Gibraltar le 12 septembre par le biais d'une opération de navire à navire (avec le Seapeak Arwa). Le GNL a été fourni par le complexe Hammerfest LNG d'Equinor en Norvège, dans lequel TotalEnergies détient une participation.
Une fois arrivé dans le port normand, le navire long de 283 m sera amarré au quai de Bougainville Sud, en continuité de l’actuel terminal roulier.
TotalEnergies LNG Services France (TELSF), opérateur de l’installation, travaillera ensuite à sa mise en service pour qu’elle soit opérationnelle dès la fin du mois.
Plusieurs premières
Le méthanier, détenu par Hoegh LNG Partners et l’armateur japonais MOL (50/48,5 %) aux côtés de Tokyo LNG Tanker, cumule plusieurs premières.
Il sera le premier terminal d'importation de GNL non terrestre, basé sur une unité flottante de regazéification alors que la France s'approvisionnait jusqu'alors en gaz naturel liiquéfié via ses quatre terminaux méthaniers opérés par Elengy (deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir-de-Bretagne, et un à Dunkerque) consolidant une capacité d'environ 26,8 Mt par an.
Le Cape Ann, méthanier de 145 130 m3, enregistré jusqu'à présent sous un registre norvégien, sera le premier FSRU sous pavillon français Rif. Une filiale française – Höegh LNG Le Havre –, a été créée pour recruter des marins français.
Capacité de regazéification d'environ 5 milliards de m3 par an
Il permettra au pays d'augmenter sa capacité de regazéification d'environ 5 milliards de m3 par an, tandis que TotalEnergies prévoit de réserver environ 50 % de cette capacité.
Le gaz sera en grande partie d'origine américaine, désormais le premier fournisseur européen. GRTgaz a la charge du gazoduc de raccordement au réseau de transport de gaz.
Recours contre le cadre réglementaire dérogatoire
Avec ce projet, qui pourrait représenter un trafic de 5 Mt de GNL par an, le port du Havre retrouve une activité dont il a été un pionnier avec l’accueil, dès 1965, du tout premier terminal méthanier construit en Europe continentale. Il aura réceptionné du GNL pendant près de 25 ans, jusqu’en 1989.
Pour autant, l'arrivée du méthanier a été précédé par plusieurs recours, sa raison d'être et son cadre réglementaire dérogatoire contestés.
Le cadre réglementaire des FSRU, qui stocke et regazéifie le GNL, transbordé depuis un méthanier pour ensuite livrer du gaz naturel haute pression à terre, déroge au cadre général s’appliquant aux installations terrestres, elles assujetties à la directive Seveso seuil haut.
Dans un arrêt en date du 19 janvier, le tribunal administratif de Rouen – institué par le décret ministériel du 29 septembre 2022 comme unique instance pour statuer sur les recours –, a rejeté les deux référés déposés le 13 janvier par Europe écologie-Les Verts (EELV) Le Havre et Normandie.
Une cinquantaine de FSRU sont en opération dans le monde depuis deux décennies.
Appel d'offres
Une nouvelle période d'ouverture de marché a débuté fin août pour commercialiser les capacités disponibles de janvier 2024 à septembre 2028.
Le test de marché, réalisé en février via un appel à manifestation d'intérêt pour une capacité maximale de 2,5 milliards de m3 par an pendant une période de cinq ans, avait été un succès franc.
TotalEnergies Green Gases and LNG s’était vu débordé par les acheteurs qui ont exprimé une demande consolidant 12 milliards de m3 par an.
Adeline Descamps